Réimp' ! Vol.10 : Critiques

Kokoro continue d'aller de découverte en découverte dans son travail d'éditrice. Pour son nouveau roman, une autrice à succès demande la création d'une typographie nouvelle, un challenge difficile à honorer étant donné les délais minces avant la publication. En parallèle, le manga "Le train pissenlit" va être adapté en film live, avec une vedette au casting ! Mais voilà que les exigences des producteurs entrent en conflit avec la vision artistique des artistes derrière le long métrage...

Avec ce dixième tome, un double cap symbolique est atteint pour Réimp'! série de Naoko Mazda narrant les coulisses de la production de manga et, plus globalement, de l'édition au Japon. Nous atteignons ainsi la dizaine d'opus, mais aussi la moitié de la série qui s'est conclue récemment au Japon avec son 20e volume ! Il nous reste encore une dizaine de tomes à savourer, ce qui paraît aussi long que court tant la mangaka déborde d'idées pour développer les nouveaux challenges de Kokoro, et ainsi explorer davantage tout ce qui a trait à l'édition et au manga.

Fidèle à l'ADN de la série, cette suite ne manque pas d'idées dans les pistes abordées, comme l'atteste le premier acte centré sur l'importance de la typographie dans l'édition de romans. Pour un lecteur occidental non habitué aux enjeux dans la représentation des caractères chinois et japonais, le concept de ce chapitre peut paraître dépaysant, et à juste titre. Ainsi, la découverte de tels objectifs pour l'héroïne est aussi impressionnante pour le lecteur, amenant une belle entrée en matière pour l'opus.

Mais le chapitre le plus riche vient certainement de l'histoire de l'adaptation live du "Train Pissenlit", une séquence durant laquelle Naoko Mazda s'attaque aux critiques des productions de tels films. Loin d'être aussi frontale et catégorique qu'Aka Akasaka dans Oshi no Ko, elle parvient néanmoins à pointer du doigt sous d'autres angles ces fameux enjeux, tout en restant fidèle aux finalités douces et humaines qu'on lui connaît, de manière à ce que son histoire soit avant tout l'éloge de l'art sous l'angle passionnel. Une atmosphère qui concerne aussi l'épisode de la typographie, déjouant ainsi les caricatures que peuvent représenter certains personnages secondaires introduits pour l'occasion.

Alors, la grande trame de Nakata et de "l'invasion des Pivs" est en retrait dans ce tome, bien que le mangaka ait droit à son petit moment. Il est alors question de voir le mangaka se faire interviewer dans une revue de mode, un cadre qui semble aux antipodes du personnage et qui amènera son lot de déboires. Si Nakata est l'un des personnages les plus importants de Réimp'!, l'arc qui lui est dédié est paradoxalement le moins riche de cet opus. Bien qu'il constitue un segment important du parcours de Kokoro, ce constat semble pointer l'envie de l'autrice d'aborder différents sujets plutôt que de rester concentrée sur cette figure du mangaka asocial. À moins qu'elle ne réserve ses pistes plus sérieuses pour les tomes à venir ?

Mais peu importe que le segment autour de Nakata soit moins inspiré (malgré le terrain nouveau exploité dans son chapitre), ce dixième volume reste un régal pour tout ce qu'il aborde, pour les angles traités et pour la chaleur si humaine qui se dégage de toutes ces intrigues. Réimp'! est un manga qui fait du bien et qui comble toujours aussi efficacement les lecteurs curieux de découvrir le monde éditorial côté Japon. On se répète, mais le manque de succès de la série de Naoko Mazda chez nous est un crève-cœur.