Secret Service - Maison de Ayakashi Vol.1 - Actualité manga

Secret Service - Maison de Ayakashi Vol.1 : Critiques

Inu x Boku SS

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 13 Janvier 2012

Première nouveauté de l'année pour Kurokawa, l'éditeur a décidé de frapper un grand coup dans sa promotion pour accompagner la sortie de "Secret Service - Maison de Ayakashi" (abrégé ensuite par Maison de Ayakashi, la mention "SS" pouvant prêter à confusion dans nos contrées). Annonce mystère, trailer, wallpapers exclusifs, cartes à collectionner, logo Kurokawa dans les tons de la couverture, etc. Un soin tout particulier a été apporté pour l'arrivée de ce titre. À raison ? Après lecture, très certainement.

"Maison de Ayakashi" nous conte l'histoire de Ririchiyo Shirakiin, une jeune fille de 14 ans descendante d'un clan prospère, qui fut fondé par des êtres nés de l'union de yôkai (les monstres du folklore japonais, aussi appelés ayakashi) et d'humains, et dont les enfants ont hérité de leur pouvoir au fil des générations. Ajouté à ses facultés particulières, cette jeune personne a également la fâcheuse manie de se montrer souvent insultante envers les gens, par simple bravade. Alors qu"en réalité, elle a un coeur d'or et pur, mais elle a beaucoup de mal à l'exprimer, principalement du fait que tous la voient uniquement comme une descendante d'un riche clan, et non pas comme une personne à part entière. C'est pour cette raison qu'elle emménage dans la Maison de Ayakashi, une résidence réservée aux personnes qui comme elle, sont des semi-yôkai issus de familles fortunées, afin de pouvoir faire le point sur sa vie et s'éloigner de sa famille. Cette maison propose en outre un système de garde du corps, dénommé secret service, chaque résident étant accompagné par un autre semi-yôkai puissant qui se met alors à sa disposition. En effet, les semi-yôkai sont régulièrement la proie des yôkai de pure souche. Ils ne peuvent donc se balader seuls, surtout la nuit. Refusant d'abord la compagnie de son garde du corps assigné, Sôshi Miketsukami, un renard yôkai particulièrement puissant, elle finit par s'attacher à ce drôle de type très collant, qui la voit comme une personne à part entière, pour elle-même. Une chose qu'elle recherchait depuis toujours. Néanmoins, ce drôle de renard (qui tient davantage du chien fidèle et soumis) semble connaître beaucoup plus de choses sur la jeune Ririchiyo qu'il ne veut bien le montrer pour l'instant...

L'objet du titre est donc l'évolution de Ririchiyo dans la façon d'aborder la vie en société et faire ressortir ce qu'elle est vraiment, ainsi que sa relation avec Sôshi. Une relation qui fera grincer quelques dents, étant donné que la jeune fille a 14 ans, et le jeune homme le début de la vingtaine. Pourtant, il n'y a absolument rien de graveleux ou de malsain dans la façon dont l'auteure nous présente ses personnages. Ririchiyo est une jeune fille douce, sensible, honnête, délicate et intelligente, au caractère bien trempé et un rien maladroite dans ses rapports avec les autres. Donc loin de la cruche qui tombera éperdument amoureuse du beau prince charmant. Sôshi est un homme extrêmement dévoué (et "extrêmement" est un euphémisme), sérieux dans sa façon d'aborder son travail, et sa fidélité envers Ririchiyo apparaît sans failles. L'aspect lolicon et "butler" est largement contrebalancé par la direction et la sensibilité féminine de la mangaka, qui s'attache avant tout à nous décrire les sentiments d'une jeune fille un peu perdue et seule, plutôt que de se concentrer sur une banale histoire d'amour. Il est fort probable que les deux personnages finissent ensemble, mais ce sera dans un respect mutuel l'un de l'autre et de leur condition, et jamais rien de choquant. On peut à ce niveau peut-être rapprocher "Maison de Ayakashi" avec "Bride stories", où là aussi la différence d'âge est importante, sans pour autant choquer le moins du monde, tant le traitement est fait tout en sentiment, subtilité et douceur. L'accent est donc mis sur l'évolution des personnages en tant que personne dans leur ensemble, et non pas juste sur le jeu des relations qui les unit (bien qu'il ait lui aussi son importance, bien sûr).

Concernant la construction de ce premier tome en lui-même, il est tout ce qu'il y a de plus classique. La mangaka présente ses personnages, les fait se lier d'amitié et de confiance à travers quelques mésaventures, nous présente la résidence dans son ensemble, introduit quelques futurs complices de nos deux personnages principaux ainsi que quelques mystères... Bref, une phase introductive dans les règles, sans éclats particuliers, et ce n'est pas plus mal. Mieux vaut commencer en douceur et être surpris au fur et à mesure, que de nous jeter de la poudre aux yeux et terminer déçu, comme trop souvent quand un titre japonais part sur une base originale. On attend évidemment une envolée de l'histoire dans les prochains volumes, mais ce premier tome nous présente efficacement les prémisses, et on ne lui en demande pas plus. Les personnages sont touchants, attachants et amusants, notamment l'héroïne qui est adorable et qu'on prendra plaisir à voir évoluer. Il y a bien sûr de l'humour, bien dosé et qui fait mouche, du mystère, un peu d'action, des futures péripéties annoncées... Bref, il y a largement de quoi faire pour conforter notre plaisir de lecture ainsi que notre confiance dans le futur de la série.
Néanmoins, s'il y a bien un point qui fait forte impression d'entrée, c'est indubitablement le graphisme, ainsi que l'atmosphère dans son ensemble. Déjà, à 28 ans à peine, Cocoa Fujiwara est une vétérante dans le milieu, ayant fait ses débuts à 15 ans seulement. Elle appartient à cette vague d'auteures qui dessine du shônen tout en conservant un trait à la sensibilité clairement féminine. Dans le même registre, on citera notamment Black Butler ou Pandora Hearts, pour les exemples les plus marquants chez nous. Chacun appréciera différemment, mais Fujiwara a un petit quelque chose en plus qui fait la différence et rend son trait et son découpage plus chaleureux et sensible que chez ses consoeurs. Peut-être est-ce simplement le fait que le héros soit une héroïne, et que le ton semble sonner plus juste, davantage à sa place, qui sait. Il est vrai aussi que l'histoire s'y prête davantage. Quoi qu'il en soit, le trait de la mangaka a su charmer votre serviteur, et il en sera de même pour d'autres, à n'en pas douter.

Un mot sur l'édition de Kurokawa, qui est exemplaire. La traduction est fluide et très agréable à la lecture, particulièrement soignée dans les expressions utilisées par les personnages, en accord avec leur personnalité respective. On appréciera également la très bonne intégration des onomatopées (traduites), ainsi qu'un petit bonus en fin de tome pour nous présenter les divers yôkai qui hantent la résidence (et qui semble avoir été rajouté spécialement pour la version française, mais sans certitude). Sans compter la très belle couverture, au logo intégré bien intégré. Bref, Kurokawa a soigné son premier né de l'année, et on regrette d'autant moins d'avoir dépensé ses deniers dans un titre vraiment très agréable et à la finition excellente.

Avec son atmosphère aigre-douce, où se mêlent mélancolie et humour, où la légèreté côtoie le sérieux dans les émotions, où l'action se marie avec la tranche de vie, "Secret Service - Maison de Ayakashi" est indéniablement un manga d'ambiance, à la frontière des genres, mais qui forme un tout étrangement harmonieux, où rien n'est laissé au hasard et où tout semble à sa place. Avec son graphisme enchanteur, son héroïne attachante, son atmosphère unique et prenante, et bien d'autres atouts qui n'attendent qu'à être développés, Maison de Ayakashi est un titre prometteur de ce début d'année, sur lequel il faudra compter désormais et qui s'annonce sous les meilleures augures. En souhaitant qu'il continue à nous émerveiller bien entendu dans les prochains volumes. Qui achètera lira et se fera sa propre opinion sur ce titre atypique, dont on ne savait pas trop quoi penser au premier abord mais s'est révélé au final plein de surprises et de fraîcheur. 


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Sorrow
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs