Rain Man Vol.1 - Actualité manga
Rain Man Vol.1 - Manga

Rain Man Vol.1 : Critiques

Rain Man

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 06 Septembre 2017

Alors qu'il est considéré comme un grand nom du manga fantastique et de science-fiction, Yukinobu Hoshino est un mangaka qui, bizarrement, reste quasiment inédit en France, puisque seules ses oeuvres Le Trou bleu et 2001 Nights Stories nous sont parvenues, cette dernière ayant même eu droit à une prestigieuse édition deluxe limitée. 


C'est donc avec un certain intérêt que l'on accueille, en cette rentrée 2017, sa dernière série en date, Rain Man !


Remarqué au Japon, ce thriller psychologique a terminé dans les premières places du prestigieux Prix culturel Osamu Tezuka en 2017. Grâce à sa maîtrise graphique, l'artiste a également été exposé en 2015 au British Museum de Londres.


Tout commence par une étrange excursion de l'équipe du laboratoire de parapsychologie Saiki. Au programme : une visite d'un lieu étrange, où l'on ressent comme la présence de personnes, alors que le lieu est vide depuis une coulée de boue ayant tué ses habitants plusieurs années auparavant. Il s'agit de la première expérience de ce genre pour Taki Amamiya, jeune homme aux cheveux étonnamment blancs qui, suite à la mort de sa mère, s'est retrouvé contraint de rejoindre cette équipe. Taki ne croit pas aux fantômes, mais il doit bien reconnaître que l'événement est étrange, et qu'il va devoir coopérer pour le moment avec le staff de Saiki, dont le but est d'étudier la capacité de l'esprit à façonner le réel.


Le récit exploitant le domaine de la parapsychologie, il y a forcément besoin d'amener assez vite plusieurs grands concepts dans la série, chose que Yukinobu Hoshino fait pendant les premières dizaines de pages. Certains lecteurs devront s'accrocher dans cette entame, car malgré une traduction qui reste claire (même si elle n'évite pas quelques phrases ampoulées), l'auteur pose ses bases un peu en bloc. Quelques notions demandent donc de faire un petit effort de concentration pour être bien assimilées, mais une fois que l'on a compris l'essentiel on ne peut que constater que le mangaka a le mérite de vouloir exploiter assez profondément et avec crédibilité son sujet. L'importance de l'aléatoire et de l'improbable en parapsychologie, les générateurs de nombres aléatoires et d'émotions, le principe des cartes de Zener pour les tests de perception extra-sensorielle, le rôle des médiums, le projet "Global Consciousness" (sur la conscience collective) qui existe réellement, puis plus tard l'expérience de hors-corps... sont autant d'éléments que Hoshino dissémine avec une volonté d'offrir quelque chose de riche et cohérent. Et une fois la plupart de ces grandes lignes posées, le récit peut, petit à petit, décoller.


S'il décolle, c'est essentiellement grâce à ce qui se passe autour du personnage principal. Alors qu'il est en voiture sur la route du retour après l'excursion, Taki reste estomaqué en apercevant très nettement, sur un pont et sous la pluie, un homme lui ressemblant trait pour trait. Plus tard, lors d'une autre expérience, il retrouve cet homme mystérieux sur le toit d'un immeuble. Celui-ci lui dit s'appeler Ren... avant de sauter dans le vide. Il apprend alors que cet homme, qui serait son frère jumeau, s'est suicidé. S'en suivent plusieurs examens auxquels Taki doit lui aussi participer, et au bout de ceux-ci il apprend une chose invraisemblable : il n'a pas de cerveau, en lieu et place il a la tête remplie de liquide céphalo-rachidien, soit d'eau... Qui plus est, il apprend qu'un mystérieux donateur finance le laboratoire au nom de sa défunte mère, et que c'est lui qui a manigancé pour qu'il rejoigne Saiki.


Les questions se bousculent alors, autant pour Taki que pour le lecteur. Qui est le mystérieux donateur, et dans quel but agit-il ? Pourquoi son frère jumeau s'est-il suicidé ? S'agit-il bien de son frère ? Comment peut-il être en vie, avoir une conscience, bouger et penser alors qu'il n'a pas de cerveau ? D'où vient sa conscience, si elle n'est pas logée dans son cerveau ? Ce sont avant tout toutes ces interrogations qui captent le plus l'attention, tant la plupart d'entre elles sont folles, découlent de choses impensables. On a alors hâte de voir comment Hoshino va pouvoir expliquer ces étrangetés, et pour ça nul doute qu'il exploitera en profondeur les éléments de parapsychologie qu'il a mis en place. D'ailleurs, il commence déjà à le faire, notamment à travers l'une des notions s'affichant dans le titre de l'oeuvre : la pluie, avec laquelle notre héros semble avoir un rapport très particulier.


Taki peut-il faire confiance aux gens qui l'entourent et à ce qu'ils disent et pensent ? En attendant de le savoir, la suite de cet épais volume de 240 pages s'emballe ensuite assez bien, autour des premières missions que le jeune homme va devoir accomplir avec l'équipe de Saiki. Il y en a surtout une qui occupe toute la dernière partie du volume, une affaire bizarre dans des HLM qui ont autrefois connu une vague de suicides. Et même si elle n'évite clairement pas les longueurs, il est difficile de ne pas y apprécier le désir de l'auteur d'aller loin, et son talent pour distiller ce qu'il faut de mystère autour de Taki.


Visuellement, Hoshino livre un travail souvent très immersif, surtout pour ses vues souvent très soignées et rendues encore meilleures par des décors où il adopte régulièrement des angles originaux. Avec certains principes comme l'expérience de hors-corps, le mangaka peut même se permettre quelques excellentes trouvailles. Concernant le design des personnages, c'est un peu plus inégal : dans l'ensemble efficace, mais parfois trop rigide et avec quelques légers problèmes de perspective.


Dans l'ensemble, Rain Man s'offre une très bonne entrée en matière, qui doit beaucoup à son utilisation assez poussée du domaine de la parapsychologie, à sa forte aura d'étrangeté et de mystère, et à des visuels parfois impressionnants. Il faut peut-être faire un petit effort de compréhension au début, mais cela vaut le coup et on attend avec beaucoup de curiosité la suite.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs