Mon année Vol.1 : Critiques Printemps

Il faut être bien clair dés le début sur ce qu’est cet ouvrage. Ceci n’a plus rien à voir avec un manga. La façon même dont est conçue l’histoire en 4 albums de 64 pages décrivant les 4 saisons d’une année décisive dans l’existence d’une petite fille retardée mentale, place cette œuvre dans le domaine de la bd franco-belge.
Il y a longtemps que Taniguchi lorgne sur la production graphique européenne et Dargaud lui offre ici l’opportunité de travailler à l’européenne avec une histoire complète en couleurs écrite par un scénariste français : Jean-David Morvan.
Morvan, auteur très prolifique qui à surtout brillé par sa production d’aventure, de sf ou d’héroic fantasy se confronte ici à un récit très académique sur le quotidien d’un couple vivant avec leur fille de 8 ans, Capucine, qui est atteinte de trisomie légère. Les difficultés s’accumulent pour les parents quand Capucine marque une trop grande distance avec ses camarades de l’enseignement traditionnel. La charge financière, les doutes et la lassitude au quotidien de la surveillance de la petite fille sont des problèmes qui finissent tôt ou tard par frapper tous les parents qui assument un enfant handicapé. Il n’y a rien de nouveau sur le sujet. Morvan y amène la somme de toutes les recherches qu’il a du faire en amont et tente d’apporter à l’histoire le point de vue de la fillette totalement dans son propre monde. Taniguchi fait de son mieux pour enrichir graphiquement l’histoire d’une touche de féérie. Le travail est honnête et sincère. Il ouvrira les yeux de certains lecteurs étrangers à la problématique de la trisomie. Au moins les auteurs évitent-ils le mélodrame racoleur mais ça ne fait pas mouche chez moi. Cela ressasse des évidences et des clichés pour mener à montrer à la fois les failles de l’enseignement national qui rejette tout ce qui n’est pas normal de son giron et l’effondrement d’un couple écrasé par les difficultés de tout ordre.
Un commentaire supplémentaire pour ce qui est de l’édition. Qu’est-ce qui est passé par la tête de Dargaud pour sortir au prix d’un Cornélius un album en couleurs qui n’est même pas pelliculé ? La manipulation de l’album s’avère d’ores et déjà une horreur. Dans quelques mois, il ne sera même plus possible de trouver un exemplaire en bon état. La perspective même de devoir débourser encore 3 fois la même somme pour un ouvrage aussi piètrement manufacturé fera reculer un maximum de lecteurs potentiels. Il est honteux de forcer de tels prix pour éloigner le lectorat manga et attirer les vaches à lait du lectorat franco-belge. Un plan marketing catastrophique qui poussera les fans de Taniguchi vers les rayons d’occase.