Overlord - Light Novel Vol.1 - Actualité manga
Overlord - Light Novel Vol.1 - Manga

Overlord - Light Novel Vol.1 : Critiques Le Roi Mort-Vivant

Overlord

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 20 Octobre 2017

Si vous suivez de près la culture pop japonaise, le nom d'Overlord vous dit sûrement quelque chose. Adaptée en un manga (en cours de parution depuis début 2017 en France chez Ototo), mais aussi en une série animée (diffusée en simulcast sur ADN en 2015, sortie en DVD/Blu-ray en juillet dernier chez Kana, et qui connaîtra en 2018 une 2ème saison), cette oeuvre est, à l'origine, un light novel écrit par Kugane Maruyama et illustré par so-bin, dans la mouvance des titres si à la mode en ce moment qui reprennent des univers typés MMORPG, et publié depuis 2012 au Japon chez Enterbrain. Toujours en cours au Japon avec à ce jour une douzaine de volumes, l'oeuvre a d'abord connu, à partir de 2010, un court passage par une publication web, avant d'être repérée par Enterbrain.


Pour sa version française, les éditions Ofelbe ont choisi un format double : chaque tome français contiendra deux tomes japonais. Ce qui, ici, nous offre un joli pavé de plus de 520 pages, le tout en grand format. La recette est donc similaire aux titres de la collection standard de l'éditeur, comme Sword Art Online ou Spice & Wolf. Toutefois, on constate qu'Overlord inaugure encore une autre collection : "Big LN", qui est donc, comme son nom l'indique, une variante de la collection "LN", la collection où sont publiés des titres comme DuRaRaRa!! et DanMachi. En réalité, l'édition d'Overlord reprend donc les caractéristiques de cette collection "LN3 : couverture plus souple, présence de rabats, incursion de toutes les illustrations y compris les dépliants... Et le résultat est vraiment magnifique. Grâce à un papier bien souple et, surtout, à une reliure d'excellente qualité qui permet de bien ouvrir le tome et de tourner les pages très facilement, la sensation de confort à la lecture est totale, et on a beau avoir entre les mains un pavé, il reste assez léger et très facile à manipuler. C'est aussi la qualité de la traduction qu'il faut saluer : Yoan Giraud, également traducteur du manga, livre une version française exemplaire, qui trouve un excellent équilibre entre un style assez littéraire, des tournures de phrase fluides et immersives, et une capacité à parfaitement laisser assimiler les caractéristiques très nombreuses de l'univers. Il fallait vraiment souligner la qualité de cette édition avant de passer aux choses sérieuses !


Pendant pas moins de 12 ans, le jeu Yggdrasil a été un soft emblématique parmi les DMMO-RPG, essentiellement grâce à son immense liberté d'action, qui permettait par exemple de modifier selon ses désirs son avatar, ses objets et son logement. C'est dans ce jeu que "Momonga" s'est donné pendant des années, jour après jour, en tant que nécromancien mort-vivant, fondant en compagnie de 41 autres joueurs le Grand Tombeau de Nazarick, QG d'Ainz Ooal Gown, une guilde maléfique qui ne réunissait que des adultes dans la vie active et qui était, parmi les milliers de guildes du jeu, l'une des plus puissantes. 


Malheureusement, tout cela est sur le point de partir en fumée définitivement, avec l'arrêt du jeu. A quelques heures, quelques minutes de la fin d'Yggdrasil, tous les joueurs sont déjà partis, se sont déconnectés à tout jamais. Tous, sauf "Momonga", qui n'arrive pas à faire son deuil. Sans doute moins intéressé par la réalité que ses anciens compagnons d'aventure qui ont bien fondé leur vie active, "Momonga" s'accroche à cet univers RPG, prend le temps de dire au revoir à ce qu'il avait fondé, ainsi qu'aux avatars de ses anciens compagnons, s'amusant même à modifier un brin le script de l'un d'eux, la belle Albedo qu'il rend amoureuse de lui comme un ultime moment de fun. Les dernières secondes d'existence du jeu arrivent enfin, l'heure des adieux est arrivée... mais sont-ce vraiment des adieux ?


Le compte à rebours a beau être passé, "Momonga" est toujours là, dans son avatar de nécromancien. Et bien loin de disparaître, les autres avatars et PNJ prennent vie et acquièrent leur identité propre...


Ainsi débute "Le Roi Mort-Vivant", le premier roman, qui correspond donc à la première moitié de ce tome double. 


Avec son concept de base où un joueur se retrouve coincé dans le MMO-RPG auquel il participait, Overlord aurait pu s'inscrire tout simplement dans une ligne directrice déjà bien établie avec des titres comme Sword Art Online, Log Horizon, ou Outlaw Players pour citer une série française. Mais juger l'oeuvre sur cette unique idée serait une grosse erreur, pour plusieurs raisons, en tête desquelles le fait que "Momonga" soit visiblement (en tout cas, pour l'instant) le seul joueur à se retrouver coincé dans ce jeu. Alors que tous ses anciens compagnons joueurs se sont déjà déconnectés, lui est resté jusqu'à la dernière seconde.


L'autre point intéressant dès le départ est qu'autour de "Momonga", tous les autres avatars de joueurs et les PNJ obtiennent leur identité propre, peuvent se mouvoir, et agir plus librement... Enfin, sur ce dernier point, c'est un peu moins le cas pour les avatars et "habitants" du Grand Tombeau de Nazarick, scriptés par l'ancienne guilde de "Momonga" de manière à servir la guilde et notre héros ! Mais à l'extérieur, les autres personnages rencontrés seront forcément moins prévisibles... d'ailleurs, sont-ils encore de simples personnages ? La façon dont ils prennent vie, deviennent indépendants, laisse bien penser le contraire.


Et cette impression ne cessera de se confirmer sous les yeux de Momonga, car le monde qu'il commence à découvrir dans ce premier tome ne ressemble plus à l'Yggdrasil qu'il a connu. Mais alors, qu'est-ce que ce monde ? Est-ce encore un univers virtuel, ou alors est-ce devenu une réalité pour lui et les autres habitants ? C'est en observant ses propres premiers pas dans cet univers qu'il va pouvoir se forger ses premières idées et impressions. Redécouverte de ses plus proches alliés/serviteurs, premiers dangers, premières requêtes, premiers combats, petites expérimentations comme celle de la douleur... avec en toile de fond un objectif qui se forge chez notre héros. Trois fois rien, rassurez-vous. Juste devenir le souverain de ce monde.


Et c'est en ce dernier point qu'Overlord finit d'intriguer, en posant un personnage principal atypique pour un récit de ce genre. En découvrant peu à peu ce monde a priori hostile et qui ne demande qu'à être conquis, "Momonga" finit vite par souhaiter en devenir le maître, l'homme le plus important et craint. Des ambitions un poil maléfiques qui ressortent d'autant mieux que, rappelons-le, il est à la base un nécromancien. Et son parcours s'annonce encore plus intéressant de par le fait qu'il possède déjà une puissance phénoménale grâce à son expérience acquise dans le jeu : son pouvoir semble tout surpasser, y compris les dieux maléfiques, et l'on se demande donc forcément quel type d'épreuves l'attendent !


Les épreuves, elles commencent plus concrètement dans le deuxième roman "Le Guerrier Noir", car après des premières rixes qui servaient surtout d'introduction et à démontrer la surpuissance du personnage principal, ici une quête où Ainz part se confronter au puissant gardien d'une forêt avec d'autres aventuriers va dégénérer sur un danger plus important et indépendant de notre héros, où une sombre machination fomentée par un groupuscule religieux menace de frapper violemment. On n'en dira pas plus pour ne pas spoiler, soulignons simplement que ces premiers véritables ennemis indépendants et plus puissants pourront peut être démontrer encore un peu plus la force et les ambitions de Momonga.


Le danger avec un récit de ce type, c'est de se sentir vite perdu à la lecture face à un univers typé RPG. Heureusement, l'écriture de Kugane Maruyama est d'une fluidité exemplaire, qui ne nous perd jamais. Pourtant, son univers, dès le départ, se veut très, très détaillé, cohérent et crédible, mais c'est à travers les observations de Momonga que se fait petit à petit l'accumulation d'informations. Le lecteur est amené à se familiariser à ce monde en même temps que lui, et on assimile alors très aisément, les unes après les autres, les différentes choses... Et il y en a beaucoup ! C'est avec le même procédé, et avec le même plaisir, que l'on voit se peaufiner peu à peu une palette de personnages qui s'annoncent intéressants dans leur façon d'être. 


On constate alors que la plus grande qualité du récit est décidément ce personnage principal plutôt atypique, notre cher nécromancien mort-vivant. L'idée d'en avoir fait d'emblée un personnage particulièrement puissant, voire peut-être le plus fort, est intéressante, car du coup, contrairement à bien d'autres oeuvres du genre, on oublie les classiques entraînements et phases de quêtes pour le gain d'expérience afin de plutôt se concentrer sur le regard qu'Ainz pose sur ce monde qu'il découvre, en tant qu'être déjà surpuissant. Regard qui nous confirme petit à petit son statut atypique, tant il semble souvent observer des choses pourtant dramatiques sans forcément beaucoup sourciller ou en émettant des choses plutôt inquiétantes. Très éloigné des héros habituels sans pour autant être un anti-héros, le puissant Ainz dégage quelque chose de mauvais, de par sa nature même de nécromancien, mort-vivant et donc dépourvu de coeur, et ne s'émouvant donc pas de ce qui peut arriver à bon nombre de ses compagnons temporaires. Loin d'agir pour le bien des autres (par exemple, il ne sauvera jamais personne par pure charité), il agit avant tout pour ses propres intérêts, à savoir son désir d'accroître sa réputation et de s'imposer comme le Seigneur de ce monde. Cela en fait assurément un personnage principal très éloigné des standards héroïques, c'est ce qui le rend si original, et c'est parfaitement rendu par un écrivain qui s'applique constamment à faire ressortir cette façon de penser.


Il en résulte forcément autre chose : oui, Overlord est un récit qui se veut très sombre. Son univers est dur, les humains n'y sont même souvent que de la chair à pâté et sont vus comme faibles, voire sont traités comme des déchets (bisous à Narberal, l'une des servantes de Momonga, qui les hait plus que tout en ne les considérant que comme des insectes, et le leur montre bien), et Maruyama ne se privera jamais de démontrer tout ça. Les morts atroces avec des descriptions peu ragoûtantes (pensée pour Clémentine !), les manigances très sombres, les situations inquiétantes, les rêves brisés, sont autant de choses auxquelles Momonga se confrontera, en y participant, ou simplement en les observant, mais toujours avec sa froideur. Ainsi, l'ambiance est capable de devenir très sombre et dure, et l'auteur n'a aucune hésitation à tuer violemment ses personnages dès qu'il n'en a plus besoin, justifiant dès lors le statut dark fantasy de l'oeuvre. Pourtant, l'auteur régale d'autant plus qu'il mêle régulièrement à cela un humour tantôt noir (à travers les réflexions de Momonga, ou le regard que porte Narberal sur les humains), tantôt plus loufoque (à l'image de la nature absolument adorable du monstre de la forêt !).


Un mot sur les illustrations de so-bin, qui sont époustouflantes, ne serait-ce que sur la couverture où l'artiste impose quelque chose de grandiose, avec de multiples couches et nuances et une forte impression de noirceur et de grandeur. Globalement, les illustrations ne sont pas très présentes : il y en a au début et à la fin, et à chaque ouverture de chapitre. mais elles ont le mérite d'être en couleurs, et le travail est à chaque fois bluffant dans l'ambiance posée. Qui plus est, on est dans un style peu typé manga/anime, et vraiment branché fantasy, ce qui est totalement représentatif du récit.


A l'issue de ce premier roman double, Overlord pose un univers captivant qui fourmille de détails, des personnages forts (à commencer par son héros qui s'éloigne de tous les poncifs), une écriture délicieuse, le tout au service d'une quête qui s'annonce aussi sombre qu'épique ou surprenante. Kugane Maruyama n'hésite pas à détourner les codes et les attentes afin d'offrir un récit de dark fantasy dépourvu des valeurs habituelles, comme il a toujours voulu en trouver. Le résultat ne ressemble à quasiment rien de connu, est profondément immersif et, sur ce premier tome, annonce un long récit épique passionnant.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17.5 20
Note de la rédaction