Professeur Layton et l'étrange enquête Vol.1 - Actualité manga

Professeur Layton et l'étrange enquête Vol.1 : Critiques

Layton Kyouju to Yukai na Jiken

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 02 Décembre 2011

n moins de cinq ans, le professeur Layton est devenu l'une des icônes vidéo-ludiques les plus populaires de la firme Nintendo. Aidé de Luke, son jeune apprenti, le détective sillonne les villages intriguants à la recherche de nouveaux mystères à débloquer et énigmes à résoudre, remettant au gout du jour le genre du point and click et du jeu de casse-tête en général. Grâce à la personnalité de ce héros et à un univers particulièrement marqué, le petit monde de la série a continué de s'agrandir au gré des nouveaux volets, d'un film animé et d'un manga, dont il est question ici. Annoncé en décembre 2010 par Kazé Manga, il aura fallu près d'un an pour que cette adaptation papier intègre le label Kids de l'éditeur. En effet, le titre se destine avant tout aux plus jeunes, mais les fans de tous âges pourront-ils être conquis malgré tout ?

Aïe, ça pique. Telle devrait être votre première émotion à la découverte des "somptueuses" pages couleurs ouvrant ce premier volume. Le choc est d'abord visuel, devant des couleurs criardes et les faciès dénaturés des différents protagonistes. Mais il devient plus vicieux, plus profond, dès lors qu'on comprend que le manga ne sera qu'une gigantesque trahison par rapport à l'esprit de la série. Oublié, le charme naturel des décors d'une Europe d'avant-guerre et légèrement steampunk. Oubliés, les caractères tout en retenue des différents personnages, sachant rester discret derrière la personnalité du joueur. Le très sobre et charmeur Layton a troqué son mental de gentleman pour un côté gaffeur, impulsif et prompt à quelques égarements. Le gentil Luke est devenu un gosse insupportable, tirant la couverture à lui, manigançant les pires bêtises. Flora.... bon, pour Flora, il n'y avait pas grand-chose à sauver, et pourtant, l'auteur parvient à la rendre encore plus crétine. Enfin, Don Paolo joue le méchant d'opérette à répétition, sans qu'on ne le prenne au sérieux. On croit alors à la mauvaise parodie, au pastiche réalisé par un amateur un peu amer... mais non, l'adaptation est officielle, et Level 5 a même supervisé ce chef d'œuvre. Comment ont-ils pu accepter un tel affront ? Pourquoi avoir à ce point voulu transformer des figures si sympathique en personnages neuneus comme le genre manga peut hélas en produire ? Voilà une énigme bien difficile à résoudre...

Au fil des chapitres, les petites histoires anecdotiques s'accumulent, narrant dans un premier temps quelques tranches de vie des héros, dans un quotidien que l'on aurait jamais osé imaginer. D'un gâteau volé à au mystère de ce qui se passe sous le chapeau du professeur, en passant par une bombe bien cachée, une transformation en porc, et le mystère de "qui qu'a uriné devant l'entrée ?" (si si...), Naoki Sakura ne s'interdit rien et enfile les épisodes les plus crétins les uns que les autres pour notre plus grand bonheur (ou non). Il faudra attendre la seconde partie du volume pour qu'enfin, le duo parte vers quelques micro-aventures, mais sans grande ambition, d'autant qu'elles ne dépassent jamais la dizaine de pages. Oscillant entre l'anecdotique et l'affligeant, cette adaptation est à des années-lumière des trames à rebondissements des jeux vidéos.

Bien sur, qui dit Layton dit énigmes, et le manga n'oublie pas de disséminer bon nombre de défis au fil des pages, à l'instar d'un cahier de jeux un peu élaboré. Le titre se destinait aux 7-8 ans, on y retrouve quelques classiques du genre (jeux des différences, coloriage...), mais aussi certains problèmes déjà rencontrés dans les différents jeux. Un peu plus d'inédit n'aurait pas fait de mal... Si l'on pourra s'amuser à se creuser les méninges sur les premières dans le début du tome (après tout, c'est la seule chose d'intéressant à y voir), les énigmes finissent en revanche par s'accumuler dans les dernières aventures. Si au départ, elles disposent d'une mise en page soignée, elles sont de plus en plus éparpillées au fil du tome en hachant le rythme de lecture...

Concernant le dessin, la douleur initiale d'ouverture ne s'estompe pas. Le trait se veut très amateur, brouillon et inconstant. Cela se ressent avant tout sur les visages pouvant parfois être particulièrement bâclés... à moins que l'auteur ne se décide de partir vers une expression caricaturale typique des codes mangas. Ce travail souvent minimaliste a néanmoins le mérite de rendre les planches assez claires (car vides) pour offrir une narration adaptée aux plus jeunes lecteurs. Quant aux décors si importants dans la saga, ils sont tout simplement inexistants !

Du côté de l'édition, on regrettera parfois des polices d'écriture trop petites, notamment pour la solution des différentes énigmes, d'autant que certaines sont écrites à la verticale par souci de place. La traduction s'est quant à elle bien lâchée devant la stupidité des situations, offrant quelques jeux de mots bien senti, mais l'on regrettera un langage parfois un poil familier et peu adapté aux plus petits.

L'étrange enquête est donc une étrange adaptation, sentant avant tout la grande dérive commerciale léguée à un auteur sans talent. Au grand dam des puristes, tout ce qui fait le charme de la saga est ici broyée pour offrir un résultat informe, crétin et limité à des délires manga de bas-étage. L'incorporation des énigmes nous rassure quant au rapport à la série originelle. Toutefois, on préfèrera offrir aux plus jeunes un cahier de jeux complet plutôt que ce produit estampillé Layton qui n'arrive pas à la mesure du haut de forme du professeur !


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Tianjun
9 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs