Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 23 Mars 2021
Découverte en France par Casterman en 2012 avec son oeuvre phare Thermae Romae, Mari Yamazaki est, depuis, devenue une mangaka emblématique de l'éditeur, en étant ensuite revenue avec le one-shot PIL puis la série Pline. Ainsi, il n'est pas étonnant de la voir une nouvelle fois débarquer dans le label Sakka en ce mois de mars avec sa dernière série en date, Olympia Kyklos ! Tout en continuant de dessiner Pline en parallèle, la mangaka a lancé cette oeuvre au Japon en 2018 dans le magazine Grand Jump des éditions Shûeisha. Annoncée par Casterman dès janvier 2020 pour une publication initialement prévue à partir du mois de mai de l'année dernière, l'oeuvre a finalement dû être reportée à cette année à cause du premier confinement. Entretemps, le manga a connu une adaptation en série animée, diffusée en France sur la plateforme Crunchyroll, et qui s'est étendue sur 24 épisodes entre avril et novembre 2020, la date de lancement ayant été initialement choisie à proximité des Jeux Olympiques de Tokyo (le manga ayant pour thème les JO) avant que ces derniers ne soient reportés.
Olympia Kyklos nous plonge en pleine Grèce du IVe siècle avant notre ère, auprès de Démétrios, un jeune peintre sur amphore aux talents plus ou moins avérés, et qui, dans son village de Tritonia, pourrait briller bien plus dans un tout autre domaine s'il le voulait, à savoir le sport, notamment grâce à ses jambes particulièrement habiles. Mais le fait est que le jeune homme, depuis la mort tragique de ses parents par le passé, ne veut aucunement entendre parler de quoi que ce soit ayant un rapport avec les notions de compétition ou de combat, d'autant qu'il déteste l'idée d'aplatir les autres. C'est ainsi qu'aux côtés de son maître, il préfère largement vivre humblement de sa peinture, tout en admirant de loin l'amour de sa vie, la belle Apollonia, fille du chef du village à qui il n'a même jamais osé parler, et qui est de toute façon déjà promise à son meilleur ami Ampelius.
Une vie simple et sans grandes ambitions, donc... mais une vie qui est vouée à basculer le jour où le chef d'une cité voisine vient réclamer à celui de Tritonia non seulement ses terres, mais aussi sa fille ! Embarqué dans l'affaire, Démétrios se retrouve à devoir être le héros du village en affrontant l'ennemi dans une épreuve sportive, et il n'a pas le choix s'il veut préserver le bonheur d'Apollonia. Désespéré à l'idée de devoir participer à l'une de ces épreuves qu'il déteste plus que tout, il se réfugie dans un grand vase pour se lamenter. Mais quand l'objet est touché par un éclair et qu'il en sort, c'est à une époque totalement impensable pour lui qu'il se retrouve: Tokyo en 1964, à l'époque des Jeux Olympiques ! Peut-être est-ce Zeus lui-même qui l'a frappé de son éclair, le promettant à un important avenir...
Après Thermae Romae qui projetait un héros de la Rome antique dans le Japon contemporain, Mari Yamazaki recycle donc les grandes lignes du pitch l'ayant fait connaître en France, mais en s'intéressant cette fois-ci non pas à un roman ni précisément à notre époque, mais à un grec et au Japon de 1964, à l'heure où les J.O. de Tokyo sont là. Dans les faits, Yamazaki suit pour l'instant un schéma classique où, à chaque fois que Démétrios se retrouve face à un problème d'ordre sportif à son époque, il se retrouve propulsé à Tokyo par la force d'un éclair semblant pouvoir surgir un peu quand ça arrange la mangaka (ou Zeus ?). A notre héros grec, alors, de tirer des leçons de ce qu'il voit (principalement sur le plan sportif) au Japon pour l'appliquer dans sa Grèce antique ensuite, non sans croiser à Tokyo quelques personnages très (trop ?) compréhensifs (essentiellement un ancien chercheur japonais sur la culture grecque, qui sera pour lui un interprète fort utile).
Concrètement, au-delà de sa simplicité, le schéma de ce début de série pourra apparaître un brin cousu de facilités aux yeux de certain(e)s, entre les voyages temporels qui surgissent un peu comme ça arrange l'autrice, et des éléments comme la présence dès le départ de ce professeur parlant parfaitement le grec ancien. Mais Olympia Kyklos n'est pas le genre de série où les détails de ce type chagrinent vraiment, car l'intérêt est largement ailleurs, et réside en premier lieu dans la vision de deux cultures et deux époques que la mangaka confronte pour mieux enrichir son personnage principal et le pousser de l'avant. Ainsi, en plus de découvrir des sports lui semblant surprenants comme la course à l'oeuf, Démétrios prendra conscience de valeurs sportives dont il n'avait pas conscience et allant au-delà de la compétition et de la rivalité. De plus, tout en s'appliquant dans sa peinture de la Grèce antique tout comme elle l'avait fait pour Rome dans Thermae Romae, l'autrice commence déjà aussi un petit cours d'Histoire sur les JO de 1964, en évoquant par exemple le parcours de la flamme olympique, ou l'exploit réalisé en course par Kôkichi Tsuburaya. Et tout ceci s'emballe aussi dans une part d'humour qui, évidemment, joue surtout sur les décalages d'époque et de culture, comme quand Démétrios découvre des choses comme le sucre ou les lunettes, ou qu'il se retrouve dans des situations normales pour lui mais gênantes pour les japonais de 1964 (courir tout nu pendant les JO, ça passe moyen). Enfin, visuellement, on retrouve toutes les qualités de Yamazaki, avec des décors soignés, un rendu assez documenté, et des designs aux allures de statues grecques.
Il s'agit, en somme, d'un début plaisant où, loin de se contenter de recycler le principe de Thermae Romae, Mari Yamazaki développe petit à petit une oeuvre ayant son propre charme, que ce soit pour sa part historique, pour ce qu'elle retire du choc entre deux cultures séparées plus encore par le temps que par l'espace, ou pour sa pointe d'humour fonctionnant déjà très bien.
Qui plus est, l'édition s'avère excellente, avec en premier lieu 6 pages bonus très intéressantes écrites par Yamazaki, et une traduction bien inspirée de Ryoko Sekiguchi et Wladimir Labaere qui jouent efficacement sur les différences de langage entre les époques. On saluera aussi les 4 premières pages en couleurs, le papier bien épais, la très bonne impression, et l'adaptation graphique soignée de Hinoko.
Olympia Kyklos nous plonge en pleine Grèce du IVe siècle avant notre ère, auprès de Démétrios, un jeune peintre sur amphore aux talents plus ou moins avérés, et qui, dans son village de Tritonia, pourrait briller bien plus dans un tout autre domaine s'il le voulait, à savoir le sport, notamment grâce à ses jambes particulièrement habiles. Mais le fait est que le jeune homme, depuis la mort tragique de ses parents par le passé, ne veut aucunement entendre parler de quoi que ce soit ayant un rapport avec les notions de compétition ou de combat, d'autant qu'il déteste l'idée d'aplatir les autres. C'est ainsi qu'aux côtés de son maître, il préfère largement vivre humblement de sa peinture, tout en admirant de loin l'amour de sa vie, la belle Apollonia, fille du chef du village à qui il n'a même jamais osé parler, et qui est de toute façon déjà promise à son meilleur ami Ampelius.
Une vie simple et sans grandes ambitions, donc... mais une vie qui est vouée à basculer le jour où le chef d'une cité voisine vient réclamer à celui de Tritonia non seulement ses terres, mais aussi sa fille ! Embarqué dans l'affaire, Démétrios se retrouve à devoir être le héros du village en affrontant l'ennemi dans une épreuve sportive, et il n'a pas le choix s'il veut préserver le bonheur d'Apollonia. Désespéré à l'idée de devoir participer à l'une de ces épreuves qu'il déteste plus que tout, il se réfugie dans un grand vase pour se lamenter. Mais quand l'objet est touché par un éclair et qu'il en sort, c'est à une époque totalement impensable pour lui qu'il se retrouve: Tokyo en 1964, à l'époque des Jeux Olympiques ! Peut-être est-ce Zeus lui-même qui l'a frappé de son éclair, le promettant à un important avenir...
Après Thermae Romae qui projetait un héros de la Rome antique dans le Japon contemporain, Mari Yamazaki recycle donc les grandes lignes du pitch l'ayant fait connaître en France, mais en s'intéressant cette fois-ci non pas à un roman ni précisément à notre époque, mais à un grec et au Japon de 1964, à l'heure où les J.O. de Tokyo sont là. Dans les faits, Yamazaki suit pour l'instant un schéma classique où, à chaque fois que Démétrios se retrouve face à un problème d'ordre sportif à son époque, il se retrouve propulsé à Tokyo par la force d'un éclair semblant pouvoir surgir un peu quand ça arrange la mangaka (ou Zeus ?). A notre héros grec, alors, de tirer des leçons de ce qu'il voit (principalement sur le plan sportif) au Japon pour l'appliquer dans sa Grèce antique ensuite, non sans croiser à Tokyo quelques personnages très (trop ?) compréhensifs (essentiellement un ancien chercheur japonais sur la culture grecque, qui sera pour lui un interprète fort utile).
Concrètement, au-delà de sa simplicité, le schéma de ce début de série pourra apparaître un brin cousu de facilités aux yeux de certain(e)s, entre les voyages temporels qui surgissent un peu comme ça arrange l'autrice, et des éléments comme la présence dès le départ de ce professeur parlant parfaitement le grec ancien. Mais Olympia Kyklos n'est pas le genre de série où les détails de ce type chagrinent vraiment, car l'intérêt est largement ailleurs, et réside en premier lieu dans la vision de deux cultures et deux époques que la mangaka confronte pour mieux enrichir son personnage principal et le pousser de l'avant. Ainsi, en plus de découvrir des sports lui semblant surprenants comme la course à l'oeuf, Démétrios prendra conscience de valeurs sportives dont il n'avait pas conscience et allant au-delà de la compétition et de la rivalité. De plus, tout en s'appliquant dans sa peinture de la Grèce antique tout comme elle l'avait fait pour Rome dans Thermae Romae, l'autrice commence déjà aussi un petit cours d'Histoire sur les JO de 1964, en évoquant par exemple le parcours de la flamme olympique, ou l'exploit réalisé en course par Kôkichi Tsuburaya. Et tout ceci s'emballe aussi dans une part d'humour qui, évidemment, joue surtout sur les décalages d'époque et de culture, comme quand Démétrios découvre des choses comme le sucre ou les lunettes, ou qu'il se retrouve dans des situations normales pour lui mais gênantes pour les japonais de 1964 (courir tout nu pendant les JO, ça passe moyen). Enfin, visuellement, on retrouve toutes les qualités de Yamazaki, avec des décors soignés, un rendu assez documenté, et des designs aux allures de statues grecques.
Il s'agit, en somme, d'un début plaisant où, loin de se contenter de recycler le principe de Thermae Romae, Mari Yamazaki développe petit à petit une oeuvre ayant son propre charme, que ce soit pour sa part historique, pour ce qu'elle retire du choc entre deux cultures séparées plus encore par le temps que par l'espace, ou pour sa pointe d'humour fonctionnant déjà très bien.
Qui plus est, l'édition s'avère excellente, avec en premier lieu 6 pages bonus très intéressantes écrites par Yamazaki, et une traduction bien inspirée de Ryoko Sekiguchi et Wladimir Labaere qui jouent efficacement sur les différences de langage entre les époques. On saluera aussi les 4 premières pages en couleurs, le papier bien épais, la très bonne impression, et l'adaptation graphique soignée de Hinoko.