Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 31 Août 2018
Hagi est une mangaka qui a débuté sa carrière en 2016 avec Koinimo Naranai, un récit en 4 chapitres qui fut prépublié au Japon dans les pages du magazine Ciel de Kadokawa Shoten (le magazine de Junjo Romantica, Love Stage...), avant de sortir en un unique volume relié en mars 2017. C'est ce titre que les éditions Taifu Comics proposent en France en ce mois d'août sous le nom Ne me quitte pas, pour nous faire découvrir cette jeune artiste qui, depuis, a signé deux autres histoires dans son pays: un shônen-ai fantasy, et un shôjo harem aux influences historiques.
Pour la toute première oeuvre de sa carrière, Hagi nous plonge dans une tranche de vie à l'ambiance plutôt douce, centrée sur deux lycéens qui vont apprendre à se connaître et à se découvrir, jusqu'à prendre conscience de leurs sentiments. Tout commence par l'étonnement, celui de Tajima qui, en voyant son camarade de classe Yûya Kôga pleurer, ressent quelque chose d'étrange. La raison ? Tajima n'a jamais vu personne pleurer depuis son enfance. Un petit accident d'eau plus loin, le voilà aux côtés de ce garçon, qui lui avoue assez facilement la raison de ses larmes: son poisson rouge est mort, tué par un chat ayant une forme de tête de cochon sur le pelage... et Tajima comprend vite que le meurtrier est Cochonou, son propre matou ! Comment avouer la vérité à Koga ? En essayant de le faire, Tajima va être amené à sympathiser avec lui, à découvrir ses différentes facettes, et à apprendre la vérité difficile qui se cache réellement derrière la mort du poisson...
Concrètement, ce récit repose sur un schéma très classique dans le genre, et ne va pas vraiment chercher à surprendre, y compris au niveau du secret sentimental de Koga qui reste de l'ordre du déjà-vu. En revanche, même si l'évolution entre les deux héros va un peu vite (one-shot oblige), Hagi excelle dans sa mise en scène (et cela, dès la première page), avec des découpages souvent très soignés et ingénieux avec des jolis instants de non-dits et de choses tout en gestes, une jolie symbolique autour de l'eau, et surtout un travail très, très réussi sur les expressions faciales de Koga. En effet, ce dernier est un personnage que l'on découvre avec intérêt en même temps que Tajima, au fil des expressions qu'il peut montrer. Il s'avère que Koga peut d'abord apparaître froid dans les premières pages, ce qui témoignera surtout de ses problèmes personnels et de sa difficulté à montrer ses sentiments. Alors dès que Tajima se rapproche de lui, on observe avec beaucoup d'attachement Koga, dont la palette d'expressions se met, petit à petit, à se diversifier, en signe du nouvel épanouissement qui naît en lui.
Le coup de crayon, en lui-même, est vraiment joli, en premier lieu pour lesdites expressions de Koga, qui peuvent parfois regorger de nuances. En dehors de la mise en scène et du découpage que l'on a déjà évoqué, soulignons que le trait est fin, ou encore que les trames non agressives sont fines et appuient en douceur l'ambiance.
Seul petit regret: on aurait éventuellement apprécié un petit peu plus d'approfondissement sur Tajima, même si lui aussi reste assez réussi, dans son désir de se rapprocher de Koga et la prise de conscience de ses sentiments. En revanche, on appréciera les quelques pages bonus, exclusives à l'édition reliée, et permettant d'entrevoir un petit peu plus de choses sur l'amour naissant entre les deux garçons.
Avec ce récit soft et doux, il y a de quoi placer de bons espoirs en Hagi, une jeune autrice qui montre déjà beaucoup de belles choses.
Concernant l'édition, elle est tout à fait satisfaisante, avec une très jolie jaquette où le titre s'intègre bien, une première page en couleur, un papier souple et sans transparence, une bonne qualité d'impression, et une traduction bien dans le ton de Margot Maillac.