Master Keaton Deluxe Vol.12 : Critiques

Après avoir longuement baroudé autour du monde en tant qu'enquêteur d'assurances, Taichi Keaton n'en a pas pour autant oublié ses ambitions premières : l'archéologie. Aussi retente-t-il sa chance dans une université japonaise où il retrouve un vieux camarade. Mais tandis qu'il découvre que la recherche est un monde empli d'ego et d'influences, Taichi reçoit une terrible nouvelle : le professeur Urey, l'homme qui lui a donné le goût des études est décédé.

Nous voici arrivés au bout du voyage avec ce douzième volume de Master Keaton, du moins sans compter sa suite « Remaster » qui débarquera dans quelques mois en France (là où les lecteurs japonais ont du attendre, eux, plus de 20 ans !). Alors que le manga nous avait habitués à des histoires indépendantes à chaque chapitre, Naoki Urasawa nous offre ici un récit complet pour offrir  une conclusion honorable aux aventures de son détective globe-trotter. Ainsi, la mort du professeur Urey est le déclic vers une intrigue qui parvient à mêler tout ce que l'on aime dans la série jusqu'ici :  l'archéologie, les histoires individuelles empathiques, et les emprunts à l'actualité récente dans une Europe en reconstruction.

Les quatre premiers chapitres proposent une longue introduction : après les mésaventures de Keaton dans le système de l'enseignement japonais, notre héros part sur les traces de son mentor pour retrouver un indice-clé venant appuyer sa théorie sur le Danube. Puis, tandis qu'il résout à la volée différentes enquêtes mineures à Londres, nous basculons à Tokyo pour retrouver sa fille Yuriko, sortant de son lycée, et s'interrogeant sur son avenir.

Puis, le récit s'emballe au cinquième chapitre, quand notre Master Keaton accepte d'enquêter sur un trafic de voitures volées en Roumanie. Keaton espère expédier cette affaire au plus vite pour pouvoir entreprendre des recherches validant sa théorie, mais c'est alors que son nouvel associé, un flic à la retraite du nom d'Hudson, se retrouve mêlé à une affaire de meurtre. Notre héros se retrouve alors pris dans un engrenage mêlant une police et des politiciens corrompus, un village propice à un bain de sang, et l'or des Caucescu, l'une des légendes urbaines les plus célèbres de la fin du Xxème siècle.

Les fans assidus de Naoki Urasawa que nous sommes noteront de nombreux atomes crochus entre cette intrigue et le célèbre Monster, manga de l'auteur qui succéda à Master Keaton dans le Big Comic Original. Les protagonistes sont emportés dans une histoire qui les dépasse, le contexte historique est à peu près similaire, sans parler du climax dans un village perdu et en proie aux flammes. Pour autant, le rythme s'y veut beaucoup plus effréné, au rythme de quelques rebondissements un peu téléphonés, et l'auteur parvient tout de même à nous captiver de bout en bout dans cette histoire palpitante.

Ainsi, Naoki Urasawa nous propose un bouquet final très réjouissant, sans doute réfléchi de longue date, qui réunit en son sein tout ce qui a fait la force de la série jusqu'ici. De la famille de Taichi à ses proches associés, aucun personnage central n'est oublié dans cette conclusion réjouissante. Il reste maintenant à savoir ce que sera devenu notre héros vingt ans plus tard avec Master Keaton Remaster, mais gageons qu'il sera resté fidèle à lui-même jusqu'au bout !