Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 22 Février 2011
Shizuka Nakano. Ce nom ne vous dit sans doute pas grand chose. Et pour cause, l'auteur dont il est question officie dans le magazine AX, célèbre pour ses séries underground et la liberté donnée à celles et ceux qui y publient leurs histoires, mais pas particulièrement connu du grand public. Le piqueur d'étoiles contient, en fait, 9 histoires, toutes issues de ce magazine et toutes réalisées par Nakano.
Ainsi, on aura l'occasion de découvrir un dentiste qui a fort à faire face à toute une ribambelle d'enfants qui se goinfrent de chocolat, un immeuble où cohabitent toute une série de notes de musique, des esprits pas aussi amicaux qu'ils en ont l'air, ou encore un étrange personnage qui frappe sur la tête des gens à l'aide d'un marteau pour faire ressortir leur étoile...
Vous l'aurez compris, on sort ici très clairement des sentiers battus. Chaque chapitre qui passe est l'occasion pour nous de découvrir un environnement différent, un univers bien particulier où se rencontrent et interagissent des personnages qui le sont tout autant. D'ailleurs, ces histoires, souvent très courtes (hormis celle qui a donné son nom à l'ouvrage, deux fois plus volumineuse, elles se finissent toutes en un seul chapitre), ne sont pas toujours très accessibles. Dès lors, cela ne risque pas de plaire à tout le monde et c'est bien dommage car, malgré tout, on aura l'occasion de retrouver ça et là quelques petites perles, à l'image de "Résidence consonance". Véritable petit bijou où Nakano affiche une maitrise de la narration et de son sujet assez stupéfiante, d'autant plus qu'il s'agit là de son premier récit si l'on devait les classer par ordre chronologique. Le rythme qui y est imprimé, semblable à une mélodie qui s'emballe et qui se calme, thème justement évoqué à cette occasion, est délicieusement envoûtant. Dommage qu'il n'en soit pas à chaque fois de même. Car, si les thèmes abordés sont finalement assez universels, ils le sont de manière extrêmement personnelle et étrange. Cela ajouté aux changements brusques de ton et d'ambiance fait que l'on a du mal à apprécier d'égale manière chacune des différentes histoires qui nous sont contées.
Mais là où l'auteur se distingue peut-être le plus, c'est dans son style graphique. Elle use et abuse de trames à travers chacune de ses pages. En réalité, l'intégralité de ses dessins repose là-dessus. Et donc, là aussi, il est clair qui si on est allergique au genre, la pilule sera bien difficile à faire passer. D'un autre côté, on ne peut que saluer cette unicité graphique et le talent avec lequel elle la met en oeuvre. Car oui, c'est très réussi et ça apporte une touche encore plus intime à l'ensemble. Cependant, cela laisse aussi transparaitre une certaine froideur. Difficile, en effet, de sentir une quelconque chaleur se dégager de ce que l'on a sous les yeux. Du coup, on perçoit aussi assez rapidement les limites qu'entraine ce parti pris esthétique.
Concernant l'édition, Imho fait du bon boulot et nous offre notamment quelques pages en bichromie pour entamer la lecture. Pas grand chose à redire à ce niveau-là !
Au final, il parait évident que ce Piqueur d'étoiles ne plaira pas à tous. Difficile d'accès mais débordant de personnalité tout en nous offrant la possibilité de se faire notre propre avis sur les choses abordées à travers des différents chapitres, il illustre en tous cas parfaitement bien la créativité infinie dont est capable la bande dessinée et, ce, peu importe sa provenance.
"Lorsque j'ai regardé dans cette étoile, j'ai vu surgir un gigantesque kaléidoscope. Le souvenir de cette nuit passée à tes côtés."