Sai: taker Vol.1 - Actualité manga

Sai: taker Vol.1 : Critiques

Sai:Taker - Futari no Artemis

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 11 Novembre 2013

Peu de temps après la conclusion plutôt bâclée de Re:birth - The Lunatic Taker, Lim Dall Young et Lee Soo Hyon commencèrent au Japon une série ancrée dans le même univers : Sai:Taker - Futari no Artemis, qui s'est bouclée après trois tomes. S'agit-il d'une suite directe de Re:birth ? Pas du tout. Hormis le concept de base, tout est différent, des personnages jusqu'à l'ambiance plus humoristique, et c'est une série pouvant se lire indépendamment de Re:birth que vous découvrirez. Seulement, en aurez-vous l'envie ?

Dans le monde de Re:birth, sont apparus un jour les Récolteurs, des personnes qui, après avoir trouvé un artefact, ont ressuscité avec un nombre de vies inscrit sur leur poitrine, qu'ils doivent régulièrement entretenir en captant de nouvelles vies avant que le nombre ne tombe à zéro, synonyme de mort. Pour cela, les Récolteurs pouvaient affronter des Anges dans l'entre-mondes, ou alors s'affronter entre eux pour un cruel jeu de la mort.
Sai:Taker reprend ce concept de base en allant plus loin. Cette fois-ci, les Récolteurs Originaux ont permis à une société, Life Inc. (plus ou moins les méchants de Re:birth) de développer une nouvelle sorte de personnes : les Sai Takers, qui, grâce à un dispositif nommé le Sai qui transforme les vies en énergie, permet à ceux qui sont capables de se synchroniser avec lui d'acquérir une puissance surhumaine permettant de capter toujours plus de vies.

Kyoya Nanase est un lycéen sans histoire, à ceci près qu'il vit avec deux charmantes créatures : Kyôka, qui fait partie des Récolteurs Originaux, et Yuma, une Sai Taker en devenir. La première, qui n'est autre que sa bienfaitrice, prend plaisir à le titiller, tandis que la deuxième tend à pousser des petites crises de jalousie dans ces moments-là. Bref, tout va bien. Jusqu'au jour où Kyoya se retrouve au bord de la mort. Dans un univers où les vies et leur trafic rapportent plus que l'argent lui-même, les magouilles de Life Inc. autour des Sai Takers attirent les envieux, dont les terroristes de Taurus, dont notre héros est la victime collatérale. Pas de chance. Le seul moyen de le sauver viendra de Kyôka, et réservera quelques surprises... Jugez vous-mêmes : en se réveillant, Kyoya découvre non seulement qu'il est devenu un Récolteur original, mais en plus qu'il possède désormais un corps de fille ! Vous le sentez, le malaise ?

Quoi qu'il en soit, le jeune garçon, pour pouvoir avoir des vies et donc survivre, et en profiter pour peaufiner son statut de Récolteur original, est désormais contraint d'intégrer la même école que Yuma: une académie où des règles précises sont établies, comme l'obligation de faire partie d'un club dont le président est le seul à décider des vies qu'il attribuera ou non. Et, nouveau manque de bol pour Kyôya, il va bêtement se retrouver au sein du conseil des élèves n°1, un club non-officiel décidé à mettre des bâtons dans les roues du conseil officiel mené par Yuma. Un club dirigé d'une main de fer par la dénommée Reili et ses deux terreurs de sbires, pas vraiment commodes...

Transformer l'univers sombre et violent de Re:birth en comédie scolaire : fait ! Car pour l'heure, c'est finalement tout ce que nous propose Sai Taker. Et si l'idée aurait franchement pu être sympathique (on aurait bien imaginé les auteurs parodier un peu leur précédente série), elle retombe très vite comme un gros pétard mouillé, la faute à de trop gros problèmes narratifs/facilités/incohérences et à de l'humour parfois désespérant.

Tout d'abord, si les auteurs réexpliquent les bases de l'univers imaginé dans Re:birth histoire de justifier le statut indépendant de Sai:Taker, ils le font tout de même très vite, en seulement quelques pages en début de tome, et via de gros pavés de textes qui risquent de paraître indigestes pour quiconque n'a pas lu la précédente série. En conséquence, s'il est possible de lire Sai:Taker indépendamment de Re:birth, il est quand même préférable de connaître cette dernière, histoire d'être moins dérouté face à l'accumulation pas fine d'informations au début de cette nouvelle série.

Pour le reste de l'introduction, ça va très vite, et ça donne le ton : un peu d'humour/fan-service via une petite scène de bain avec l'impudique Kyôka, puis l'accident, et enfin notre héros qui se retrouve en fille après une quarantaine de pages (ce qui n'est pas plus mal), avec toutefois une particularité dont on devine qu'elle ajoutera du piment dans certaines situations : s'il enlève son serre-tête, il redevient garçon tout en perdant ses vies à vitesse grand V. Décidément, il n'a vraiment pas de bol.

C'est après que les choses se gâtent, avec la présentation du fonctionnement du lycée et l'arrivée des filles du conseil non-officiel.

Reprenons : pour avoir des vies et donc ne pas mourir, Kyoya doit faire partie d'un club, dont le dirigeant est seul à décider s'il donnera des vies ou non. En d'autres termes, s'il n'a pas de club ou s'il ne s'entend pas avec le dirigeant du club, il crève. C'est débile.
Ensuite : une fois qu'on a intégré un club, il est interdit de le quitter avant x temps. Histoire de mettre les gens encore plus dans la mouise, sans doute. C'est encore plus débile. En tout cas, voici donc le pauvre Kyoya obligé de rester dans le conseil non-officiel... Hé... mais attendez... vu que ce conseil est non-officiel, n'est pas homologué par les dirigeants du lycée, pourquoi le fait que Kyoya veuille le quitter poserait-il problème, et d'où vient alors la possibilité qu'a Reili de distribuer des vies ?... Comment ? On s'en fout ? Ah bon.
Plus sérieusement, avec tout ça, on se doute qu'il y a quelque chose qui cloche du côté de Reili et qu'elle a sans doute un statut un peu particulier dans le lycée, mais comme il n'en est jamais fait mention et que les auteurs ne tentent jamais d'instaurer un peu de mystère autour de ça, pour l'instant on se contente de trouver toute cette tambouille désespérément invraisemblable car mal narrée.

Revenons à présent sur cette fameuse Reili, qui s'affiche fièrement en couverture de ce premier tome, et sur ses deux sbires (ou peut-être trois sbires, avec l'amusante petite qui passe son temps à garder la porte sans servir à quoi que ce soit). Un trio pour le moins infernal, qui prend un plaisir fou à semer la pagaille sur son passage, à faire tourner un peu tout le monde en bourrique au point de s'attirer pas mal de véhémences, dans le fond on dit oui ! Quand elle s'y mettent, ces trois terreurs sont capables d'être aussi horripilantes qu'amusantes... tout comme elles sont capables de mener la série dans des gouffres sans fond de médiocrité. Ainsi, il paraît difficile de trouver drôle ce passage où, sous couvert de vérifier que Kyoya est bien une fille, la pauvre se retrouve humiliée, déshabillée de force pour se faire mater le vagin. Le plus grave étant que Kyoya ne leur en tient finalement pas rigueur plus que ça...
De même, on se pose des questions devant la scène où Kyoya, dans un relent de nymphomanie dira-t-on, ne peut s'empêcher d'embrasser Reili à cause de l'oestrus. Manière belle et délicate de présenter les chaleurs féminines...
Si Lim Dall Young n'a jamais été fin quand il fait dans l'humour ou le fan-service, il touche le fond avec ce genre de scènes, dégradantes et lamentables, et qui devraient avoir de quoi rebuter même les plus fervents fans de l'auteur, pour peu qu'ils aient un peu de recul.

Ainsi, sous couvert d'un pitch bancal qui paraît pour l'instant peu cohérent (ce qu'on aurait pu accepter dans le cadre d'une parodie bien coconne, ce que Sai:Taker n'est pas), ce premier tome enchaîne de l'humour et du fan-service qui alternent entre le potentiellement sympathique et le rigoureusement lamentable, le deuxième cas l'emportant le plus souvent. Pendant tout le volume, on s'interroge sur ce que les auteurs sont en train de faire, tout comme on se demande d'où sortent certaines idées, comme dans cette fin de tome qui fait débarquer sans plus de précisions, comme ça, le concept de code de déblocage et d'invocation d'anges pour les combats. Pouarf.

Sai:Taker commence mal, très mal, et se pose comme une catastrophe sur quasiment toute la ligne. Seuls certains caractères (l'insupportable Reili en tête) et certains gags relèvent un minimum l'intérêt, ce qui est franchement peu. Espérons que les auteurs se réveillent et parviennent à offrir une suite plus intéressante, notamment en exploitant bien le statut visiblement à part de Reili, qui est l'une des seules interrogations valables de ce début de série.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
6 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs