Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 23 Octobre 2025
Voici déjà un peu plus d'un an, plus précisément en août 2024, que les éditions Shiba ont publié simultanément les deux volumes de la courte série Salomé After School, un manga qui, à l'instar des bijoux Blue Period (éditions Pika) et Demande à Modigliani! (édition naBan), propose de nous immiscer au sein d'une école d'art, mais sous un angle encore différent. Tout premier manga de la carrière d'Akane Hoshikubo, celui-ci fut prépublié au Japon entre 2020 et 2022 dans le magazine Gekkan Action et sur le site Web Action des éditions Futabasha sous le titre "Hôkago no Salome".
Cette histoire nous immisce au sein du lycée d'art d'Osaka où le jeune Renji, élève brillant, ne cesse de susciter l'admiration de la majorité de ses camarades: à l'exception du dénommé Yûto qui semble le mésestimer et qui est globalement peu agréable avec quasiment tout le monde, le reste des élèves l'apprécient beaucoup non seulement pour ses nombreuses connaissances mais aussi pour son côté avenant ainsi que pour sa nature modeste puisqu'il ne se vante jamais et affirme constamment ne pas étudier l'art pour recevoir des éloges... Pourtant la vérité est tout autre, car c'est bien de la reconnaissance et des compliments que Renji recherche avant tout sans oser l'avouer. Autrefois enfant chétif et moqué, il a visiblement besoin de ça pour être bien, et se sent alors totalement à sa place dans ce lycée où il aimerait rester dans ces conditions pour toujours.
C'est alors, inévitablement, un grand chamboulement qui va arriver pour lui quand débarque dans sa classe Naomi, une jeune fille qui, au contraire de lui, semble pouvoir être qualifiée de vraie prodige au vu de son talent artistique brut et de son comportement parfois hors-normes concernant l'art, ce qui lui vaut vite autant de curiosité que de fascination de la part des autres élèves qui ne savent pas trop comment la considérer. Sentant son amour-propre, jusque-là si soigneusement entretenu, mis en péril par cette nouvelle venue, Renji saisit alors l'opportunité qu'elle lui tend: à condition qu'elle ne se fasse pas trop remarquer en classe, il accepte de l'aider dans ses créations artistiques après les cours pour donner une nouvelle vie à des reste d'oeuvres mises au rebut dans l'entrepôt du lycée.
A cet instant où il ne pense encore qu'à préserver la place qu'il s'est trouvée, l'adolescent ne peut pas encore se douter que, petit à petit, Naomi va bousculer non seulement sa position mais aussi sa vision de l'art, puisque ce sont avant tout deux visions de cet art qui se bousculent ici. Car effectivement, quand Renji, bien qu'appréciant la création artistique, l'étudie surtout pour assurer son image auprès des autres et pour être accepté en ressortant toutes les connaissances qu'il a pu soigneusement accumuler, de son côté Naomi se fiche royalement du regard des autres: elle crée avant tout pour elle-même, s'épanouit à travers ses créations et autres expérimentations artistiques, quitte à risquer de paraître bizarre, excentrique et exubérante. Cette personnalité, forcément, Renji en fera lui-même les frais en servant tantôt d'assistant tantôt de cobaye à cette fille pas comme les autres, au fil des rendez-vous dans l'entrepôt tantôt bien gérés tantôt moins convaincant: quand ils ne sont pas simplement un peu trop brefs pour suffisamment mettre en valeur l'aspect artistique, certains de ces instants privilégiés après les cours ont en effet un petit côté un peu trop intrusif de l'adolescente qui ne manque pas d'être parfois troublante envers son camarade (vu que, forcément, en plus de ça elle est jugée très jolie).
Néanmoins, malgré cela, ce premier volume de Salomé After School a largement de quoi intriguer: le regard posé sur la création artistique est intéressant, l'insaisissable Naomi a facilement de quoi happer grâce à son aspect d'artiste dans ce que cela peut avoir de plus pur, la manière dont elle impacte petit à petit Renji se ressent très bien... Il n'y a plus qu'à lire le deuxième et déjà dernier tome pour se faire un avis définitif sur cette courte oeuvre !
Côté édition française, enfin, rien de spécial à signaler: la sobre jaquette est fidèlement adaptée de l'originale japonaise, le papier bien blanc et assez opaque permet une qualité d'impression honorable, les quatre premières pages en couleurs sur papier glacé sont très appréciables, la traduction assurée par Satoko Fujimoto est assez claire, et le travail d'adaptation graphique et de lettrage par Nicolas Willame et Antoine Bassan est suffisamment propre.
23/08/2024