Petite faiseuse de livres (la) Vol.1 - Actualité manga
Petite faiseuse de livres (la) Vol.1 - Manga

Petite faiseuse de livres (la) Vol.1 : Critiques

Honzuki no Gekokujô

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 26 Février 2020

Chronique 2

En ce mois de février, les éditions Ototo accueillent leur première nouveauté de 2020: La Petite Faiseuse de Livres. Et si ce nom ne vous dit rien, peut-être connaissez-vous déjà l'oeuvre via son titre anglais, Ascendance of a Bookworm, car c'est sous ce nom que fut récemment diffusée sur Crunchyroll la première partie de sa très bonne adaptation animée ! La première partie de cet anime étant achevée depuis le 1er janvier après 14 épisodes, et la deuxième partie étant pré&vue dès avril, on peut dire que le timing d'Ototo est excellent pour nous faire découvrir ou redécouvrir l'oeuvre en version papier. Mais ce qu'il faut aussi savoir, c'est qu'à l'origine, l'oeuvre est un light novel inédit en France à ce jour, écrit par Miya Kazuki, illustré par You Shiina, et en cours de parution au Japon depuis 2013 aux éditions To Books avec déjà 23 volumes au compteur actuellement. L'adaptation manga, signée Suzuka (mangaka inconnue en France mais ayant notamment travaillé au Japon sur plusieurs manga de Danganronpa), a été publiée de 2015 à 2018 dans le magazine Comic Corona de To Books, et est achevée en 7 volumes.

Il était une fois, une jeune femme nommée Urano Motosu qui, depuis toute petite adorait les livres, au point d'en faire désormais son métier. S'intéressant à tous types de lectures au point d'avoir acquis énormément de savoir, elle ressortir brillamment diplômée de sa formation pour devenir bibliothécaire... mais c'est aussi l'instant où, alors qu'elle était sur le point d'atteindre son rêve, elle est décédée ironiquement en voyant sa collection de livres s'effondrer sur elle suite à un séisme. Au moment de mourir, elle eut tout juste le temps de faire un souhait: si elle doit renaître, qu'elle puisse continuer à lire des livres. Qui aurait cru que son rêve serait exaucé... mais seulement partiellement ? Car s'il y a un dieu, il semble bien cruel: bel et bien ressuscitée dans le corps d'une fillette de 5 ans nommée Maïn, la brillante étudiante se retrouve toutefois dans un monde à des années-lumière de ses rêves, puisque l'illettrisme y semble omniprésent et que les livres, très rares puisque l'imprimerie n'existe pas encore, y sont quasiment inaccessibles pour une famille pauvre comme la sienne ! Tout en découvrant ce monde et e cherchant des livres par tous les moyens, la fillette risque fort de bouleverser quelque peu l'étrange monde dans lequel elle s'est retrouvée...

Encore un isekai ? Oui, mais celui-ci, comme le savent déjà celles et ceux ayant vu l'anime, sera bien différent, chose que l'on ressent dès la réincarnation d'Urano dans le corps de Maïn, fillette de 5 ans qui existait déjà dans cet autre monde, ayant une santé fragile, et dont notre héroïne acquiert systématiquement tous les souvenirs en plus de se rappeler de son ancienne vie dans notre monde. En somme, voici une jeune femme coincée dans le corps d'une enfant de 5 ans chétive et ne pouvant pas faire grand chose par elle-même, qui plus est expédiée dans un monde bien différent de la plupart des isekai habituels: ici, pas de créatures de fantasy ou de magie (du moins, pour le moment), mais un monde apparaissant tout simplement ancien, médiéval, et que nous allons découvrir en même temps que Maïn pendant une bonne partie de ce premier tome.

Car ce volume 1 est avant tout, pendant sa majeure partie, un tome de mise en place, de découverte par Maïn des grands aspect de l'endroit où elle s'est retrouvée. Tout en "faisant connaissance" de sa famille avec sa mère, son père Gunther, et sa grande soeur de 7 ans l'adorable Tuuli, de premières choses frappent vite notre héroïne: il y a des petites différences étonnantes avec le monde qu'elle a connu, comme des couleurs de cheveux surprenantes (ceux de Tuuli sont verts) ou des fruits qu'elle ne connaît pas. Son escapade dans la maison familiale est sans appel: une modeste bâtisse en bois dans un immeuble, avec seulement trois pièces, sans salle de bains (car on ne se lave pas, ou rarement), sans toilettes (on se contente d'un pot de chambre dont ont jette le contenu par la fenêtre), sans eau courante... ni bibliothèque ! Maïn le comprend donc vite: sa famille n'est pas parmi les riches. L'étape suivante, celle de la découverte de la ville en accompagnant sa mère au marché, lui enseigne encore des choses: les bâtiments et l'architecture évoquent une ville ancienne européenne, des remparts entourent la ville pour la protéger (son père étant d'ailleurs un soldat gardant la porte sud), d'autres remparts intérieurs séparent le château du seigneur et les résidences des nobles des habitations pour les roturiers, les magasins sont réservés aux plus riches tandis que les "pauvres" doivent se contenter du marché, il y a un imposant temple où elle devra se faire baptiser quand elle aura 7 ans... Il y a en plus d'autres détails: le fait qu'il n'y ait pas d'école et que les enfants aident les adultes ou alors travaillent déjà, l'absence de frigo contraignant à acheter au marché de la nourriture à conserver pour l'hiver et qu'il faut donc saler et fumer... C'est ainsi tout un contexte de vraie ville médiévale que l'autrice originale met en place, un contexte pour lequel on devine une certaine documentation tant les choses apparaissent crédibles, et que la mangaka s'applique beaucoup à retranscrire dans ses décors intérieurs et extérieurs, ceux-ci étant très présents.

Dans ce contexte qu'elle découvre souvent avec un dépit un peu comique (chose que le dessin des personnages rend très bien, Maïn ayant de nombreuses expressions et nombreux gestes mignons et rigolos), la fillette va donc devoir mettre en pratique les connaissances qui lui restent de son ancienne vie, ces connaissances qu'elle a accumulées aussi bien via ses innombrables lectures que via ce que lui a appris sa mère. Bien sûr, elle découvrira pas mal de petites choses typiques de ce monde ancien, comme comment fabriquer des chandelles avec les moyens du bord. mais ce sont ses propres trouvailles qui captent le plus l'intérêt au point de même étonner ses proches: moyen astucieux pour l'époque d'attacher ses cheveux avec un bâton, fabrication d'un shampooing artisanal à base d'huile végétale... C'est que la demoiselle nous apprendrait même à nous autres lecteurs.

Mais si la série s'appelle La Petite Faiseuse de Livres s'appelle ainsi, ce n'est pas pour rien, la miss étant en permanence mue par son désir de trouver des livres dans ce monde et d'en toucher. mais de ce côté-là, elle va de mal en pis: dans un monde inspiré de notre Europe médiévale d'avant l'invention de l'imprimerie, où les livres sont alors écrits manuellement et sont donc très rares, où les roturier/pauvres savent à peine lire ou écrire (voire pas du tout) au point que l'écriture n'est même pas répandue, les livres et la lecture sont des loisirs réservés aux plus riches... Et pourtant, notre passionné héroïne ne baisse pas les bras: si elles ne peut pas avoir de livres, elle en fabriquera elle-même ! C'est ce qu'elle se met en tête, et ce sera l'un des grands axes de la série, avec à la clé certains petites mines d'informations sur des techniques anciennes de fabrication de papier et de livres, avec dès la fin de ce premier volume un premier début de mise en avant sur la technique du papyrus, issue de l'Egypte ancienne.

Voila qui promet alors le meilleur pour cette version manga qui, il faut bien le dire, débute sous les meilleurs auspices. L'installation de l'univers est aussi fluide que riche et intéressante, cette héroïne et son entourage captent tout de suite l'attention, la quête bibliophile de Maïn promet d'être très prenante, et Miya Kazuki sait mettre en image tout ça de façon riche et précise tout en narrant les choses de manière animée. Cette adaptation manga ne devrait donc pas rougir à côté de la très bonne adaptation animée, et on en lire la suite avec beaucoup d'intérêt !

Côté édition, c'est du tout bon pour Ototo. La jaquette, proche de l'originale japonaise, est très jolie. Le papier et l'impression sont de bonne qualité, et le travail de traduction/lettrage/adaptation graphique de Guillaume Draelants est très convaincant.


Chronique 1

Ototo est vraiment l'éditeur de mangas issus de licences cross-media chez nous. Citer toutes les adaptations de light-novel, existant aussi en anime, serait long et fastidieux, mais on retient quelques gros titres comme Sword Art Online, Re:Zero ou encore Overlord.
Et en ce mois de février plein de douceur, Ototo propose un autre de ces titres, une adaptation d'un ligth-novel du genre isekai... un poil différent. Publié depuis 2013, le roman Honzuki no Gekokujô (ou Ascendance of a Bookworm pour le titre international) est écrit par Miya Kazuki, et illustré par Yô Shiina. Si la version web-novel est achevée, l'édition physique continue de paraître au Japon, avec 21 tomes publiés.

Le titre s'est d'abord fait une première réputation dans nos contrées par la récente adaptation animée disponible sur Crunchyroll, produite par le studio Ajiado et réalisée par Mitsuru Hongo. La première partie de celle-ci s'est achevée fin 2019, la seconde étant prévue pour ce printemps 2020.
Le timing d'Ototo est donc particulièrement bon pour proposer la version manga dessinée par Suzuka, une artiste reconnue notamment pour ses participations à des anthologies Fire Emblem et Danganronpa. A cette occasion, l'éditeur propose un titre français : La petite faiseuse de livres, gardant l'intitulé Ascendance of a bookworm en guise de sous-titre. Le manga fut prépublié entre 2015 et 2018 dans la revue Comic Corona de l'éditeur To Books, pour un total de 7 volumes... pour la première partie. Le manga est lui aussi divisé en plusieurs cycles, dont le second a été lancé dans la même revue, chez le même éditeur par conséquent, deux opus étant actuellement parus. On peut donc considérer la série comme étant toujours en cours, approchant de la dizaine de tomes.

Urano Motosu est une amoureuse des livres, si bien qu'elle vivait entourée par des centaines, voire des milliers d'ouvrages. Une passion qui eut un prix : Suite à un séisme, des piles de bouquins lui tombent dessus... et provoquent sa mort. Mais dans son malheur, une bonne nouvelle attend Urano. La jeune femme est réincarnée dans le corps de Maïn, une fillette de cinq ans vivant dans une autre monde, à une époque semblable à celle du XIVe siècle. Aussitôt, la jeune femme fraîchement réincarnée se lance à la recherche de livre, mais ne trouve rien ! Pour cause : les livres étaient réservés à la noblesse, et chaque ouvrage valait un prix conséquent. Impossible pour elle, donc, d'accéder à un quelconque manuscrit... Plus qu'une solution pour la petite Maïn : confectionner elle-même ses propres ouvrages !

Alors que les isekai qui nous sont proposées nous immergent souvent dans des univers d'heroic-fantasy ou de dark-fantasy, La petite faiseuse de livres fait office de véritable rafraichissement. Pas de créatures fantastiques, mais une transposition plutôt crédible de l'Europe d'antan, une époque durant laquelle les livres étaient des objets pour l'élite, notamment parce que leur confection était laborieuse et longue. Une petite originalité, donc, qui correspond à l'objectif que se fixe l'héroïne de l'oeuvre : produire ses propres ouvrages. C'est donc la quête de Maïn qui nous est proposée, la fillette devant trouver un moyen de tisser du papier pour son œuvre, tout en découvrant la réalité du monde dans lequel elle évolue désormais.

Un côté découverte qui est un point important de ce premier tome, qui ne se focaliser pas seulement sur la volonté de Maïn à créer ses propres livres. Le récit de Miya Kazuki est notamment plaisant parce qu'il s'intéresse à tout l'environnement nouveau de la protagoniste, qu'il s'agisse des difficultés pour vivre correctement à l'époque, les codes sociaux d'antan, où la manière dont la petite fille peut apporter les connaissances de son ancienne vie pour améliorer son quotidien et celui des siens. Il y a presque une ambiance feel good dans ce premier opus, notamment parce que ce début d'intrigue prend aussi le temps de décortiquer l'entourage de l'enfant, sa famille comme ses amis, sans chercher à décrire de figure particulièrement négative. Chaque chapitre amène ses petites péripéties, dans une ambiance fraîche et conviviale qui nous happe sans mal aucun.

Ce qui n'empêche pas ce tome premier d'aborder le fil rouge de la série, bien au contraire. Car la découverte de Maïn de son monde permet de présenter les premières difficultés, et de pousser les réflexions de la fillette sur la manière de créer elle-même un livre, dont la première étape est la confection de papier. Un périple d'édition qui n'en n'est qu'à ses débuts, mais qui se révèle déjà plaisant grâce au caractère naïf de l'héroïne, et de l'aspect découverte du titre qui pique notre curiosité. A terme, on attend de la série qu'elle développe plus en profondeur tout cet aspect, mais le traitement est déjà particulièrement efficace dans cette amorce.

Sur le plan graphique, Suzuki a un trait fin, très précis, mais aussi expressif. Si on ressent bien la rigueur, très commune maintenant, du travail informatique qui permet notamment d'appuyer les nuances de gris, on apprécie énormément le soin accordé aux environnements. La mangaka cherche à rendre cette Europe d'antan crédible, une réussite puisque les arrière-plans et décors dépeints nous aident à y croire.

Pour l'édition, Ototo livre une copie de bonne facture, comme à son habitude : pas de page couleur (un facteur qui dépend toujours de l'édition japonaise), mais un papier fin de bonne qualité, une traduction efficace et bien vivante signée Guillaume Draelants, et une charte graphique reprenant très bien celle utilisée dans la version originale, pour un rendu de petite grimoire appréciable.

Isekai original, récit feel good dans une Europe datée, aventure éditoriale et incitation à la découverte, ce premier tome de La petite faiseuse de livres a de quoi charmer, à plus d'un égard. On attend de la suite qu'elle confirme toutes ces qualités, mais c'est un bien bon premier volume que nous propose Suzuka.
   

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

15.75 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
15.5 20
Note de la rédaction