Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 19 Septembre 2022
Dans le petit cercle de Maeda, ce sont de véritables feux de l'amour ! Si Chiaki en pince pour le bagarreur, Yoneji a clairement un faible pour la demoiselle. De son côté, Katsuji est épris de Kazumi, et c'est pour l'impressionner qu'il va tenir tête à un gaillard qui l'importune péniblement ! Mais cette affaire n'est rien comparé à la rixe qui attend Maeda avec Hiranaka, un élève turbulent du lycée Kadoebi lié à la sœur de Hatanaka.. Seulement, quand le boxeur doit livrer une rencontre importante dans ce même lycée, Maeda n'a droit à aucun excès de violence, au risque de disqualifier son camarade...
Le légendaire manga de Masanori Morita s'offrait un démarrage rythmé et exaltant. Après avoir fait connaissance avec des figures fortes telles que Maeda et Hatanaka, on attendait de pieds fermes la suite de leurs péripéties, et force est de constater que ce deuxième tome ne déçoit pas. Au contraire, il nous confirme les qualités qui a permis au mythique furyo de s'imposer à la fin des années 80.
Clairement scindé en deux partie, une assez courte mettant à l'honneur Katsuji et une seconde se déroulant au lycée Kadoebi, ce deuxième opus se renouvelle à chacune de ses histoires, avec comme force première sa mise en avant de ses personnages à travers des affrontements entre voyous où la force morale prime en toutes circonstances. Il y a, dans Rokudenashi Blues, ce côté valeureux qu'on aime retrouver dans le furyo, et qui fait particulièrement mouche sous le trait expressif de Morita. Et si Maeda est indéniablement la figure centrale, tout ne repose pas exclusivement sur lui, chaque personnage ayant l'occasion de montrer la meilleure part de lui même... y compris certains adversaires. Par cette noblesse d'âme et cette générosité, qui pourrait pourtant paraître vieillotte aujourd'hui, le récit nous séduit à chacun de ses tournants.
Dans cet ensemble, la dimension dramatique joue une part essentielle, et à plusieurs égards. La romance trouve ainsi une place toujours plus importante dans Rokudenashi Blues, y compris dans certains aspects humoristiques du manga. Certes, les demoiselles sont souvent cantonnées aux rôles de princesses en détresse, mais l'auteur apporte une profondeur supplémentaire dans tout le dilemme qui concerne Maeda et Chiaki. Un moment de pur drame sentimental qui se greffe dans la bataille contre Hiranaka, déjà porté par un autre enjeu : Maeda doit à tout prix subir et retenir ses coups afin de ne pas disqualifier Hatanaka qui livre un match crucial. Et là aussi, certains aspects peuvent s'avérer convenu, mais c'est une nouvelle fois l'aura du récit qui évite toute lassitude et qui, au contraire, fait briller une situation pourtant déjà vue mille fois aujourd'hui. Alors, les pages se tournent à un rythme effréné, et tout cet épisode se dévore d'une traite. Entre ses combats entre rudes gaillards et ses jolies amourettes centrées que Maeda, Katsuji et Yoneji (qui est au cœur d'un joli petit segment final mélancolique à souhait), Rokudenashi Blues montre ce qu'il a dans le ventre. Dès lors, on signe volontiers pour 23 tomes supplémentaires !