Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 03 Octobre 2014
Moyasimon est une série que l'on n'attendait plus. Débutée au Japon en 2004 et bouclée en cette année 2014 après 13 tomes, cette série de Masayuki Ishikawa a connu une parution très lente, mais également un succès encore accru par un très populaire drama (sorti en DVD en France chez Kazé).
La série nous invité à suivre les aventures de Tadayasu Sawaki, jeune garçon qui, en compagnie de son ami d'enfance Kei Yuki, intègre une université agricole dans un but bien précis : retrouver le dénommé Pr Itsuki dont on lui a vanté les mérites, et qui devrait visiblement pouvoir l'aider à utiliser au mieux l'étrange pouvoir qui est en lui : celui de voir à l'oeil nu les micro-organismes ! Mais dès son premier jour, la vie de notre héros se retrouve très mouvementée...
Un jeune garçon qui intègre un lycée agricole : avec ça, on aurait envie de comparer la série à Silver Spoon, et ce serait faux, non seulement parce que Moyasimon a commencé bien avant la série de Hiromu Arakawa, mais aussi et surtout parce que leur tonalité est très différente. Là où Silver Spoon s'applique beaucoup à dépeindre de la tranche de vie en lycée agricole, la série de Masayuki Ishikawa dépeint pour le moment très peu l'ambiance quotidienne, pour plutôt réellement s'intéresser à son sujet spécifique, les micro-organismes.
Et de ce côté-là, on est servis d'emblée. L'introduction est très rapide et enchaîne rapidement sur les premiers focus sur divers micro-organismes qui sont autour de nous. Microbes en tous genres se partagent les pages, qu'ils soient bons ou néfastes, voire dangereux, aient une activité sur les aliments ou sur notre corps... Ils apparaissent en même temps que divers personnages que notre héros rencontrent et qui viennent vite animer les pages, qu'il s'agisse du Pr Itsuki et de ses manies parfois très farfelues, de la chercheuse caractérielle et stylée Hasegawa, ou des senpai Kaoru Misato ("Barbu") et Takuma Kawahama ("Bouboule") passionnés par le brassage ou les nutriments. La palette de protagonistes se veut assez fun, rigolote sans non plus en faire trop, ce qui apporte une ambiance assez joyeuse qui se voit grandement renforcée par le look des microbes que notre héros voit : celui-ci les perçoit comme des sortes de toutes petites créatures aux traits très simples, aux mines souvent naïves ou bébêtes, et au langage simple et plutôt humanisé. Par exemple, on sourit volontiers en voyant ces petites choses se réjouir de fermenter ou de trouver une nouvelle maison... sur les pieds de Hasegawa.
En somme, le résultat est plutôt plaisant... à condition de lire le tout à petite dose !
En effet, le récit est riche, très riche. Les textes sont denses et souvent complexes, ponctués de nombreux termes spécifiques à commencer par les noms scientifiques des micro-organismes, et lire cela d'une traite pourrait devenir assez barbant, malgré les notes d'humour et la variété. Le tome se prête d'ailleurs très bien à la lecture à petites doses, chaque chapitre étant plutôt indépendant, malgré le léger fil rouge lié au cursus universitaire et les quelques thèmes récurrents.
Dès lors, il y a de quoi passer un bon moment, tout en s'enrichissant. S'il semble impossible de retenir les différents noms de microbes qui vous passeront sûrement au-dessus de la tête, on prend plaisir à découvrir différentes choses sur l'élaboration délicate du saké, sur la fermentation ou sur la transformation de l'amidon en sucre, tout comme on voit avec intérêt poindre quelques thématiques sur l'environnement ou l'agronomie.
Ce qu'on en retient, c'est que les micro-organismes sont absolument partout, et que, bons ou mauvais, on ne peut pas vivre sans, même si souvent on ignore leur existence ! Le monde de l'infiniment petit promet de dévoiler toutes ses richesses avec cette série rafraîchissante, certes très dense et parfois poussive, mais réellement intéressante.
L'édition française est plutôt honnête. Le papier est un peu fin, mais agréable à prendre en main, la traduction n'évite pas quelques tournures poussives, mais reste globalement claire. Par contre, Moyasimon est typiquement le genre de série sur laquelle on aurait adoré quelques pages bonus, d'un spécialiste par exemple, histoire d'approfondir encore le sujet.