Meurtres dans le décagone Vol.1 - Actualité manga
Meurtres dans le décagone Vol.1 - Manga

Meurtres dans le décagone Vol.1 : Critiques

Jukkakukan no Satsujin

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 05 Octobre 2022

Il y a quelques années, Pika Edition s'offrait un joli petit succès avec le manga Another, un manga déjà popularisé auparavant par son anime, et qui voyait le mangaka/illustrateur Hiro Kiyohara adapter le roman éponyme de Yukito Ayatsuji. Par la suite, l'éditeur n'a pas oublié ces deux auteurs, que ce soit en publiant le roman originel d'Another, en sortant un autre roman d'Ayatsuji avec Last Memory, ou en nous invitant à découvrir un autre manga de Kiyohara avec Tsumitsuki. Il n'y a donc rien d'étonnant à voir ces deux auteurs faire leur retour cette année dans la collection Pika Seinen !

Lancé au Japon en août 2019 dans le magazine dans le magazine Afternoon de Kôdansha pour s'achever au printemps 2022 après 5 volumes, Jukkakukan no Satsujin voit donc Hiro Kiyohara le roman éponyme de Yukito Ayatsuji qui est initialement sorti dans son pays d'origine en 1987. Ce roman a été discrètement publié dans notre pays en 2009 par les éditions Karasu sous le nom Meurtres dans le Décagone, et c'est donc en toute logique que Pika Edition a repris ce titre français.

Cette histoire débute alors qu'un groupe d'étudiants, tous membres d'un club d'amateurs de romans policiers, a l'occasion de partir en vacances dans un lieu qui ne peut que les stimuler, à savoir l'île de Tsunojima et plus précisément son Décagone, un bâtiment à l'architecture surprenante qui a été créé par Seiji Nakamura, un célèbre architecte. Et si le petit groupe est fortement intrigué par ce séjour, c'est précisément parce que Seiji Nakamura et son épouse Kazue ont été retrouvés morts sur cette île dans des circonstances mystérieuses 6 mois auparavant: bien que les choses portent à croire qu'ils ont péri dans un incendie, il y a des détails bizarres, à commencer par le fait que Kazue a été amputée de sa main gauche sans que le membre n'ait été retrouvé. Cela pourrait faire un excellent sujet d'enquête pour stimuler ces passionnés... mais tout porte à croire qu'ils ne sont pas arrivés sur l'île par hasard, puisqu'ils découvrent bientôt sur place des plaquettes avec les mots "victime", "détective" et "coupable" qui leur semblent dédiées. leur désir d'enquête pourrait alors rapidement se transformer en macabre jeu mortel pour des raisons qu'ils ignorent... Quelqu'un leur en veut-il ? Et si oui, pourquoi ?
Dans le même temps, Akira Kawaminami et Morisu, deux jeunes gens qui ont autrefois fait partie du club, reçoivent tous deux la même lettre étrange, ayant pour destinataire le défunt Seiji Nakamura, ce dernier les accusant d'avoir tué sa fille Chiori un an auparavant. Seiji nakaura est-il vraiment l'expéditeur ? Si oui, comment est-ce possible vu qu'il est censé être mort ? Et pourquoi exactement accuse-t-il les étudiants de la mort de Chiori ?

Alternant entre les événements vécus par le groupe sur l'île d'un côté et ceux vécus par Akira et Morisu de l'autre, ce début de série prend vite des allures de double-enquête où les deux axes sont évidemment connectés et où les interrogations sont d'emblée si nombreuses qu'elles suscitent facilement l'envie d'en connaître la suite, puisque le vrai et le faux paraissent voués à beaucoup s'entremêler. Sur un ton assez posé où certaines joutes verbales sont plutôt bien écrites (et donc bien traduites par Patrick Honnoré, même si la relecture a laissé passer quelques coquilles d'inattention) et où Hiro Kiyohara peut laisser s'exprimer son style visuel assez élaboré, élégant et noir (même si le côté très poseur de la plupart des personnages pourra franchement agacer par instants), le récit déballe les premiers éléments de ses enquêtes, entre hypothèses, suspicions à foison, possibilité de secrets familiaux et premières révélations plus concrètement (principalement sur les circonstances de la mort de Chiori un an auparavant).

Mais bien que l'intrigue titille suffisamment l'intérêt grâce à ses différentes zones d'ombre, on sent bien que le roman d'origine fut le tout premier roman publié par Ayatsuji dans sa carrière. Clairement désireux d'offrir un whodunit dans la tradition du genre, l'écrivain alors en début de carrière en arrive à surtout accumuler différents clins d'oeil au genre du roman policier (en tête les noms des personnages qui sont des références pas du tout cachées a de grands écrivains du genre) ainsi que plusieurs gimmicks typiques, en oubliant un peu en cours de route de parfaitement construire ses avancées: certaines hypothèses et suspicions semblent effectivement sortir un peu du chapeau, les indices ne sont pas toujours là, si bien que le lectorat risque de ne pas être toujours à fond dedans.

A l'arrivée, ce premier tome montre des limites rappelant bien que le roman d'origine est une oeuvre de tout début de carrière de l'écrivain, mais il pique largement assez la curiosité pour donner envie de découvrir la suite, et Kiyohara soutient le tout par son dessin toujours aussi efficace malgré sa tendance à rendre ses personnages trop poseurs. Quant à l'édition, en plus de la traduction de bonne facture comme déjà dit, elle jouit d'une jolie jaquette avec vernis sélectif, d'un papier et d'une impression d'assez bonne qualité malgré une légère transparence et quelques moirages, et d'un lettrage soigné.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.25 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs