Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 01 Juin 2009
Scénariste officiant sur de nombreuses séries –dont la plus connue reste Sillage-, Morvan s'associe une nouvelle fois (après Meka) au dessinateur Bengal. Tous deux apprécient le Japon et ensemble ils nous proposent un titre qui se rapproche du manga. Un titre d'ailleurs mis en avant par Dargaud lors de la Japan Expo 2008 comme série passerelle entre les supports manga et franco-belge.
Naja raconte l'histoire d'une tueuse au sang froid au sens figuré comme au sens propre. Cette jeune femme inexpressive et ne ressentant pas la douleur est donc la tueuse numéro 3 d'une mystérieuse organisation d'assassin et elle se retrouve menacée par le numéro 1 de la-dite boite. Rien d'exceptionnel jusque là : on peut déjà prévoir beaucoup d'action et de fusillades. C'est le cas mais le titre repose sur une narration originale qui lui donne son intérêt. En effet, en raison de l'inexpressivité de Naja très peu de dialogues sont à lire dans ce tome. L'essentiel du texte correspond en fait à une Voix-Off, un mystérieux narrateur sur lequel le lecteur peut commencer à faire des pronostics. La personnalité de Naja et un peu de son passé sont ainsi présentés. Vraiment très froide, xénophobe et amorphe, Naja s'impose comme un personnage intriguant.
Pour le dessin, Bengal structure ses pages avec des cases bien fermées à l'européenne, même pour les « splash pages ». Son dessin est très stylisé, d'inspiration manga, pas vraiment détaillé mais très bien mis en valeur par son travail de colorisation avec de grands aplats de couleur. Le dessinateur arrive sans difficulté à rendre son dessin aussi bien dynamique dans les scènes d'action que contemplatif.
La grande force du titre est le cheminement côte à côte du dessin et du texte. Tous deux racontent la même histoire mais de manière différente. Les deux n'interfèrent pas entre eux mais se complètent. Ainsi pendant les fusillades, le narrateur nous parle des états d'âmes de Naja par exemple. Le dessin n'en devient que plus important : il n'est plus le support du texte de même que le texte ne parle pas de ce que le lecteur voit.
Naja est donc une série assez originale grâce à une narration surprenante que les amateurs des 2 « mondes » pourront apprécier, sans oublier que les auteurs ont eu la bonne idée d'annoncer d'entrée la série en 5 tomes avec un rythme de sortie accéléré. A essayer.