Photographe (la) Vol.1 - Actualité manga

Photographe (la) Vol.1 : Critiques

Tôkyô Shutter Girl

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 25 Novembre 2015

Ayumi est une lycéenne tokyoïte qui s'est récemment inscrite au club photo de son établissement scolaire afin d'expérimenter l'art de la photographie qui l'intéresse beaucoup. Au quotidien, elle prend alors plaisir à vagabonder dans les rues de la capitale nippone, cherchant sans cesse des sujets à photographier. Pour elle autant que pour le lecteur, c'est l'occasion de partir à la découverte des recoins et lieux méconnus de la ville.

Ainsi se présente La Photographe, titre de Kenichi Kiriki inaugurant la toute nouvelle collection des éditions Komikku : Horizon, qui proposera en grand format des oeuvres visant un public plus large que les lecteurs habituels de manga. De par sa ligne directrice, son format (grand, sans jaquette mais avec rabat), sa charte graphique pour la couverture (titre sobre et lisible, illustration avec vernis sélectif qualitatif, fond dominé par le blanc, bandeau en bas...), cette nouvelle collection s'inscrit dans la droite lignée de la collection Latitudes de Ki-oon ou la collection Ecritures de Casterman. Et le choix du premier manga de la collection s'avère judicieux, dans la mesure où il colle bien à l'une des lignes directrices de Komikku (la découverte d'un Japon parfois méconnu) et qu'il s'inscrit dans une veine assez proche de certains titres du populaire Jiro Taniguchi, exemple-même du mangaka touchant un public français plus large.

A l'intérieur aussi, la volonté d'offrir un travail très qualitatif se ressent : à un papier de bonne facture, une qualité d'impression honnête et une traduction de haut niveau, il faut ajouter la postface de Rumiko Tezuka (fille d'Osamu Tezuka), mais surtout la préface inédite des deux traducteurs de l'oeuvre, Patrick Honnoré et Yukari Maeda, qui nous offrent une belle entrée en matière en expliquant notamment la manière dont il faut lire la série et partir à la découverte de cette ville de Tokyo se visitant d'une façon bien différente de nos capitales européennes si l'on veut en découvrir tout le charme.

Après cela, nous voici bien prêts pour l'exploration des recoins de la capitale japonaise aux côtés d'Ayumi, au fil d'une lecture qui concrètement ne raconte rien, ou tout du moins ne possède aucun vrai scénario. En effet, chaque chapitre, de seulement 4 ou 5 pages la plupart du temps, propose simplement de suivre la jeune fille à la recherche de nouvelles choses à capter sur photo, avant que l'auteur, à chaque fin de chapitre, revienne un peu plus en détail sur chaque nouvelle découverte via des présentations textuelles. Il faut donc voir Ayumi comme une représentation du mangaka lui-même, et chaque pérégrination de la jeune fille comme un suivi des propres pas de l'auteur dans la vaste métropole. Cela n'empêche toutefois pas le mangaka d'offrir de temps à autre à son héroïne un peu plus de son insistance : découverte de sa jeune cousine avec laquelle elle vagabonde à un moment, de sa tante alitée, de Tamaki son camarade de classe et de club et plus proche compagnon dans sa passion pour la photo, du temps qui passe aussi pour elle avec la fin d'une année scolaire signifiant l'adieu au senpai du club... Des petits éléments contribuant à rendre Ayumi un petit peu plus proche et attachante.

Sur ces bases, ce premier opus couvre déjà un large panel d'endroits, allant de la terre ferme au Tokyo maritime, visitant différents quartiers, s'arrêtant dans des lieux quasiment secrets ou nous promenant simplement au gré des rues. Kiriki nous invite à découvrir une ville de Tokyo éloignée de son image persistante de mégalopole moderne, et à nous perdre dans une ville empreinte de différentes ambiances presque nostalgiques.

Pour porter son oeuvre, Kiriki adopte évidemment un dessin se voulant avant tout réaliste, que ce soit dans les physiques de ses personnages (ce qui n'empêche pas Ayumi d'être très expressive avec son regard empli de curiosité, de doux bonheur ou de passion), ou dans les omniprésents décors photoréalistes. Cela dit, ne vous attendez pas à des prouesses visuelles : sur le pur plan graphique, le style du mangaka garde quelque chose d'un brin impersonnel, mais cela ne gêne en rien puisque ce n'est pas le pur cadre visuel qui importe ici. En effet, dans ce manga tout comme dans une visite réelle de Tokyo, les considérations purement matérielles importent assez peu, et tout est avant tout question de capter l'ambiance de cette ville qui ne révèle ses secrets qu'aux plus attentifs... Mais cela, la préface vous l'explique très bien.

Dans cette forme se partageant entre le manga et le texte pur, La Photographe s'apparente alors à une sorte de guide touristique du Tokyo méconnu du grand public, et c'est avec plaisir que l'on irait bien à la découverte des différentes et nombreuses facettes et ambiances de la ville auprès de cette attachante lycéenne.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction