Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 01 Août 2024
Sous les yeux hagards de Tetsushi, la situation vient de prendre une étonnante tournure, dès lors que Nagi, en revoyant la silhouette d'Arashi, l'a appelé "papa". La jeune femme s'est effectivement rappelée l'identité de son géniteur, tout comme l'ange se souvient désormais qu'il était autrefois Masataka Sakuraba. A présent, il va falloir que ces deux-là s'expliquent et se confient l'un(e) à l'autre, avant d'aller retrouver Jiu dont le corps est toujours occupé parle démoniaque Shigure. Nagi était-elle une enfant aimée par ses parents ? Pourquoi et comment sa mère Asako est-elle morte ? Le vide dans son coeur est-il désormais suffisamment comblé pour pouvoir extraire le parasite qui l'occupe ? Tetsushi, qui manque tant de confiance en lui, est-il celui qui pourra la rendre heureuse ? Que fera Yû, à qui Shigure a fait miroiter une tentante proposition ? Le démon pourra-t-il être éliminé du corps de Jiu ? Et Arashi est-il vraiment condamné à disparaître désormais,puisque tout ange retrouvant ses souvenirs est voué à être supprimé ?
Mine de rien, en seulement deux volumes Akiko Monden a installé un bon petit paquet d'intrigues principales et secondaires, amples ou plus personnelles, et dans ce troisième et déjà dernier tome l'heure est venue pour elle de tout boucler, son grand mérite ici étant vraiment de ne rien oublier, et même d'aller un peu plus loin que ça en esquissant avec soin l'"après", c'est-à-dire l'avenir (ou l'absence d'avenir pour certains ? ) de quasiment tous ses personnages, en cristallisant plutôt bien leurs relations, celle de Nagi et Tetsushi étant franchement jolie et bienveillante là où celle d'Arashi et Yû se montre un peu plus tumultueuse, sulfureuse,voire légèrement douteuse selon les points de vue (parce que bon, la scène de la page 41 par exemple, ça reste un baiser forcé).
Toutes les réponses sont alors là, jusqu'à l'épilogue convaincant... et pourtant, il y a comme une petite pointe de semi-déception, en particulier pendant la première partie du volume, tant on peut avoir le sentiment que les enjeux principaux se résolvent un peu trop facilement et de manière somme toute convenue, en manquant alors un peu de panache pour vraiment marquer. C'est bien là la principale (et unique ? ) limite de cette courte série: l'ensemble est bien pensé scénaristiquement, c'est très soigné visuellement, c'est propre narrativement (et dans tout ça, on retrouve bien les talents habituels de cette mangaka qui, par le passé, nous avait tant séduits avec les séries "Professeur Eiji" aux éditions Kana et "Yukito" aux éditions Panini), mais dans cet ultime opus cela reste un brin simpliste et plan-plan dans le déroulement.
Cela n'entache toutefois qu'assez peu l’œuvre : dans l'ensemble, Mémoires Fantômes est une courte série qui se tient bien et où l'autrice sait soigneusement jongler entre surnaturel, suspense, récit plus intime, romance... pour un résultat suffisamment convaincant.