Pavillon des hommes (le) Vol.14 - Actualité manga
Pavillon des hommes (le) Vol.14 - Manga

Pavillon des hommes (le) Vol.14 : Critiques

Ōoku

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 06 Avril 2018

Abe Masahiro l'a bien compris: l'avenir du pays dépend des relations à bâtir avec l'étranger, et notamment avec les Etats-Unis. Pour éviter une situation comme la guerre de l'opium qui a coûté une défaite aux Qing en Chine face à l'Angleterre, mieux vaut prendre garde à ne pas froisser les Américains, et considérer positivement leur proposition de traité de commerce. Pour que les choses aillent dans son sens, la grande intendante, à qui le shogun Iesada a confié les affaires politiques, n'a pas hésité à entamer une politique de coalition où les mito et daimyo de l'extérieur peuvent prendre part aux affaires. Mais ce n'est pas encore suffisant, et il lui faut trouver encore d'autres alliés de poids. Et ça tombe bien, puisqu'à Satsuma, le gouverneur Shimazu Nariakira, partisan de l'ouverture, souhaite pousser Iesada à désigner comme son successeur Hitotsubashi Yoshinobu afin d'accroître son influence. Un certain terrain d'entente pourrait alors être trouvé entre Masahiro et Nariakira, et se concrétiser à travers un homme...


Le tome 13 du Pavillon des Hommes s'achevait sur la brève entrée en scène de l'homme destiné à devenir le troisième époux d'Iesada: Taneatsu. Ce 14ème volume s'ouvre sur la découverte de cet homme, séducteur invétéré vivant à Satsuma, beau d'apparence, mais également doté d'un certain esprit. Ayant vite fait d'attirer Nariakira qui veut l'adopter pour ses propres desseins, voici le jeune homme propulsé en un rien de temps à la cour, en tant que nouvel époux du shogun, et chargé par son bienfaiteur d'inciter Iesada à choisir en successeur Yoshinobu plutôt que la jeune princesse Tomiko qui a pour l'instant ses faveurs.


Le tome s'ouvre donc sur d'excellentes promesses, de par le double drôle que Taneatsu est obligé de jouer. Censé être un espion, mais également devenu le nouveau mari d'Iesada, il se demande forcément ce qui l'attend, tant les rumeurs sur le shogun sont mauvaises, notamment celles sur la mort de ses deux précédents maris que son défunt père Ieyoshi avait pris soin d'immiscer. Une bonne part du récit va alors jouer ici sur la naissance de la relation entre Taneatsu et Iesada. Tout ce qu'on peut dire de néfaste sur le shogun est-il vrai ? Taneatsu va découvrir une femme qui reste très renfermée, se montre peu à l'extérieur, ne sourit pas, pour des raisons que le lecteur connaît déjà. Mais il va surtout entrevoir une femme à l'esprit étonnant et avisé, qui pourrait bien réellement le séduire... Au fil du tome, Fumi Yoshinaga excelle dans la peinture de ce nouveau couple, que l'on voit évoluer avec beaucoup d'intérêt. Taneatsu sera-t-il enfin l'homme apte à faire changer Iesada, à la faire sortir, sourire, prendre mieux soin d'elle-même ? Pourra-t-il conjuguer cela avec la mission qu'il est censé accomplir ?


Pendant ce temps, le pays, lui, continue de bouger petit à petit, avec l'imminence du traité proposé par les USA et l'impulsion enclenchée par Abe Masahiro. Entre les petits conflits de valeurs et de succession qui sont toujours là, la mangaka continue de bien gérer les choses sans rien omettre, et de revisiter avec talent certains personnages et faits historiques. Mais au-delà de la grande Histoire, elle n'oublie jamais de s'intéresser également à ses personnages de plus près, avec la prise d'importance de certains (Hotta Masayoshi, II Naosuke...), la disparition d'autres, des tourments plus personnels... A ce titre, ici c'est Abe Masahiro qui parvient suffisamment à émouvoir, en montrant derrière ses grandes décisions toute la considération qu'elle a pu avoir pour Iesada, avec qui elle a partagé tant de choses. Un passage comme celui des castellas en est un bon exemple.


Entre réécriture historique, querelles de succession ou d'ego, immersion captivante auprès de figures que l'on aime découvrir de façon plus personnelle et intime, Le Pavillon des Hommes est une lecture toujours aussi passionnante et maîtrisée.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction