Sensô - La croix grise Vol.1 - Actualité manga
Sensô - La croix grise Vol.1 - Manga

Sensô - La croix grise Vol.1 : Critiques

Akai Kutsu wa Ita

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 12 Octobre 2018

Le catalogue des éditions Black Box continue de s'étendre en accueillant un nouvel auteur: Tetsuo Aoki. Né en 1957, celui-ci a démarré sa carrière au tout début des années 1980, en empochant au passage le grand prix du meilleur jeune auteur des éditions Shôgakukan. Depuis, il a signé plusieurs oeuvres, dont celle qui nous intéresse aujourd'hui: Sensô - La Croix Grise, un manga en deux tomes conçu en 1991 et qui se place en témoin de certaines errances de la 2nde Guerre mondiale.


Si ce conflit, qui a tant marqué le Japon, a déjà été au coeur d'un très grand nombre de mangas, l'oeuvre d'Aoki pourrait tout de même facilement trouver sa place dans le coeur de ses lecteurs, de par le fait qu'il s'agit en réalité d'une succession d'histoires différentes se passant au moment de la guerre, et que ces histoires prennent toujours pour personnages centraux de simples civils, loin des habituels héros.


Sont donc au programme de ce premier tome de 280 pages, trois nouvelles nous plongeant dans des contextes différents. Tout d'abord, la confrontation au conflit d'un enfant citadin moqué pour sa passion des insectes. Ensuite, la tentative désespérée des jeunes membres d'une même famille pour se retrouver et survivre au coeur du conflit à Okinawa. Enfin, dans les années 90, les souvenirs d'un vieux professeur donnant des conférences sur la guerre, et se remémorant le profond drame familial que fut la perte de sa petite fille et de son épouse en août 1945 à Hiroshima...


"Avez-vous déjà essayé d'imaginer ce à quoi l'enfer pourrait ressembler ?"


Il faut d'abord souligner la diversité que propose l'auteur pour ses histoires, chacune d'entre elles nous proposant un contexte assez différent qui permet d'évoquer divers aspects et contextes de la guerre plus ou moins connus. Par exemple, si la dernière histoire nous plonge à nouveau au plus près du drame nucléaire de Hiroshima, elle le fait de façon intéressante en abordant certaines errances du gouvernement japonais, comme le refus des accords de Postdam qui a conduit au drame. La deuxième histoire, elle, permet de mieux se rendre compte de certains aspects du conflit du côté d'Okinawa, par exemple.


Ensuite, il est évident que l'un des aspects marquants de la lecture est son aspect sans concession: Aoki n'hésite pas du tout à mettre en avant des images très dures, des morts brutales touchant autant les adultes que les enfants (voire encore plus les enfants), et dans ces passages il adopte volontiers un rendu assez violent afin de faire ressortir toute l'horreur de la situation et marquer la rétine de son lecteur. Ainsi, c'est par le choc que le mangaka nous rappelle à quel point le conflit, comme beaucoup de guerres, a été horrible, humain, en n'épargnant absolument personne, et certainement pas les civils qui sont les principaux personnages de son oeuvre. Le résultat est d'autant plus dur, marquant ou poignant que l'auteur, à chaque fois, prend un peu le temps de bien nous faire ressentir le quotidien classique et parfois joyeux de ses personnages avant que le pire ne s'abatte.


A l'instar d'oeuvres comme Le Tombeau des Lucioles, Dans un recoin de ce monde, Gen d'Hiroshima, La Fillette au Drapeau blanc ou encore Plus haut que le ciel, La Croix Grise est une oeuvre de guerre qui parvient à toucher dans sa manière de mettre en avant les civils, premières victimes du conflit. Et Tetsuo Aoki fait cela avec une grande dureté, un aspect dramatique qui ne concède rien, tout en évoquant différents aspects du conflit, et en nous rappelant avec impact de ne jamais oublier les horreurs de la guerre (la façon dont le vieil homme de la 3e histoire se remémore le passé et a le désir de transmettre aux nouvelles générations cela en est un bon exemple).


L'édition française est plutôt satisfaisante. La couverture a quelque chose de peut-être un peu trop austère dans ses couleurs et son logo-titre, en revanche à l'intérieur c'est quasiment du tout bon. Le papier est souple et sans transparence, la traduction est très claire et ponctuée de plusieurs notes très utiles pour mieux contextualiser les choses, le lettrage est suffisamment soigné... On appréciera surtout les 12 pages de suppléments, revenant sur différents aspects du conflit de façon très intéressante.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs