PPPPPP Vol.1 - Actualité manga
PPPPPP Vol.1 - Manga

PPPPPP Vol.1 : Critiques

PPPPPP

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 14 Mars 2023

Parmi les étoiles montantes du magazine Shônen Jump, une série a particulièrement attiré l'œil des lecteurs hors Japon. Premier manga signé Mapollo3 -ou Mapollo-3-Gô), PPPPPP fait suite à la parution d'une histoire courte du mangaka, Dadadadaan, aussi dans le Jump. Un manga qui a su surprendre par son ton et ses propositions visuelles, ainsi l'éditeur français nobi nobi ! était en droit d'espérer détenir son grand hit de la Shûeisha, en récupérant la licence chez nous. Mais le destin sait se montrer cruel, de même pour la réalité éditoriale du Jump qui, après plusieurs chapitres aux mauvais résultats dans les concours de popularité, a annulé la sérialisation, de manière à annoncer une fin au 8e volume. Une annonce d'autant plus forte qu'elle survient lors du lancement de la parution chez nous. Qu'à cela ne tienne, parce qu'un titre annulé au Japon n'est pas automatiquement signe de manque de qualité, il y a se quoi s'intéresser à ce PPPPPP.

Lucky est le dernier d'une fratrie de septuplés, descendance du grand pianiste Otogami. Chacun d'eux possède un indéniable talent pour le piano... excepté Lucky, renié par son père, ce qui engendra d'importants soucis de santé à sa mère. Élevé par une tante qui le martyrise, du fait qu'elle adule le père du garçon, ce dernier n'a pas d'ambition, si ce n'est abandonner ses études pour trouver du travail. Une chose est sûre : Il ne compte pas devenir pianiste, lui qui n'a aucun don inné. Pourtant, le souhait de sa mère est sans appel : Lucky doit aussi devenir pianiste. Et c'est peut-être une étincelle qui réside dans le jeu du garçon que ce dernier pourra trouver la clé pour percer, ou du moins intégrer une école de musique...

Le plot de PPPPPP pourra nous paraître commun pour certains de ses mécanismes, loin d'être de l'ordre du jamais vu pour une parution du Shônen Jump. De l'enfant rejeté par son père à sa mère mourante, jusqu'à être le moins doué de la fratrie et, par conséquent, voué à faire ses preuves, Mapollo-3 reprend quelques ficelles familières pour nourrir les débuts de son récit musical, l'histoire du jeune pianiste qu'est Lucky. Certes, mais il les reprend avec sa patte, aussi bien en termes de style que d'écriture, deux aspects qui nourrissent la dimension sombre de cette histoire.

Car de bout en bout, il y a quelque chose de l'ordre du misérable dans ce premier volume, dans le sens où tout le destin abominable du protagoniste vient donner à l'ensemble une aura particulière, comme si le schéma de l'héritier voué à faire ses preuves existait dans un univers où le doux réconfort de quelques ainés n'existait pas, et dans une intrigue où la véhémence d'autrui envers lui atteignait des sommets. Toute cette dimension est appuyée par la patte stylisée du mangaka, excentrique et pointue, qui amène une densité assez inédite à ce type de récit. Si son art sert un certain humour, notamment par le détachement dont fait preuve Lucky par rapport à ses divers malheurs, il rajoute aussi énormément de froideur, comme si lire dans ces personnages était chose impossible. Il y a donc quelque chose de la sensation et du ressenti, une atmosphère assez neuve et qui fait sortir des sentiers battus un manga dont le synopsis paraît, pourtant, assez simple. PPPPPP était-il trop ambitieux pour le Jump d'aujourd'hui ? Pas impossible, même s'il est délicat de juger toute une œuvre sur son premier opus. Selon son développement, l'histoire éditoriale de la série sera un cas intéressant à analyser.

Outre l'émotion propre au titre de Mapollo-3, et en dépit d'un certain classicisme dans les idées de base, il y a un vrai plaisir à suivre ce début d'histoire, ne serait-ce la manière dont le jeune Lucky parviendra à tirer son épingle du jeu, lui qui paraît si loin de ses frères et sœurs. Tout le long de l'opus, l'auteur invoque des idées toujours de l'ordre de l'écueil classique, mais qui viennent nourrir le parcours initiatique du protagoniste, de manière à de jamais perdre de temps dans la progression. Cela pourra même sembler aller trop vite pour une part du lectorat, tant ce simple premier ouvrage amène une confrontation face à l'un des membres de la famille Otogami. Un rythme qui n'a pas de quoi totalement déranger, tant les qualités de ce tome de démarrage sont nombreuses, en parallèle. Entre le classicisme et l'audacieux, PPPPPP nous régale sur ce départ. Et même si nous connaissons aujourd'hui le destin funeste de la publication, il y a de quoi avoir hâte de découvrir la suite de l'histoire de l'attachant Lucky.

Concernant l'édition, nobi nobi ! offre une belle copie, l'opus étant nourri d'un papier solide, de belles finitions, ou encore du travail graphique aux petits oignons du studio Charon. Signée Anne-Sophie Thévenon, la traduction sonne juste, et contribue à la force du récit.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs