Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 05 Juin 2015
Après la fin du récit nous permettant d'en apprendre un peu plus sur Kayo, ce quatrième volume nous offre trois autres brefs passages où nous retrouvons des têtes déjà bien connues, comme Shôta, Mana et Chris, où Morishita en fin de tome. Mais un nouveau venu, Sanô, fera aussi son apparition. Dans tous les cas, la bibliothèque de la Rose Trémière devient une nouvelle fois le théâtre de nombreux échanges pour notre sympathique palette de personnages. Entre autres, le trio Chris/Mana/Shôta se renforcera joliment et non sans humour à travers la découverte de la véritable histoire de la Petite Sirène, qui permet notamment d'évoquer le sujet des réécritures plus ou moins fidèles de contes à l'origine très durs. Quant à Morishita, elle aura fort à faire pour transmettre sa passion aux autres filles de son club, mais un passage à la bibliothèque pourrait bien l'aider.
Cela dit, le principal événement de ce tome s'étire sur pas moins de 5 chapitres et plus de 100 pages, et nous offre un approfondissement tant attendu sur Miyamoto. Alors que certains s'inquiètent de ne plus le croiser à la bibliothèque depuis un moment (en tête notre chère Kanda, évidemment, dont nous découvrons également certains aspects, dont la façon dont elle a été embauchée à la bibliothèque), le jeune homme semble être en plein tourment, cherchant à faire le point sur sa vie et son avenir, notamment sur le plan familial. Que doit-il faire ? Il a beau travailler, à quoi cela le mène-t-il ? Et pourquoi lit-il tant de livres jeunesse ? C'est à travers une lecture poussée du Petit Prince qu'il risque fort d'ouvrir les yeux.
Umiharu Shinohara nous livre un focus sur l'oeuvre emblématique de Saint-Exupéry qui s'avère aussi juste que touchant, et qui est sans nul doute le focus le plus abouti de la série à ce jour. Car en plus de parfaitement mettre en valeur la double lecture de cette oeuvre qui est bien plus qu'un livre jeunesse banal et peut revêtir un tout autre sens avec des yeux d'adulte, on ressent parfaitement tout l'impact que la lecture a sur Miyamoto via un habile parallèle. Au bout du compte, le jeune homme ne pourra que constater qu'il a avancé bien plus qu'il ne le pensait, et que la bibliothèque a étonnamment beaucoup élargi son monde qu'il pensait restreint, sans même s'en rendre compte.
En somme, c'est un excellent bilan que Miyamoto peut se faire, l'auteur en profitant également pour aborder des questions en apparence si simples et pourtant si essentielles. Pourquoi lit-on ? A cette question, chacun aura sa propre réponse, et celles évoquées ici sont riches de sens.
Chacun a sa manière d'aborder les livres. Certains en font leur travail, car c'est leur raison de vivre, comme Mikoshiba, ou en y arrivant par hasard, mais en s'y forgeant peu à peu, tels Kayo et Kanda. D'autres, sans en faire leur emploi, lisent par simple divertissement, dans l'espoir de retrouver certains souvenirs, ou dans l'optique d'y trouver de quoi faire un point sur leur vie comme le fait Miyamoto. Les livres peuvent avoir d'infinies richesses, il peut y avoir autant de manières de les aborder que de personnes sur terre, et le mangaka s'applique toujours aussi bien à retranscrire tout cela. La bibliothèque de la Rose Trémière, elle, reste le théâtre de rencontres, de retrouvailles, de découvertes, voire de petites disputes que l'on prend plaisir à suivre. Et le résultat global est à nouveau brillant dans sa mise en valeur de la littérature et de ce qui l'entoure.
Le Maître des Livres est une oeuvre toujours aussi riche et habile, indispensable pour quiconque aime les livres ou aimerait les découvrir plus en profondeur.