Palais des Assassins (le) Vol.7 : Critiques

Alors que Karin, désormais servante supérieure affectée au pavillon de la grande concubine Ga, s'acclimate petit à petit dans cet endroit qui a tout d'un nid de vipères pour elle, un événement d'envergure arrive: une visite de la fille et de la petite-fille du ministre Koho I pour prendre le thé. Ordre est donné par Ga de tout faire pour que la petite Shin passe un agréable moment, étant donné que celle-ci est d'ores et déjà promise en mariage au jeune prince Bo, propre fils capricieux de la grande concubine. Mais hélas pour Karin, la voici dans une situation périlleuse, et cela pour deux raisons. Non seulement elle a découvert que Ranka, la douce et charmante dame de compagnie de Bo qui l'adore, a en effet pour projet personnel d'éliminer le jeune prince, pour le bien de sa vraie maîtresse Koho qui n'est aucune de rien ! Mais en plus, Bo lui-même, qui vit très mal cette idée de mariage, a demandé à Karin de tuer l'innocente Shin... Dans sa volonté de sauver les deux enfants qui ne sont que les jouets des ambitions des adultes, notre héroïne se retrouve bientôt dans une situation complexe où elle elle est désignée principale suspecte d'une tentative d'assassinat du prince et est emprisonnée ! Dans ce contexte plus dangereux que jamais pour elle, a-t-elle encore une chance d'éviter que le pire n'arrive ?

La réponse qui se dessine dans la grande première partie de ce volume est aussi prenante que forte.
Tout d'abord, car il y a une vraie tension et un réel plaisir à voir Karin se démener, depuis sa cellule (dont elle pourrait certes facilement s'échapper, mais cela compliquerait encore plus la situation), pour sauver tout le monde éviter le moindre mort. Pour cela, notre héroïne dévoile quelques merveilles d'ingéniosité pour tirer parti des moyens à sa disposition, des capacités dont elle peut faire usage depuis sa cellule, le résultat étant assez malin et grisant.
Ensuite, car les autres personnages en quelque sorte victimes de tout ça ne sont aucunement oubliés: tandis que l'on sent à quel point Shin et surtout Bo ne sont que des pions dans les ambitions de Ga en particulier (pour s'en convaincre, il suffit de voir comment l'odieuse grande concubine traite elle-même son jeune fils par moments), c'est également le focus sur Ranka qui se fait facilement touchant, dès lors que l'on découvre son enfance injuste et tout ce qu'elle doit à Koho et à Shin qu'elle considère comme sa famille, le lien entre ces trois figures étant bien mis en valeur.
Et enfin (voire surtout) parce que, au bout de toute cette affaire, on sent à quel point Karin mûrit encore dans une volonté qu'elle affirme et assume toujours plus en son for intérieur: tout faire, à son échelle, pour sauver tout le monde, et donc mettre ses talents d'assassin au service de la cause inverse pour changer en mieux le monde, la cour et les gens qui y vivent. Une affirmation qui devient en quelque sorte une consécration lorsque, enfin, par le biais de Koho, la jeune fille a enfin l'occasion d'en apprendre davantage sur une femme qui affichait autant de valeurs qu'elle: sa propre mère disparue quand elle était petite dans des conditions toujours assez floues, et dont elle découvre quelles convictions fortes elle avait, quite à passer pour une démone afin de les porter en avant.

On ressort alors plutôt ébouriffé par toute cette phase qui, mine de rien, amène énormément de choses, entre le déroulement et l'issue des tentatives de meurtres sur les jeunes Bo et Shin, l'affirmation par Karin de son idéal qu'elle veut désormais plus que tout atteindre, et l'occasion qui lui est donnée d'enfin en apprendre davantage sur les liens et les valeurs de la femme forte qui l'a mise au monde. Et le mieux dans tout ça, c'est que la dernière partie du volume est très loin de laisser les choses retomber, en voyant Tabasa Iori enchaîner les enjeux autour du jeune empereur Gyosei, de son statut de pantin entre les mains de la grande impératrice douairière, et des remous autour du lien de confiance entre le jeune garçon et notre héroïne. On va éviter d'en dire plus afin de ne pas trop en révéler, mais là aussi des évolutions et affirmations très nettes ont lieu, ce qui nous promet une suite d'autant plus prenante !