Polaris Will Never Be Gone Vol.1 - Actualité manga
Polaris Will Never Be Gone Vol.1 - Manga

Polaris Will Never Be Gone Vol.1 : Critiques

Polaris wa kienai

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 24 Mai 2023

La première partie d'année 2023 fut plutôt discrète pour les éditions Chattochatto, puisque seul le mois de février à accueilli une sortie de leur côté, à savoir le tome 2 de la très sympathique tranche de vie Pseudo Harem. mais à partir de la fin de ce printemps, les choses sont vouées à se bousculer un peu plus: Dragon Metropolis fera son retour en juin après deux années d'attente, la conclusion de Don't Call Me Magical Girl devrait arriver plus tard dans l'année, en juillet seront lancés les mangas Fall in Love Witch Spring et Self__ avec une venue de l'autrice Yanai à Japan Expo... et les festivités démarrent dès la fin de ce mois de mai avec l'arrivée d'une première nouveauté pour cette année: Polaris Will Never Be Gone.

Prépubliée au Japon sous le nom Polaris wa kienai à partir de 2021 dans le magazine Gangan Joker de Square Enix (le magazine des séries Gambling School, Mon amie des ténèbres et La grande Jahy ne perd jamais, entre autres), cette oeuvre s'est achevée très récemment, avec un troisième et dernier volume sortir là-bas il y a à peine quelques jours, le 22 mai. il s'agit de la toute première série un peu longue d'Eke Shimamizu, manga qui s'est d'abord fait la mains sur quelques histoires courtes depuis des débuts professionnels en 2019.

Polaris Will Never Be Gone nous immisce dans un Japon contemporain où, il y a encore quelques années, le groupe d'idols Polaris avait le vent en poupe, en étant notamment porté par sa membre la plus populaire: Sora Tajima, belle, joyeuse, charismatique, et qui offrait du bonheur à son public en permanence. Mais hélas, le décès soudain de cette dernière a mis fin à l'ascension du groupe, et même si ce drame a sûrement causé du chagrin aux fans à l'époque, le fait est que, deux ans plus tard, chacun semble petit à petit oublier la disparue... Chacun, sauf une lycéenne: Mizu'umi Tachibana. Deux années après le drame, Sora est toujours dans son coeur, et elle en écoute inlassablement la musique, à l'heure où ses camarades de classe sont passés à autre chose. Les gens qui adulaient Sora il n'y a pas si longtemps que ça semblent l'oublier peu à peu, tristement. Et ça, Mizu'umi ne le supporte pas, à tel point qu'elle va faire quelque chose d'impensable. Pour empêcher son étoile de s'éteindre à tout jamais, l'adolescente ne va pas hésiter à transgresser la bonne morale, au risque de peut-être s'attirer des ennuis sur la longueur. le tout, sous l'oeil d'un camarade de classe qui va en quelque sorte devenir son complice: Lanzhu Kôriyama.

Si l'on va soigneusement taire le projet fou dans lequel se lance Mizu'umi afin de ne rien spoiler, on peut aborder sans souci ce que celui-i implique, nous dit de notre héroïne et nous montre, par la même occasion, de la société contemporaine qui nous entoure. Une époque où l'on passe de tendance en tendance, où une chose à la mode a vite fait d'être supplantée par une autre, qu'Eke Shimamizu semble critiquer doucement sans entrer dans les détails, et qui est pour elle un terreau fertile pour exposer le désir de son héroïne de ne pas laisser s'éteindre le lumière qu'incarnait pour elle Sora. Les sujets du deuil et de l'oubli sont évidemment présents, mais Mizu'umi semble également incarner bien d'autres choses, que ce soit en bien ou en moins bien. En elle, on peut voir une forme de fanatisme presque inquiétant par instants: elle déifie littéralement Sora, au point d'estimer que sa propre vie n'a aucune importance tant qu'elle peut continuer de faire exister son idole, et c'est bien ce qui lui permettra d'aller assez loin dans son projet sans regret particulier pour l'instant. Mais d'un autre côté, il y a aussi quelque chose d'attachant voire de touchant chez cette fille qui certes va à l'encontre de la loi et de la bienpensance, mais sans penser à mal: elle souhaite juste, avec candeur, que Sora ne soit pas oubliée.

Dans cette optique, on suit avec un certain intérêt le parcours dans lequel elle se lance, avec encore plus d'intérêt quand ce parcours se confronte à certains autres personnages dont deux en particulier. L'une, Himawari Hase, ancienne membre de Polaris, se présente vite fait comme une fille cristallisant toute l'hypocrisie du milieu des idols: narcissique, ne pensant a priori qu'à son apparence et à sa propre popularité, elle risque bien de mettre des bâtons dans les roues de notre héroïne. L'autre, Lanzhu Kôriyama, est pour l'instant dépeint comme un adolescent froid, tant il cache, derrière sa politesse de façade, un regard dédaigneux sur le monde qui l'entoure. Il affirme détester les gens ayant une passion, d'autant plus que lui-même estime avoir une vie ennuyeuse. Et sa personnalité est d'autant plus déstabilisante dans ce premier volume que c'est régulièrement à travers son regard et ses pensées que l'on suit Mizu'umi, fille en qui il semble surtout voir pour l'instant comme un monstre à même de le divertir et de briser l'ordre établi qui l'ennuie tant.

Il est assez difficile de poser un avis définitif sur ce premier volume, tant les côtés plus froids ou inquiétants des personnages sont incertains. Une chose est pourtant sûre: on suivra avec intérêt les deux tomes suivants, car le potentiel est vraiment là et les sujets sont mine de rien assez nombreux, sans qu'on sache trop où ils vont nous mener pour l'instant (et ne pas pouvoir prévoir ainsi la tournure des choses, c'est clairement une qualité à mes yeux). En revanche, il faut juste espérer qu'Eke Shimamizu parviendra à hausser un peu plus le niveau sur les plans narratif et visuel, car même si le rendu est toujours clair et n'est jamais désagréable (avec même quelques belles expressions faciales comme le laisse deviner la jaquette), il faut avouer qu'il y a pas mal de petites limites. La narration, simple mais claire, souffre quand même par moment d'un rythme trop pataud. Mais c'est surtout le rendu visuel qui souffre de réguliers petits problèmes anatomiques (mention spéciale aux jambes et à l'emplacement des genoux parfois très étranges), ceux-ci n'étant jamais très graves mais étant si présents qu'ils peuvent finir par faire sortir un peu de la lecture un oeil attentif. Un petit exemple succinct pour illustrer ça: la première case de la page 168, où les jambes de Himawari sont franchement mal intégrées à sa jupe, principalement parce que la trame de la jupe est beaucoup trop basique. C'est le genre de petit détail qui sera insignifiant pour les uns, mais qui fera ressentir aux autres qu'un petit truc cloche.

En ce qui concerne l'édition française, on peut assurément dire que Chattochatto, à son échelle de petit éditeur indépendant, a souhaité offrir une belle copie. Pour la jaquette, l'éditeur s'est payé les services du talentueux Tom "spAde" Bertrand, graphiste souvent remarqué pour le soin accordé à ses maquettes, qui nous offre ici un logo-titre bien trouvé tout en restant très proche de la jaquette originale japonaise pour le reste. Et à l'intérieur, c'est tout aussi satisfaisant: la première page en couleurs sur papier glacé est un petit plus appréciable, le papier assez souple et épais (même si un peu transparent parfois) permet une impression correcte, le lettrage est suffisamment soigné, et la traduction d'Angélique Mariet (une traductrice qui monte) et vraiment satisfaisante dans sa clarté et son naturel.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.25 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs