Nos c(h)oeurs évanescents Vol.4 - Manga

Nos c(h)oeurs évanescents Vol.4 : Critiques

Shonen Note

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 01 Mars 2021

Chronique 2 :

Complètement égaré, Yutaka a déserté la chorale. Celle-ci accroit ses performances, mais l'absence du jeune soprano se fait sentir. Le groupe cherche alors à se maintenir au niveau en vue du concours national, mais seul l'été le sépare de la compétition fatidique. La timide Mariko brave alors ses blocages pour proposer de ramener Yutaka dans la chorale à tout prix. Contre toute attente, c'est à Machiya qu'elle se livre, un échange qui pourrait lui permettre d'aller de l'avant.

Œuvre pleine de douceur, Nos C(h)oeurs évanescents a pourtant proposé un troisième tome plus sombre, dans lequel le protagoniste qu'est Yuta s'est trouvé en proie à ses démons, son jonglage entre la chorale et la troupe d'opéra mêlée à sa rencontre avec Vladimir l'ayant déboussolé au plus au point. En retrait, le personnage devient un véritable enjeu dans une grosse partie de ce tome, laissant le beau rôle à d'autres personnages, dont l'attendrissante Mariko Ise. Très en retrait jusqu'à présent, la demoiselle est clairement à l'honneur, aussi Yuhki Kamatani explore la jeune fille sur un plan humain simple, mais pourtant authentique et percutant. Les problématiques concernant Mariko sont criantes de vérité, et c'est par de superbes échanges avec Machiya que la situation se dénoue, et que le chemin jusqu'à la résolution du cas Yutaka se fraye de manière totalement naturelle. Contrebalançant un troisième opus plus obscur, cette suite en est sa parfaite antithèse : L'optimisme montre crescendo, le tome aboutissant à un parfait vent d'espoir qui relance la destinée de la petite chorale comme il se doit.

Et si quelque chose marque plus encore que le traitement de Mariko, c'est l'aboutissement de cet arc visant à montrer le groupe comme un véritable ensemble humain, solide et bien forgé, chose que l'artiste n'avait pas aussi bien cherché à représenter jusqu'à présent. L'apothéose survient alors vers un milieu de tome saisissan et ébouriffant, ce grâce à la maestria de musicalité narrative de Yuhki Kamatani, à grand renfort de figures de style visuelles encore plus poussées et oniriques que ce que nous avions connus dans Éclat(s) d'Âme. On apprécie alors Nos C(h)oeurs évanescents aussi bien pour sa portée humaine et sa mise en avant de personnages toujours plus sincères et attachants, mais aussi pour ses planches d'une poésie unique, qui nous fait chavirer à chacun de ses grands élans de mélodie graphique.

Le tome ne s'arrête pas là dans ce voyage enivrant, puisque la fin de tome vient finir de bousculer le chemin du titre, via une remise en avant de Yutaka qui décide de s'ouvrir à Vladimir, afin de mettre sous le tapis sous les tracas qui le rongeait. L'auteur aborde toute une vaste séquence qui fait office de yoyo émotionnelle, que ce soit la parade marathonienne des deux garçons dans un beau moment d'unicité, ou tout le développement du jeune choriste russe qui découlera de la sincérité du héros. Entre vague d'arc en ciel et ras-de-marrée d'obscurité, la fin du tome jongle entre des tonalités, mais de manière pertinente tant chacune d'elle parvient à nourrir justement l’œuvre.

Envoutant, charmant, euphorisant et feel-good bien souvent, la suite de la série musicale de Yuhki Kamatani franchit donc un nouveau cap, sur bien des plans. Une œuvre toujours unique qui parvient à nous porter sur des rivages émotionnels solides, par une force de caractère et narrative qui nous ébranle facilement. Nous en sommes maintenant à la moitié de la série, ce qui signifie quatre futurs tomes qui, on l'espère, résonneront comme tant de mélodies pleines de messages et d'ambiances.


Chronique 1 :

La chorale a remporté le premier prix au concours intersectoriel, et est donc qualifiée pour les phases de poule du concours national... mais cela, les collégiens l'ont accompli sans Yutaka. Depuis qu'il a rencontré le jeune prodige russe Vladimir Popov, quelque chose semble avoir semé le doute à l'intérieur du jeune garçon. "Popo" lui a affirmé que malgré sa belle vois son interprétation de la chanson de Miles ne dégageait absolument aucune personnalité. Et, depuis, Yutaka reste amorphe dans sa chambre, s'interroge, et est devenu incapable de chanter, lui qui était auparavant si heureux en pratiquant tout simplement le chant. Tandis que les phases de poule arriveront dans un peu moins d'un mois, les membres de la chorale, eux, tâchent de continuer à progresser et à se préparer malgré l'absence marquante de leur soprano phare. Pas le choix pour les jeunes adolescents: il leur faut continuer, quand bien même l'un d'entre eux est absent et ne reviendra peut-être jamais. Parmi celles et ceux qui pensent ainsi se trouve Machiya. Mais certains enfants ne peuvent se résoudre à ne rien tenter pour faire revenir Yutaka, et parmi eux se trouve la timide Ise. Celle-ci parviendra-t-elle enfin à exprimer correctement ce qu'elle ressent ? Dans cette optique, c'est Machiya elle-même qui risque d'avoir un impact décisif sur elle...

On le dit depuis le début, Nos C(h)oeurs évanescents est une oeuvre qui a quelque chose de très choral, tant les interactions entre les personnages permet petit à petit de mieux connaître certains d'entre eux et de les voir évoluer, petit à petit. Ce quatrième volume, peut-être plus encore que les précédents, fonctionne particulièrement bien sur cet aspect, car c'est tout à tour plusieurs visages qui se voient abordés avec attachement et efficacité.

Ainsi, alors que le jeune Vladimir est à l'origine du trouble touchant Yutaka depuis le tome précédent, à la fin du présent volume on a une situation quelque peu inversée, une sorte de réponse de Yutaka au jeune russe qui, à son tour, en ressort troublé quant à sa vision des choses. Cela, on le doit à toute une évolution du jeune soprano japonais au fil de ce volume, tant il s'ouvre enfin à des nouveaux horizons: comme le dit si bien Machiya, "Avant, il ne connaissait que le plaisir de chanter... Mais maintenant, j'ai l'impression qu'il a découvert le plaisir d'être écouté".

Et cette ouverture, Yutaka la doit dans ce tome à ses camarades de la chorale, en tête desquels une Ise occupant enfin une place centrale ici. Une place qui prend tout son sens à travers sa discussion avec Machiya. On découvre d'abord mieux en Ise une jeune fille qui, depuis toute petite, n'a jamais réussi à exprimer ses émotions, comme si elles restaient coincées au fond d'elle, situation dont elle souffre puisque ses cousins se moquent d'elle, la taquinent sans qu'elle parvienne à rétorquer quoi que ce soit, si bien qu'elle a le sentiment que personne ne fait attention à ce qu'elle ressent. Machiya est un peu l'exacte inverse: quitte à apparaître parfois sévère, elle dit bien souvent ce qu'elle pense sans détours. Les deux adolescentes auraient alors simplement pu être des opposées, c'est d'ailleurs l'impression qu'on peut avoir quand Machiya répond sèchement à Ise en début de tome. Mais il y a ici une chose essentielle entre elles deux qui survient: la communication, dès lors que Machiya invite Ise chez elle pour discuter. Et tandis que l'on découvre un peu plus la famille de Machiya, Ise en ressortira grandie, en comprenant bien qu'il faut s'exprimer pour être compris.

Et c'est donc en réussissant à exprimer son ressenti qu'Ise sera l'élément déclencheur du renouveau de Yutaka, et de son évolution puisqu'il souhaite à présent aussi communiquer aux autres son bonheur de chanter, en ne pensant plus uniquement à son bonheur personnel.

Pour accompagner le tout, la patte de Yuhki Kamatani est toujours aussi ravissante. En plus des designs maîtrisés et appuyés, les envolées lyriques sont toujours aussi bien trouvées, ne serait-ce que celle où Machiya compare Ise à une chrysalide ou à une fleur. Les pensées des personnages nous invitent bien souvent à ressentir leur fond, leurs pensées face à telle situation, au plus près, l'oeuvre ayant alors quelque chose de très sensoriel. Et les nombreuses métaphores visuelles restent aussi ravissantes que poétiques et intelligentes, que celles-ci soient grandes ou plus discrètes (comme les petites notes de musique se baladant sous le pied fracturé de Dimitri à la fin de l'avant-dernier chapitre).

Kamatani nous offre alors un volume riche, complet, bourré de qualités dans sa narration et dans ses visuels, et abordant vraiment joliment ses personnages et leurs avancées ensemble. Etant donné que l'on atteint la moitié de la série avec ce tome, il ne fait aucun doute que Nos C(h)oeurs évanescents a encore bien des choses à nous réserver.
  

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

17 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction