Pumpkin Scissors Vol.18 - Actualité manga
Pumpkin Scissors Vol.18 - Manga

Pumpkin Scissors Vol.18 : Critiques

Pumpkin Scissors

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 31 Juillet 2020

Fidèle à son habitude depuis déjà quelques années, Pika Edition nous a amené en ce mois de juillet notre volume annuel de Pumpkin Scissors. L'attente entre chaque tome peut forcément sembler longue, d'autant que nous avons quelques volumes de retard sur la publication japonaise (qui en est actuellement à son 23e opus). Mais étant donné que la série suit également dans son pays un rythme d'un tome par an à peu près, ça ne choque pas trop.

On retrouve donc ici les combattants de l'Empire en pleine lutte contre les terroristes de l'Anti-Ares. Ces derniers ont passé un nouveau cap dans l'horreur de leur attaque en massacrant les civils réfugiés dans des camps, en ne faisant aucune différence entre hommes et femmes, entre adultes et enfants. La haine de ceux que l'Empire a rendu apatrides est forte à ce point... Mais sur le front, certains visages continuent de lutter vaillamment pour protéger les civils. On pense à l'impétueuse Alice, bien sûr, mais aussi à Hackenmeier: la soldate du bureau du protocole, qui vénère tant Alice, a vu ses idéaux de justice partir en fumée au point d'en ressortir déboussolée, mais le courage de l'infirmière Rosetta risquant sa vie pour sauver les autres l'a remise sur de bons rails, et c'est désormais avec une fougue décuplée qu'elle se bat pour protéger ce qui doit l'être. Pendant ce temps, Randel, de son côté, est en pleins pourparlers avec Muse Copland pour subir de nouvelles opérations afin de repartir au combat face aux chars d'assaut. Et du côté d'Oreld, Merchis et Stekkin, on n'est désormais plus très loin de découvrir le véritable objectif des terroristes, plus grave encore que prévu...

Ces révélations arrivent assez vite dans ce dense volume de plus de 230 pages, et effectivement ce qu'Oreld et les autres en comprennent avec Kelvim n'augure rien de bon pour l'Empire, tant la réussite des plans des ennemis signerait un coup fatal pour cette nation encore en reconstruction. Une nouvelle fois, à travers ces révélations denses et riches, Ryotaro Iwanaga brille dans sa manière de dépeindre les choses: non seulement il raccroche parfaitement ses pistes (notamment avec les enjeux supplémentaires autour des brevets de Copland), mais en plus il sait toujours aussi bien tirer parti des facettes sombres de chacun des deux camps, puisque l'Empire, le camp de nos héros, est lui-même très loin d'être innocent. Et au bout du compte, dans une telle situation, c'est une solution tout aussi radicale que pourrait envisager Kelvim pour préserver l'Empire... Le ton reste particulièrement sérieux et grave, et avec ces révélations et les nouvelles possibilités la situation reste sombre et chaotique... Du coup, la présence de notre chère Stekkin est plus que bienvenue, avec quelques bouilles et comportements bien à elle pour détendre légèrement l'atmosphère !

Et pendant ce temps, le conflit sur le terrain se poursuit dans un parfum d'apocalypse, tant les terroristes ne font aucun cadeau, encore moins depuis la nouvelle intervention des graffias qui met dangereusement en péril la résistance. Dans les scènes d'action, Iwnaga ne brille pas forcément pour sa mise en scène, mais plutôt pour le climat profondément chaotique de la bataille, qui prend facilement aux tripes au fil de ses différentes facettes: les horreurs commises (notamment par les terroristes qui seraient prêts à écraser des enfants avec leurs chars), le parfum de mort omniprésent, les élans de courage de différents personnages, certaines scènes d'affrontement particulièrement sombres et violentes... Sur ce dernier point, on pense surtout à la dernière partie du tome où Randel revient en grande forme face au premier des huit chars d'assauts ennemis, avec à la clé un besoin de faire souffrir ceux qui aiment tant, justement, faire souffrir les civils de l'Empire... L'idée prenante étant ici de nous faire vivre la fin atroce des terroristes du char directement de leur point de vue, en imposant encore un peu plus Randel comme un combattant aussi puissante qu'effrayant dans son genre.

Mais l'une des qualités du récit est aussi de savoir tirer parti des situations pour aborder encore un peu plus les personnages, et ce tome ne fait pas exception, avec dès le début un petit interlude s'intéressant à Schulit, puis un début entre Randel et Muse qui permet de nuancer un petit peu cette dernière. On appréciera ensuite, bien sûr, les nouvelles preuves de l'entente parfaite du duo de coéquipiers Oreld/Merchis, les nouveaux moments de bravoure d'une Alice toujours aussi fougueuse... Mais la figure qui touche le plus dans ce volume est sans aucun doute possible celle qui a les honneurs des pages couleurs du début: Hackenmaier, métamorphosée depuis le tome précédent. Après s'être battue seule contre l'ennemie, la voici qui récidive pour protéger une enfant symbole d'espoir dans l'horreur totale de la bataille, et qui montre à quel point elle a évolué dans sa vision des choses... mais à quel prix ? Iwanaga soigne beaucoup le personnage dans ce volume en faisant ressortir en elle de belles choses. Et elle, qui avait retrouvé l'espoir en voyant le courage de l'infirmière Rosetta, pourrait bien montrer à son tour la voie à suivre à une autre infirmière... Tant qu'il y aura des personnes comme ça au sein de l'Empire, sans doute les lueurs d'espoir perdureront-elles... Ce qui rend ici le sous-lieutenant Merwin particulièrement détestable ! Qui plus est, tout ceci permet d'entrevoir encore mieux, via la discussion entre Hackenmeier et Merwin, tout le poids qu'Alice a sur ses épaules ainsi que la manière dont on la considère.

Tandis que la bataille est loin d'être achevée, Pumpkin Scissors s'offre donc ici un volume particulièrement riche, intense et dramatique. Avec, entre autres, des révélations fracassantes mettant plus que jamais l'Empire en péril, une grande richesse cohérente, de l'action chaotique, et la disparition d'un personnage qui était devenu très attachant depuis plusieurs chapitres, Iwanaga frappe fort. Il reste vraiment dommage que cette série n'ait pas trouvé son public en France, peut-être pas aidée par ses jaquettes austères, son style graphique éloigné des carcans de beauté, et la médiocrité de son adaptation animée...

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.75 20
Note de la rédaction