Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 27 Janvier 2010
Dans une Allemagne post-réunification, des couples d'âge moyen sont assassinés. Le tueur en série semblerait être Johann, le jeune garçon sauvé par Tenma quelques années plus tôt. Le docteur Tenma décide de rechercher la soeur jumelle de Johann, qui pourrait lui en apprendre davantage sur la nature du « Monster ».
Ce tome débute, et c'est une habitude chez Urasawa, sur une situation différente de celle sur laquelle le tome précédent s'achève. On a donc le plaisir de faire la connaissance de Nina Fortner, la jumelle de Johann, placée en famille d'accueil. Nina mène une vie normale, entre l'université et son job de livreuse de pizzas.
Mais on retrouve rapidement le Dr Kenzo Tenma, vieilli. Il retrouve la jumelle grâce à un journaliste. Mais tout ne passe pas comme prévu...
Entre la complicité des fonctionnaires de police, les secrets inavoués, la violence des scènes de crime, la mémoire de Nina qui lui revient sur la tragédie passée, Tenma rapidement soupçonné de meurtre, devant quitter son poste de médecin et fuir, on a de quoi faire !
Le récit s'attarde de même sur des personnages déjà connus : le commissaire Runge, à l'excentricité étonnante, et Eva, l'ancienne compagne de Tenma, qui a sombré dans l'alcool, a pris elle aussi un coup de vieux, et dont les sentiments oscillent entre haine et amour pour son ex-fiancé.
Niveau graphisme, même si cela reste brouillon par moment, Urasawa fait le spectacle en nous livrant des personnages vieillis et très expressifs. Le Dr Tenma apparaît tantôt livide, tantôt terrifié, tantôt éreinté et affaibli. En deux tomes, l'évolution du personnage est saisissante. Et dire que ce n'est pas terminé !
Le tome s'achève sur un chapitre qui semble de prime abord se détacher de l'histoire principale, mais se révèle être en fait totalement lié. Le commissaire Runge interroge un ancien militaire qui aurait aidé le fugitif Tenma à s'entraîner au combat.
Ainsi, un flash-back intervient. Cet homme a sous sa garde une petite fille d'origine asiatique, dont il a pris la charge après avoir tué sa mère en Birmanie. La petite est taciturne, n'éprouvant aucun sentiment pour son tuteur, ayant vu sa mère mourir sous ses yeux par la faute de ce dernier.
On voit comment l'ex-militaire se charge de former Tenma... et comment Tenma parvient à nouer des liens entre la petite birmane et l'ancien militaire rustre, presque primitif, qui a abandonné tout espoir que la jeune fille n'esquisse qu'un seul sourire à son égard. En un seul chapitre, Naoki Urasawa distille une sensibilité à la fois perçante et douce. Il intègre ce récit « tranches de vie » avec tant de simplicité mais tant de maestria que le final de ce tome laisse le lecteur bouleversé, rien de moins.
Que d'événements dans ce tome, et ce, avec une fluidité du récit incomparable. Mais le dernier chapitre achève littéralement le lecteur : on ne ressort pas indemne d'une telle lecture.
Un des meilleurs tomes de la série, certainement le meilleur pour beaucoup. Dans les moments cultes des lecteurs de manga avertis, on retrouve souvent le fameux chapitre de « La petite fille birmane et le militaire ». Il s'agit d'un souvenir impérissable et un passage obligé pour tout lecteur de seinen digne de ce nom.
Un deuxième tome de ce cru sur une série de 18, Urasawa n'a pas fini de nous impressionner.