Mauvaise Herbe Vol.4 - Actualité manga
Mauvaise Herbe Vol.4 - Manga

Mauvaise Herbe Vol.4 : Critiques

Nora to Zassô

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 19 Août 2021

"Dis papa... tu seras toujours là pour me protéger, hein ?"

Bien que toujours chamboulée par son parcours chaotique, encore tout récemment avec une nouvelle fugue qui aurait pu très mal tourner, la jeune Shiori semble avoir trouvé un vrai "père" en l'inspecteur Yamada, celui-ci tâchant autant que possible de lui offrir la vie normale dont elle a besoin, non sans voir en elle l'image de sa défunte fille Kozue. Dans les faits, rien n'est facile, y compris à l'école où rumeurs et moqueries ont fini par se montrer malgré l'intérêt que Sorao porte à l'adolescente, la jeune fille se demandant dès lors si elle pourra vraiment avoir une vie normale un jour. Mais l'espoir est permis: Shiori semble bel et bien se reconstruire par certains aspects, goûter enfin à un bonheur normal (qu'elle n'avait jamais connu) grâce à l'inspecteur qui représente désormais sa "famille", et grâce à Riko elle commence même à renouer avec le dessin, un domaine qui la passionnait quand elle était petite.

Mais dans les faits, on le sait très bien: la cohabitation entre Yamada et Shiori ne pourra pas durer ainsi éternellement: même s'il s'est contenté d'accueillir cette pauvre enfant livrée à elle-même, aux yeux de la justice Yamada ne sera rien d'autre qu'un homme coupable d'enlèvement et séquestration de mineur, la loi ne se voulant pas souple pour essayer de comprendre le pourquoi du comment. Alors quand l'affaire des meurtres d'Omiya permet à la police de remonter jusqu'à Shiori, ça pourrait bien être la fin de tout. Vivement critiqué par ses collègues, rapidement sali par des médias qui visent avant tout le sensationnalisme sans chercher à comprendre en profondeur, Yamada fait une proposition à sa protégée: partir immédiatement en voyage à deux. Et si l'adolescente n'est pas duper quant aux raisons de ce voyage soudain, leur parcours pourrait bien leur permettre d'avancer encore un peu ensemble, jusqu'à faire le point sur certains drames du passé, avant l'inévitable issue...

Voila ce qui anime la dernière ligne droite de Mauvaise Herbe, et d'un bout à l'autre Keigo Shinzo continue de faire des merveilles dans ce qu'il véhicule autour de ses deux personnages principaux si meurtris par la vie et par la société. Cette société continue de ne pas leur faire de cadeaux ici, entre la justice obtuse, les articles des médias ou encore les regards, médisances et jugements des autres. Mais le voyage sera un point culminant des quelques mois passés ensemble par Yamada et Shiori, tant on y ressent des blessures qui essaient de se cicatriser, une relation touchante entre un "père" et une "fille" de substitution qui se sont sauvés l'un l'autre, Shiori ayant apporté beaucoup à Yamada tout autant qu'il a apporté beaucoup à la jeune fille en l'extirpant de sa situation.

"Pendant ces quelques mois... pour la première fois depuis que je suis née... j'étais heureuse d'être en vie."

Il y a aussi, encore et toujours, le style visuel de Shinzo, qui fait encore des merveilles dans sa manière de nous faire ressentir l'intérieur des émotions des personnages sans forcément avoir besoin de les laisser éclater, simplement parce que le mangaka reste toujours à hauteur humaine. Le mangaka sait sonder en finesse ses personnages et nous donner envie d'essayer de les comprendre dans toute leur complexité. Par exemple, qu'est-ce qui peut traverser la tête de Yamada quand il part en voiture avec Shiori sur le lieu où Kozue est morte ?

Enfin, il y a ces dernières pages, franchement réussies et laissant une part d'interprétation quant à l'avenir des deux principaux personnages. Ces paumes de mains levées, reliant Yamada et Shiori de façon très joliment symbolique, mais laissant un profond vague à l'âme au vu de leur situation respective...

Mauvaise herbe aura été une série superbe et touchante d'un bout à l'autre. En 4 tomes, Keigo Shinzo a su offrir un drame humain et social aux émotions subtiles et variées, et il met un terme à tout ceci de manière particulièrement soignée et intelligente, en laissant gravés en nous les images de Yamada et Shiori.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs