Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 13 Mars 2025
Yoshihisa Inoue a beau être un auteur de hentai prolifique depuis près de 25 ans (il a débuté en 2001), il n'avait, jusqu'à ce début d'année 2025, jamais été publié en France. Un mal qui a été réparé par les éditions Dynamite qui, depuis le mois dernier, nous proposent de découvrir dans leur collection Seiko Seifuku JK, un recueil d'environ 200 pages, sorti au Japon en 2017 chez l'éditeur Hit Publishing, et regroupant huit histoires courtes dont les huit premières ont été prépubliées en cette même année dans le magazine Comic Aun, tandis que la dernière date de 2013.
Comme peut le laisser deviner le titre de l'ouvrage ( "Seifuku JK", ou "Seifuku Jyoshi Kinbaku", signifie "Bondage de Fille en Uniforme" ), les histoires de ce recueil jouent sur un type de fétiche récurrent dans la carrière de cet auteur, à savoir le shibari et diverses autres moyens de ligotage qui s'en rapprochent, dans une quête de plaisir. On aura donc droit ici, au fil des histoires, à différents contextes amenant à chaque fois les personnages (quasiment toujours les filles, à une petite exception près) à s'adonner ) cette pratique, que ce soit de plein gré, de force voire accidentellement, avec des personnages tantôt expérimentés et adeptes tantôt novices, pour un résultat qui a le mérite d'être alors assez varié dans les situations: un dessinateur de manga érotique qui loge dans une auberge dont la patronne a des pratiques étonnantes en plus de se promener en uniforme scolaire, un étudiant désireux de comprendre pourquoi sa ravissante voisine de classe cache ses cuisses chaque lundi, une énergique demoiselle dont les "jambes folles" ont besoin d'être "calmées" par son petit ami, une somptueuse mais caractérielle gymnaste surprise avec une magazine érotique par les trois garçons qu'elle avait conspués peu de temps auparavant, les délires coquins des trois beautés du conseil des étudiants avec le "malheureux" garçon venu les voir, une enseignante se promenant dans un uniforme scolaire trop serré pour elle, les mésaventures d'une shinobi des temps modernes, les frasque d'une fille "tireuse de bière" avec son frère...
Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'érotisme est à son summum avec ces histoires qui, bien qu'elle ne soient que des prétextes, permettent à chaque fois à l'auteur de jouer comme il se doit sur les différents éléments de plaisir propres au shibari et autres techniques de ligotage: le sentiment de honte que l'on oublie peu à peu, le fait d'avoir ses mouvements limités et d'être à la merci du ou des partenaire(s), la possibilité d'être attachés ensemble, la manière dont cela fait ressortir les formes et les zones érogènes... De manière générale, Inoue exploite très bien tout ça, et sait notamment fort bien capter cet instant précis où les personnages cèdent pleinement au plaisir que ces situations provoquent... Et le mieux est qu'il ne s'arrêtent pas à ça ! En effet, comme le nom de l'ouvrage l'indique aussi, le mangaka associe à cette pratique un autre fantasme bien courant, à savoir celui de l'uniforme, ou plutôt des uniformes avec toute une belle panoplie: uniforme scolaire, tenue de gymnaste, maillot de bain, tenue de sport... Et pour pimenter encore plus le tout, divers petits fétiches supplémentaires (une jolie nuque dégagée par une queue de cheval, des cuisses fermes entrevues par dessous la jupe, de belles jambes très souples, une petite taille...) sont régulièrement là pour titiller à la fois les héros et les lecteurs, sous un dessin souvent assez tactile où les différentes partie du corps sont assez bien stimulées.
Et puisque l'on parle de dessin à proprement parler, soulignons que l'on y sent bien l'expérience de l'auteur: à des angles de vues cherchant toujours à mettre en valeur les pratiques et la plastique sensuelle et charnelle des héroïnes, Inoue ajoute des designs dans l'ensemble suffisamment variés en termes de look et de gabarit, ainsi que des expression faciales très parlantes et communicatives.
Servi dans une édition très correcte (huit premières pages en couleur sur papier glacé, bonne qualité de papier et d'impression, traduction correcte du Studio Makma malgré une vulgarité parfois inutilement prononcée, lettrage assez convaincant du Studio 1000, onomatopées bien sous-titrées... on regrettera juste l'absence de sommaire), Seifuku JK est donc assurément une bonne pioche, l'expérience de Yoshihisa Inoue étant pleinement au service des fétiches et fantasmes spécifiques qu'ils met en scène.