Quand sonne la tempête Vol.1 - Actualité manga
Quand sonne la tempête Vol.1 - Manga

Quand sonne la tempête Vol.1 : Critiques

Makaze ga Fuku

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 30 Juillet 2021

Bien qu'éclectique avec du bon manga féminin SF (Wombs, Le Siège des exilées), du shôjo pertinent (A sign of affection, Le Secret de Madoka, Analog Drop, Like a little star) ou encore un petit peu de WTF (Papa est une licorne), la première moitié d'année 2021 des éditions Akata n'a pas accueilli de nouvelle série seinen sociale plus "sombre". C'est désormais chose faite avec l'arrivée, à l'entrée de ce deuxième semestre de l'année, de Quand Sonne la tempête. Prépublié au Japon dans les pages du magazine Young Jump de Shûeisha en 2018-2019 sous le titre Makaze ga Fuku (littéralement "Le vent magique souffle" en français), ce thriller urbain fini en 5 tomes nous permet de découvrir pour la première fois dans notre langue Masaki Enjoji, un mangaka dont c'est seulement la troisième (et la plus longue à ce jour) oeuvre, et qui a débuté au début des années 2010 après avoir remporté un prix aux éditions Kôdansha avec une histoire courte.

Dans une ville qui a été frappée par un violent siésme et une tempête un certain temps auparavant, tout commence sur une course-poursuite, celle voyant notre personnage principal Shohei Sakai poursuivi par des hommes qui ne semblent absolument pas gentils, et qui lui reprochent d'avoir apparemment volé de l'argent. Sakai se dit innocent et, tout en essayant de fuir par les moyens du bord, laisse entrevoir sur son ventre une large cicatrice dont sort une batterie filaire... Pour mieux comprendre ce qui est en train d'arriver au jeune homme, le récit nous fait ensuite bien vite remonter deux semaines en arrière, au moment où tout a commencé. Sakai, c'est avant tout un jeune homme un peu paumé, qui a arrêté l'école après le collège, et qui tente de vivre comme il peut depuis le fameux séisme. Quand il ne vivote pas dans son petit appartement avec Airi (une jeune hôtesse de bar qui s'apparente a priori à sa copine), il essaie surtout de joindre les deux bouts avec des petits boulots qui, parfois, ne sont vraiment pas légaux, comme quand on lui demande de voler le sac rempli d'argent d'une vieille dame. Mais quand Kimtak, une vieille connaissance du collège, les convie lui et son vieil ami Mimi chez lui, c'est pour lui confier une mission qu'ils n'ont aucunement le droit de refuser: sur ordre d'un "lieutenant" de la mafia locale qui ne plaisante pas, ils doivent se débarrasser du cadavre d'une jeune étudiante. N'ayant aucune expérience pour ce genre de "job" et ne se sentant aucunement à l'aise dans cette morbide mission qu'ils n'ont pas voulu, les deux jeunes hommes échouent: non seulement le corps sans vie est rapidement retrouvé par les autorités, mais en plus Sakai a trouvé le moyen de perdre son smartphone dans la rivière. Depuis, il se sent coupable de ce qu'il a dû faire, si bien qu'il s'est confié à Airi avant d'aller se rendre à la police. Mais au moment d'entrer au commissariat, le voilà embarqué dans une voiture par un certain Kadono, un médecin qui n'est autre que le père de la jeune fille assassinée. Ayant retrouvé la trace de Sakai en dénichant son portable, l'homme ne compte aucunement laisser notre héros s'en sortir "simplement" en allant voir la police: laissant éclater sa propre froideur malsaine ainsi que sa soif de vérité sur la mort de sa fille, il compte bien exploiter Sakai tout en exerçant sa vengeance sur lui. Une opération chirurgicale à vif plus tard, voici Sakai avec son propre téléphone portable greffé dans son ventre, pisté en permanence par Kadono. Une situation pas bien folichonne, mais ce n'est que le début des ennuis...

Avec son concept de base où le personnage principal se retrouve pisté via son smartphone planté dans son corps, Quand sonne la tempête distille d'emblée une pointe un peu barrée, et c'est un aspect qui ne s'arrêtera pas à cette donne puisque, régulièrement, Masaki Enjôji va distiller dans son étrange polar des petites notes d'humour ou de cynisme tantôt simplement rigolotes (comme quand Airi court comme un crabe avec ses jambes arquées) tantôt plus profondes, pour un rendu qui s'intègre étonnamment bien au reste, plus sombre voire un peu glauque, en apportant une ambiance finalement assez unique et plutôt réussie à la lecture. Mais que l'on ne s'y trompe pas: c'est bel et bien l'aspect polar qui domine, au gré des mésaventures qui s'enchaînent à très bon train pour Sakai, et de ce côté-là le mangaka brille assez dans sa manière de montrer comment, à cause de cette situation, le petit monde de Sakai s'écroule à vitesse grand V. Airi, Mimi, Kimtak... les personnes les plus proches de notre héros, celles en qui il avait envie de faire le plus confiance, montrent tour à tour de tout autres faces d'elles, permettant au mangaka de poser un regard d'autant plus cynique sur la société qu'il met en scène. un aspectd 'autant plus intéressant quand il est mis en parallèle avec le fameux séisme qui a frappé la ville, une catastrophe qui, en permanence, semble imprégner le quotidien des personnages et en particulier de Sakai. C'est d'ailleurs suite à la catastrophe qu'Airi et lui s'étaient initialement promis de toujours veiller l'un sur l'autre pour se soutenir et s'en sortir, et c'est sans doute aussi cette catastrophe qui a condamné ceux-là à exercer ce qu'ils trouvaient sous la main en guise de petits boulots. Simplement, la séisme semble en permanence en corrélation avec le parcours de Sakai. Tout comme la ville s'est écroulée sous le séisme, le jeune homme voit son quotidien et ses relations s'effondrer. Tout comme la ville peine toujours à se reconstruire, lui-même et d'autres n'arrivent pas vraiment à sortir la tête de l'eau. Si bien que l'idée de cette catastrophe naturelle semble sonner comme la métaphore d'une société qui, elle-même, ne fait pas de cadeau et s'écroule en oppressant ses victimes.

Visuellement, ça colle bien au récit. Tandis que les designs de personnages sont assez fins et froids avec une pointe de réalisme mais aussi quelques légères exagérations volontaires, les décors urbains photoréalistes se veulent assez présents et immersifs. Les quelques élans sans concession (le cadavre, la brutalité du "Lieutenant", l'opération à vif...) participent également bien aux aspects plus dur du récit.

Début prometteur, donc, pour Quand sonne la tempête. Concrètement on attend de voir un peu plus comment va se développer une intrigue qui semble n'être que dans son introduction, mais tout est là pour que ça décolle bien vite. A suivre de près !

Cette chronique ayant été faite à partir d'une version numérique, pas d'avis sur l'édition.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs