Magicien d'OZ : Critiques

La collection des Classiques en manga des éditions nobi nobi! se poursuit avec, cette fois-ci, un nouveau classique de la littérature pour enfants américaine : le Magicien d'Oz, une oeuvre écrite par Lyman Frank Baum et publiée pour la première fois aux Etats-Unis en 1900. Celle-ci a connu un grand succès, au point d'avoir droit à de très nombreuses suites de qualité inégale par d'autres écrivains, et de connaître de nombreuses adaptations sur différents supports dont la plus célèbre reste sûrement le film musical de 1939 avec Judy Garland dans le rôle de Dorothée.

Aux dessins de l'adaptation manga ici présente, on a la surprise de retrouver un dessinateur déjà bien connu en France dans des genres totalement différents : Tommy Ohtsuka, auteur du manga fantasy Slayers Knight of Aqua Lord et de la sombre série historique Hawkwood.

Le Magicien d'Oz, c'est donc l'histoire de Dorothée, une fillette vivant dans le Kansas en Amérique avec son oncle et sa tante. Un jour, cette enfant rêveuse et qui a soif d’aventure est servie quand une tornade l’emporte dans un étrange monde merveilleux. Elle ne pense dès lors qu'à rentrer chez elle, mais sa seule piste pour y parvenir est d'aller à la Cité d’Émeraude afin de rencontrer le Grand Magicien d’Oz, capable d’exaucer les voeux. Mais sa route sera semée d'embûche : elle devra notamment vaincre des sorcières, mais elle pourra compter sur les trois amis qu'elle se fera en chemin : un épouvantail qui rêve d'avoir une cervelle, un bûcheron en fer blanc qui aimerait retrouver le coeur qu'il a perdu depuis que la méchante Sorcière de l'Est l'a transformé, et un lion peureux et lâche qui compte demander au magicien de lui offrir du courage.

Le Magicien d'Oz est un roman qui est bien connu pour sa double-lecture : sous son apparence d'aventure merveilleuse pour enfants se cache un portrait critique de la situation économique américaine de l'époque, où chaque personnage représente une figure ou un événement d'alors. Inutile de dire que le manga s'adressant aux plus jeunes, Tommy Ohtsuka met beaucoup plus en avant l'aventure que le portrait de société. Et il en résulte une aventure bien rythmée, qui ne souffre d'aucun temps mort et qui parvient à souligner correctement l'évolution des personnages, en tête desquels les trois compagnons de Dorothée qui vont surtout acquérir ce qu'ils convoitent en nouant une solide amitié avec la fillette. Malgré tout, même si la gestion des rebondissements est bonne, car ceux-ci sont bien disséminés, le lecteur attentif ressentira forcément à plusieurs reprises des coupures et raccourcis, car forcément, en adaptant en seulement 150 pages un roman qui en compte près de 250, Ohtsuka a dû faire des choix...

Mais quoi qu'il en soit, on a là une première approche du roman qui s'avère facilement prenante et efficace ! D'autant plus que le dessinateur offre une patte visuelle bien dans le ton. Notons que pour une oeuvre se déroulant en Amérique, on a ici un dessinateur qui a eu son expérience aux Etats-Unis dans le monde du comics. C'est peut-être d'ailleurs de son expérience dans le comics que le mangaka tire son goût pour la mise en avant des personnages au détriment des décors. Car soyons clairs, les décors restent globalement pauvres, ils sont bien présents, mais sont peu travaillés, ce qui est un poil décevant concernant certains lieux importants comme la Cité d'émeraude. A contrario, les personnages jouissent tous d'une expressivité impeccable et de physiques bien différents et aptes à plaire aux enfants, le dessinateur en profitant même pour instaurer régulièrement dans leurs expressions faciales des moments comiques.

Concernant l'édition, la collection des Classiques en manga est toujours un plaisir à prendre en main grâce à son format ayant un certain cachet, avec charte graphique spécifique, reliure de qualité et signet marque-page. Rien à redire concernant la traduction très emballante de Julia Brun.