Mythical Beast Investigator Vol.1 - Actualité manga
Mythical Beast Investigator Vol.1 - Manga

Mythical Beast Investigator Vol.1 : Critiques

Genjû Chôsain

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 21 Novembre 2019

Après Goodbye Dragon Life en octobre, les éditions Ototo finissent l'année 2019 en lançant deux courtes séries de fantasy, dont l'une est Mythical beast Investigator. Derrière ce nom se cache Genjuu Chousain, une adaptation finie en deux tomes d'un light novel écrit par Keishi Ayasato, illustré par luck, et lui-même bouclé en deux volumes au Japon. Ce court manga a été dessiné par Koichiro Hoshino, mangaka déjà connu en France pour la série Mär Omega. L'oeuvre est parue en 2017-2018 dans le magazine Famitsu Comic Clear des éditions Enterbrain/Kadokawa.

Au programme, un récit nous faisant suivre Felly Ehéna, une jeune fille exerçant le travail d'enquêteuse de créatures légendaires. En compagnie d'une petite chauve-souris nommée Trow et de Kooshna, un étrange, mystérieux et puissant lapin noir anthropomorphe lui servant de garde du corps, cette enfant parcourt les contrées, villages, bourgs, ports, pour enquêter sur les animaux et monstres fabuleux peuplant ce monde en étant parfois méconnus des habitants, et en pouvant éventuellement provoquer des problèmes voire être de vraie dangers.

Pas vraiment d'introduction dans ce récit nous plongeant directement dans le vif du sujet, et où les choses se divisent en petits arcs. Le temps d'un ou deux chapitres, on suit la jeune Felly et ses deux acolytes alors qu'ils se retrouvent face à un nouveau cas : une vouivre censée être sage mais étant devenue agressive envers les villageois alentour depuis peu, un oeuf de basilic devant éclore bientôt en semant la panique chez des villageois, une sirène entretenant une relation étonnante avec un humain au point de voir des ragots naître, un cheval des eaux (ou each uisge, à ne pas confondre avec un kelpie) dévorant les enfants s'approchant de son lac... Ces sont trois histoires et demi (celle du cheval des eaux n'étant pas finie dans ce tome) qui sont proposées dans cette première moitié de série. Et même si l'auteur va vraiment à l'essentiel dans les développements et que certains récits passent très vite, chacun d'eux a bien une conclusion et, surtout, une ambiance qui lui est propre, l'ambiance assez poétique du premier récit laissant place à l'humour du deuxième, à la mélancolie presque romantique du troisième, et à la sombre et désespérée cruauté du quatrième.

Ca a le mérite d'être assez varié, mais ce qui séduit encore plus est peut-être la manière dont Felly cherche à régler les problèmes: jamais vraiment par l'action, mais toujours par la tentative de compréhension, l'analyse, le dialogue, que ce soit pour percer à jours habitants ou créatures ou pour les mettre face à leurs propres lacunes, par exemple. Dans tout ceci, chaque créature a droit à son petit approfondissement, à ses quelques explications. Par exemple, la vouivre est très bien mise en avant en ceci qu'elle possède des émotions finalement proches de celles d'un humain, la sirène est en grande partie humaine aussi, et même si la dangerosité du basilic et du cheval des eaux est bien mise en avant il n'est pas question de les diaboliser: simplement, ces créatures vivent et se nourrissent en n'ayant pas conscience de ce qui est bien ou mal selon les humains. En filigranes, les humains eux-mêmes, souvent, ne sont jamais neutres dans leurs rapports à ces créatures: c'est par leur biais qu'a changé le comportement de la vouivre, le basilic leur inspire d'emblée la panique due à leurs croyances et prédictions, les ragots sur la sirène vont bon train, ils sont des proies faciles pour le cheval des eaux... Mais sans jamais émettre de jugement sur les créature sou sur les humains, Felly cherche à régler les choses en privilégiant autant que possible la cohabitation, avec une certaine neutralité, une objectivité. Et il en résulte une ambiance assez souvent savoureuse quand cette cohabitation entre les humains et les créatures est soulignée.

En revanche, il ne faut malheureusement pas attendre grand chose concernant le développement des héros en eux-mêmes. Tandis que Trow n'est qu'un simple sidekick fidèle un peu rigolo, Kooshna intrigue assez certes, et on apprend vite fait son ancienne fonction, en revanche il n'y a pour l'instant aucun travail venant expliquer comment il s'est retrouvé avec Felly, et il n'est pas sûr du tout que ce soit abordé dans le 2e et dernier tome (ça reste à voir, bien sûr, mais rien n'engage dans cette direction). Qui plus est, sa tendance à toujours appeler Felly sa "douce fleur" peut devenir agaçante. Quant à Felly elle-même, elle est bien mignonne et assez attachante de par son comportement, mais rien ne vient vraiment la rendre plus consistante.

Côté visuels, la copie de Hoshino s'avère très agréable. Si les designs des humains restent très classiques en jouant sur les tendances de ces dernières années (avec, entre autres, une jeune héroïne forcément plutôt choupi avec de grand yeux et une bouille un peu ronde), il en est tout autre pour les designs des créatures, plutôt bien travaillés, ainsi que pour Kooshna, suffisamment élaboré dans son allure atypique. Les décors de villages, de maisons, de nature, sont souvent bien présents en étant assez riches et renforcés par une utilisation soignée des trames. Ajoutons à cela une narration rapide et claire ainsi qu'un découpage assez classique mais soigné et efficace, et on n'a aucun mal à se laisser emporter.

En somme, même s'il n'y a pas vraiment de travail autour des principaux personnages, ce premier tome de Mythical Beast Investigator parvient plutôt bien à happer, si tant est que l'on est sensible à ce type de récit. Le concept est plaisant, l'adaptation manga est assez soignée, la principale crainte étant de se dire qu'au bout de ce volume on est déjà à la moitié de la série, et que les choses n'iront donc probablement pas très loin.

Du côté de l'édition, on a droit à une traduction assez fluide et posée de Benjamin Moro, ainsi qu'à des choix de police soignés. Le papier est souple et sans transparence, tandis que l'impression reste globalement bonne.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.25 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs