Requiem du roi des roses (le) Vol.6 - Actualité manga
Requiem du roi des roses (le) Vol.6 - Manga

Requiem du roi des roses (le) Vol.6 : Critiques

Baraô no sôretsu

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 23 Février 2017

Elisabeth, la femme du roi Edouard de la maison des York, vient de mettre au monde un héritier mâle. Richard, de son côté, passe sans doute l’un de ses derniers moments avec Henri. Ils se feront une promesse, celle de se revoir lorsque tout sera terminé. Richard ignore cependant que cet inconnu qu’il pense aimer n’est autre qu’Henri VI de la maison des Lancaster, celui-là même qu’il considère comme le responsable direct de la mort de son père. Il ignore que sa haine et son amour rejoignent une seule et même personne. Pendant ce temps, les York et les Lancaster se préparent chacun dans leur côté à délivrer une bataille importante, voire décisive dans la guerre des deux roses. Mais les Lancaster gardent pour le moment un avantage certain. Seul Georges, le second frère York, pourrait changer la donne. Encore faut-il le convaincre.

« Le destin ne te quitte jamais. Même quand il te sourit, il cache derrière son dos une lame pour te transpercer le cœur. »

Le précédent volume du requiem du roi des roses péchait par ses défauts techniques et ses ‘grandes’ coïncidences. Au regard de cet aspect brouillon, ce présent tome a la lourde tâche de redresser la barre d’une série au potentiel pourtant avéré. Les craintes commençaient d’ailleurs déjà à germer lorsque la première scène de l’opus introduisait une scène quelque peu mièvre entre Henri et Richard, tout cela immortalisé dans une promesse. Heureusement pour nous, nos inquiétudes s’estompent au fur et à mesure de la lecture. Petit à petit, les enjeux montent en intensité. Petit à petit, Aya Kanno instaure une ambiance malsaine et suffocante. Jamais l’auteure n’aura été aussi appliquée. Chaque protagoniste est mis en avant de façon claire et précise. Toutes les différentes strates de l’intrigue sont bien délimitées pour mieux se mêler de manière machiavélique. Trois strates pour une couronne entourée d’épines. Trois strates : les lignées, le trône et la vengeance.

La mangaka gère implacablement ces trois thématiques pour arriver à la bataille de tous les enjeux. Les alliés des deux camps semblent théoriquement déterminés, mais rien n’est encore acquis. Richard et Edouard IV se serrent les coudes, tandis que le camp des Lancaster semble irrémédiablement renforcé, en étant composé par : Henri VI (le roi qui n’en a que le nom), Warwick (le faiseur de rois qui a effectivement et actuellement les rênes du pouvoir), Marguerite (l’éternelle et cruelle femme de pouvoir d’Henri VI) ainsi que Georges York. Ensemble, rien ne pourrait les détourner de la victoire. Cependant, ils sont pour le moment séparés géographiquement. Ce sera sans doute là leur point faible. Car, pendant qu’ils sont séparés, Edouard IV et Richard peuvent agir dans l’ombre et agir préalablement à la grande bataille qui s’annonce entre les deux familles. Les York agissent dans l’ombre afin de ramener l’un des leurs dans leur camp : Georges.

Immanquablement, Aya Kanno nous fait ressentir que la confrontation approchant aura des conséquences décisives quant à la suite des événements. Après cet affrontement, les pions seront irrémédiablement redistribués sur l’échiquier, tant pour le trône que pour les lignées. On peut d’ailleurs déjà remarquer le nouveau paysage se profiler. Elisabeth, la femme d’Edouard IV, a mis au monde un héritier. Les deux filles de Warwick se sont mariées à des hommes de camp opposé. L’une chez les Lancaster, l’autre chez les York (pour les pointilleux, Anne s’est mariée avec Edouard Lancaster et l’autre sœur a épousé Georges York). La question est : qui va tomber durant la bataille ? L’auteure en profitera aussi pour approfondir les sentiments et les pensées mêlés et troubles de chacun des personnages. Mais certains retiendront davantage notre attention : Henri VI (le roi abusé et pur qui n’a jamais voulu la couronne), Warwick (le faiseur de rois qui oscille entre sa promesse faite à Richard le père et sa propre ambition) et Georges (le frère tiraillé entre sa famille de sang et son ambition personnelle). Car, pour l’un d’entre eux, la roue risque de tourner.

La tension monte également à son paroxysme en ce qui concerne la vengeance. Richard se dirige et est prêt à tuer son pire ennemi, celui-là même qui a tué sa seule raison d’être : son père. Mais en parallèle à cette tension, une contradiction absolue s’établit. Car l’homme que veut tuer Richard n’est autre que l’inconnu dont il est tombé amoureux. L’étranger Henri et Henri VI ne sont qu’une seule et même personne. C’est là que la mangaka nous laisse, sur une fin insupportable. Que fera Richard ? Seule sa personnalité torturée sera sans doute en mesure de trancher un tel dilemme.

Même si on est encore loin de la perfection, Aya Kanno réussit enfin à nous proposer un récit pertinent, crédible ainsi que maîtrisé. Mieux, elle transcende sa trame en faisant graduellement monter la sauce sur plusieurs plans, tout cela servi dans une ambiance frissonnante et jouissivement dévorante. Un constat idéal lorsque l’on sait que l’auteure traitait une phase déterminante de l’histoire de la guerre des deux roses. On ne peut qu’être plus impatient de savoir ce qu’il va advenir. Une lecture au plaisir certainement intense et pervers !


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
titali
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs