Sakura Saku Vol.1 - Manga

Sakura Saku Vol.1 : Critiques

Sakura, Saku

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 31 Mars 2023

On l'attendait impatiemment depuis la conclusion de Love, be loved Leave, be left en février 2021: le retour d'Io Sakisaka en France, après un petit peu plus de deux années d'attente donc ! Voici un petit paquet d'années, en particulier depuis le succès de Blue Spring Ride, que cette mangaka s'est imposée comme l'une des reines actuelles du shôjo romantique adolescent, via ses histoires qu'elle sait toujours porter grâce à une infinie attention portée à ses personnages et à une patte visuelle ravissante et facilement reconnaissable. Et Sakura Saku, qui arrive donc aujourd'hui en France chez Kana, n'est autre que sa dernière série en date, publiée au Japon depuis février 2021 dans les pages du Bessatsu Margaret de Shueisha, magazine auquel la mangaka est fidèle depuis le tout début de sa carrière professionnelle en 1999.

Cette nouvelle oeuvre commence par nous plonger auprès d'une collégienne dans un train blindé de monde. Faisant parfois de l'anémie, Saku Fujigaya a parfois souffert de cette condition, en restant discrète et en étant reléguée au second plan lors des différents événements scolaires depuis la primaire, si bien qu'elle se dit depuis longtemps qu'on ne la remarque jamais. En ce jour où le transport en commun est bondé, rien ne semble devoir changer: debout au milieu de la foule, personne ne remarque qu'elle est en train d'étouffer et qu'elle se sent mal... du moins, jusqu'à ce qu'une main inconnue n'ouvre la fenêtre. Puis quand elle perd son sac au moment de sortir du train et qu'elle s'évanouit sur le quai à cause de son anémie, elle a la surprise, en se réveillant à l'infirmerie de la gare, de voir que quelqu'un a pris soin de descendre du train pour lui ramener son sac, avant de s'éclipser avant son réveil, en laissant juste un papier avec son nom, Ryôsuke Sakura, et un numéro de téléphone. Il s'agit d'une attention presque anodine et censée être naturelle, mais ce petit événement va considérablement changer la vie de l'adolescente.

"Vous qui m'avez remarquée dans la foule anonyme, je voudrais vous rencontrer un jour et vous dire... Merci !"

Un an et demi est passé depuis cet événement, et alors que Saku fait son entrée au lycée, on constate qu'elle a bien changé: elle a troqué sa longue chevelure d'avant contre une coupe un peu plus courte, son regard est devenu plus vif et moins effacé... et, surtout, voici un an et demi qu'elle a elle-même découvert le plaisir simple que peut procurer le fait d'aider les autres, si bien qu'elle n'hésite jamais à épauler les personnes en détresse quand elle en voit. Ca lui permet aussi, en quelque sorte, de prendre exemple sur le fameux Ryôsuke Sakura, cette personne inconnue qu'elle n'a jamais pu remercier comme il se doit puisque le numéro de téléphone laissé à l'infirmerie n'a jamais répondu. Positive, la jeune fille ne désespère pas de rencontrer quand même un jour son sauveur... et le destin pourrait bien l'aider pour ça: dans sa classe figure un certain Haruki Sakura, et son grand frère en dernière année de lycée se prénomme Ryôsuke...

Si vous vous dites déjà que ce coup du destin est vraiment énorme, on vous arrête tout de suite, car Io Sakisaka se révélera plus maligne que ça via la révélation faite dans le dernier chapitre de ce volume, où la perspective d'enfin découvrir le fameux sauveur de Saku se fera finalement bien moins importante que ce qu'il a éveillé en la jeune fille, à savoir son goût pour aider naturellement les gens qu'elle croise, sans attendre quoi que ce soit en retour. Et c'est cet aspect précis qui va peut-être séduire le plus au fil de la lecture: attentionnée, volontaire, rafraichissante, Saku devient vite irrémédiablement attachante, y compris dans la part de naïveté qu'elle dégage, tant elle montre une personnalité rayonnante et altruiste qui fait franchement du bien. C'est aussi cette personnalité pleine de bonnes ondes qui va lui permettre de rapidement sympathiser avec certains camarades de classe, comme l'amusant Mitoshi Sano, la gentille et douce Kotono Ogiwara dont le petit ami semble toutefois plutôt toxique (nul doute que ce sera développé plus tard)... et, surtout, Haruki Sakura, qui se dessine comme l'autre personnage phare.

La relation qui se construit entre Saku et Haruki est effectivement un point important, jusqu'à aboutir en toute fin de tome à une évolution prévisible mais naturelle et bien amenée. D'abord désireuse de passer par Haruki pour qu'il transmette à son frère sa lettre emplie de la gratitude et des sentiments qu'elle veut transmettre à son sauveur sans oser le faire elle-même par timidité et trac, Saku se cogne d'abord contre un mur, donnant l'impression que Hiroki est un garçon froid. Mais au fil des pages, la vérité va se révéler tout autre, dès lors que l'on comprend la raison pour laquelle le jeune garçon ne veut plus servir d'intermédiaire pour son frère, et que notre héroïne constate, à plein de petits moments, à quel point il peut en réalité être attentionné et gentil. Et il faut aussi dire que Haruki lui-même a de quoi s'ouvrir de plus en plus au contact de cette jeune fille si altruiste et pétillante.

Faisons aussi quelques remarques sur le travail visuel de Sakisaka, qui conserve toujours le même charme d'une série à l'autre. La mangaka a beau avoir introduit les outils numériques dans son travail à partir de cette série, mais uniquement après l'étape de l'encrage, cela se ressent assez peu, car ses qualités en termes de designs des personnages n'en sont aucunement impactées. Ses découpages soignés et ses mises en scène tout en douceur sont souvent un régal pour porter les diverses émotions suscitées par l'histoire et par les personnages. Et puis, il y a toujours tout ce que la dessinatrice est capable de véhiculer dans les yeux riches et dans les contours doux de ses personnages. Le lectorat observateur appréciera aussi de dénicher des clins d'oeil à une certaine oeuvre précédente de l'autrice, entre le lapin du pass de Saku et le personnage de Ryôsuke Sakura lui-même.

Une nouvelle fois, Io Sakisaka frappe donc juste avec les débuts de sa nouvelle romance lycéenne. La mangaka nous offre un vrai bonbon aussi doux qu'acidulé, porté notamment par une attachante héroïne pleine de bonnes choses. Et côté édition, on est dans la droite lignée des habituels petits formats shônen/shôjo de Kana: papier fin mais souple et peu transparent, impression honnête, lettrage propre, traduction convaincante de Misato Raillard pour une série de ce type... mais on notera surtout la présence d'une jaquette alternative sur le verso pour le premier tirage, initiative très plaisante !


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs