Magic Kaitô Vol.1 - Actualité manga
Magic Kaitô Vol.1 - Manga

Magic Kaitô Vol.1 : Critiques

Magic Kaitou

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 03 Février 2015

Critique 1

Le plus grand magicien de ce siècle, c’est Kuroba Kaito, lycéen et fils de Tôichi Kaito qui fut assassiné huit ans auparavant. C’est maintenant que Kuroba découvre que son père n’était autre que Kaito Kid, alias Kid l’Insaisissable, un cambrioleur gentleman qui n’est jamais tombé entre les mains de la police et qui les narguait avec délectation en usant de ses tours de magie. Comme pour accomplir l’œuvre inachevée de son père, Kuroba endosse le costume et devient à son tour Kaito Kid ! Seul petit bémol, le chef de la police, l’inspecteur Nakamori, n’est autre que le père de l’amie d’enfance de Kuroka : Aoko Nakamori.

On connaît bien le personnage de Kaito Kid pour ses apparitions récurrentes dans Détective Conan, le manga phare de Gosho Aoyama. Mais plus rares sont les personnes qui savent que l’Arsène Lupin du manga est le protagoniste de sa propre série. Plus précisément le premier volume de Magic Kaito paraît en 1988, mais la série connaîtra une parution anarchique en raison de la publication de Détective Conan, raison pour laquelle les aventures de Kaito n’ont que quatre volumes à leur compteur. Toutefois, en 2011, une réédition des opus a lieu, incluant quelques rajoutes ainsi que des couvertures inédites, permettant de remettre l’œuvre de Gosho Aoyama aux goûts du jour. Et c’est précisément cette version que Kana décide de nous offrir, après des années et des années d’attente.


Quand on a lu Détective Conan, il faut reconnaître que le Kaito présenté dans cette série est quelque peu déroutant. Farceur et rarement sérieux, nous sommes finalement loin de l’image classe que nous avions du personnage jusqu’ici, ce qui tend à l’humaniser un peu plus. Développer la facette « civile » de Kuroba a donc un intérêt et crée quelque peu la surprise. C’est donc avec ce protagoniste, gentleman et cambrioleur des temps modernes, que nous allons vivre l’aventure.


Le tome se constitue de plusieurs aventures indépendantes dans lesquelles Kaito Kid est confronté à un problème. Mis à part le tout premier chapitre qui présente la découverte de Kuroba de l’identité de son père et la manière dont il reprend le flambeau, aucune véritable ligne directrice ne s’installe et ce premier volet nous divertit par les frasques de Kaito Kid présentées. Il est souvent affaire de cambriolage, Kaito ne s’intéressant qu’aux joyaux les plus rares. Mais il arrive aussi que la série prenne des tournants assez étranges, virant parfois dans le scénario d’action à suspense quand le héros n’est pas confronté à de la magie. On sent alors que Gosho Aoyama avait bien en tête son personnage, mais qu’il ne savait pas forcément comment calibrer son récit. La naissance de Détective Conan sera sûrement un guide pour lui, afin de combiner les deux univers.


Connaître l’aventure de Conan Edogawa n’est d’ailleurs pas forcément une bonne chose lorsque nous lisons ce premier volume, car les similitudes entre les deux séries sont grandes. Tout comme Shinichi, Kuroba excelle dans un domaine et entre souvent en rivalité avec le père de son amie d’enfance au fort caractère – avec laquelle il développe évidemment une amourette peu explicite – qui a un rapport avec les forces de l’ordre. Oui, nous avons là une sorte de copie du trio Shinichi / Ran / Kogoro, à quelques exceptions près. Par exemple, l’inspecteur Nakamori est moins voué à faire office de clown dans la série puisque quelques nuances sur le personnage sont d’ores et déjà apportées. Quant à Aoko, son tempérament est pus impulsif que celui de Ran, ce qui permet de distinguer les deux personnages.


Autre constat au cours de notre lecture, c’est le ton donné à l’œuvre. Nous sommes dans le rocambolesque délirant le plus total tant les actions et tours de Kaito sont rarement crédibles, jouent sur l’invraisemblable tout en entretenant un côté décalé qui ancre ce premier volume dans une catégorie humoristique. Mais encore une fois, ces premiers chapitres datent d’avant Détective Conan et il n’est pas dit que l’ambiance de la série reste la même sur les quelques tomes sortis. Nous voyons là un Kaito Kid toujours amusant, que ce soit dans ses tours de passe-passe ou lorsqu’il joue les gentlemen, mais peut-être deviendra-t-il le cambrioleur calme et classe que nous avons toujours connu jusqu’à présent.


Le dessin de Gosho Aoyama tel qu’il est dans ce tome date de la fin des années 80, autant dire que certains seront sans doute très surpris. Le très, non pas qu’il soit approximatif, est d’époque et correspond plutôt aux travaux du mangaka sur la série Yaiba. Le style n’est pas aussi affiné que maintenant, le trait est très arrondi et l’auteur joue énormément sur les expressions des personnages ou leurs postures pour accentuer le délire de son œuvre. Il est d’ailleurs amusant de comparer le style tel qu’il est sur les pages couleur, issues de Détective Conan, à celui du tome en général pour voir l’évolution de l’art du dessinateur.


L’édition de Kana est tout simplement exemplaire. On est d’ailleurs surpris dès lors que nous tenons le volume entre nos mains : L’ouvrage est fin et la couverture imprimée sur un papier mat agréable au touché. Autre surprise, l’éditeur a repris la réédition du titre et nous offre ainsi 10 pages en couleurs et tirées sur papier brillant, ce qui permet d’admirer quelques illustrations de Kaito Kid dans la série Détective Conan. La traduction est bonne, mais peut-être est-il bizarre d’adapter les dialogues en utilisant des expressions si vieillottes, bien que le manga date d’avant les années 90. Toutefois, ce style s’estompe progressivement, et les échanges verbaux des derniers tomes sonnent un peu plus actuel.


Ce premier tome est déroutant, car le Kaito Kid présenté n’est pas forcément celui que l’on a connu dans Détective Conan. L’ambiance de l’œuvre est très décalée, ce qui en surprendra plus d’un tant on s’attendait à autre chose. Le fait que la série n’ait pas dévoilé de fil conducteur est aussi surprenant, mais reste que ce premier volume est très divertissant et nous charme par son côté rétro. Sans être exceptionnel, Magic Kaito est un titre intéressant que nous suivrons pour son évolution, car les différents chapitres n’ont pas été dessinés à la même époque, ce qui aura sûrement une influence sur l’œuvre dans sa globalité. En tous cas, nous lirons la suite avec curiosité.


 


 


 


Critique 2


Les éditions Kana nous proposent aujourd'hui de découvrir une nouvelle série signée Gosho Aoyama, le génial auteur de la série culte Détective Conan. Enfin, "nouvelle" n'est peut-être pas le bon terme, car il s'agit en réalité de la toute première série majeure de cet auteur jusqu'alors inédite en France, débutée en 1987 (pas moins de sept années avant le début de sa série phare) et dont la parution a été tellement aléatoire au fil des trois dernières décennies qu'elle est toujours en cours avec quatre volumes à son actif, l'auteur s'étant attardé davantage sur ses autres séries et ne la reprenant que de manière épisodique, en parallèle à Détective Conan à laquelle elle est très liée. Alors que Détective Conan atteint aujourd'hui les 77 volumes sortis en France (un record !), il était temps pour les lecteurs de découvrir enfin les premières aventures de celui que l'on connaît davantage comme l'éternel rival du jeune détective: le magicien gentleman cambrioleur Kid l'Insaisissable (plus connu sous le nom de Kaito Kid dans la version japonaise). Et pour l'occasion, Kana a vu les choses en grand en nous proposant l'édition deluxe de ce manga, laquelle se voit affublée d'une petite galerie d'illustrations en couleurs en début de recueil, une rareté pour cet éditeur, ainsi que de quelques notes rétrospectives de l'auteur sur ses histoires. On doit par ailleurs souligner la qualité de papier des fameuses pages couleur, ainsi que celle de la couverture. Bref, l'éditeur a fait des efforts indéniables afin de marquer l'événement et de satisfaire au mieux ses lecteurs, reste maintenant à voir ce que vaut la série en question, véritable oeuvre de jeunesse de l'auteur.

Magic Kaito nous raconte donc l'histoire de Kaito Kuroba, un jeune lycéen et apprenti magicien talentueux à ses heures, qui découvre un beau jour que son père Toichi Kuroba, un célèbre magicien décédé huit ans auparavant dans des circonstances troubles, menait en réalité une double vie sous l'identité du gentleman cambrioleur Kid l'Insaisissable. Apprenant qu'il a vraisemblablement été tué, Kaito décide de reprendre l'identité de Kid afin de forcer ses assassins à sortir de l'ombre. Durant ses aventures, il est régulièrement opposé au farouche inspecteur de police Ginzo Nakamori qui fait de son arrestation l'objectif fort de sa carrière et qui n'est autre que le père de son amie d'enfance Aoko. De là, Gosho Aoyama part de cette base afin de nous raconter toute une série d'aventures très diverses qui ont pour point commun l'univers de la magie et du cambriolage... En fait non, même pas, car certaines n'ont rien à voir avec et relèvent certainement davantage des envies de l'auteur sur l'instant. Car si aujourd'hui Gosho Aoyama est reconnu pour son talent indéniable à adapter toutes sortes d'histoires aux univers et aux ambiances propres à ses séries (il suffit de voir Détective Conan, chef-d'oeuvre du genre), ce n'était pas encore le cas à l'époque de ses débuts et ce premier volume est très marqué "oeuvre de jeunesse", pas encore vraiment maîtrisé et souvent un peu kitsch, même si cela fait aussi son charme. Mais il y a une chose que l'auteur possédait déjà à cette époque et qui lui reste indéniable: son formidable talent de conteur.


Jugez plutôt: une première intrigue où Kaito endosse pour la première fois l'identité du Kid pour faire face à un imposteur qui utilise le persona inventé par son père afin de commettre ses méfaits, puis sa confrontation avec un célèbre policier français un peu fou et adepte de la gâchette sur les bords (un vrai cowboy) qui est chargé de la protection d'une jeune et ravissante princesse possédant une pierre convoitée par Kid. Jusque là, tout va bien, mais après on enchaîne avec une curieuse histoire où Kaito est capturé par un savant fou afin de créer un robot à son image (!!), robot qui va bien sûr vouloir prendre la place de l'original afin de se sentir exister. En d'autres mots: le tuer. Même s'il y a une certaine poésie derrière cette intrigue touchant à des thématiques comme la mort et l'existence, c'est très clairement l'histoire qui a le plus mal vieilli de ce recueil, très kitsch aujourd'hui, et on se demande un peu ce qui a pris à Gosho Aoyama et où est le rapport avec l'univers de Magic Kaito. On poursuit ensuite avec une intrigue où, cette fois, l'inspecteur Nakamori commence à soupçonner Kaito d'être la véritable identité du Kid, aussi Aoko décide-t-elle de le disculper en passant la journée avec lui le jour annoncé du prochain méfait de Kid. Pris de court, Kaito va devoir ruser pour parvenir à être à deux endroits à la fois, ne pouvant pas se permettre d'accentuer davantage les soupçons de l'inspecteur ou de sa fille. Puis on retrouve notre héros dans une intrigue où Kaito et Aoko se retrouvent piégés dans une épave de bateau enfouie sous l'océan, hors des regards des curieux. Afin de sauver leurs vies, Kaito (qui a réussi à emporter son costume de Kid avec lui, dieu seul sait comment) va devoir convaincre un pirate des mers de collaborer avec eux, ce dernier étant prêt à tout pour protéger son trésor, quitte d'ailleurs à les éliminer. L'occasion pour cet ivrogne de prouver qu'il a toujours l'âme d'un digne homme des mers et pas seulement d'un alcoolo. Enfin, le tome s'achève par la confrontation de Kid avec une jeune sorcière prénommée Akako Koizumi qui n'est autre qu'une de ses camarades de classe. Cette dernière est prête à tout pour le soumettre à sa volonté, usant de sa magie pour s'approprier le coeur des hommes, et Kid va tenter de lui faire découvrir à son tour le charme et la beauté de cet art de l'illusion qu'elle méprise tant et qui s'appelle "prestidigitation". Bref, rien de particulièrement original dans tout ça, mais de jolies petites histoires néanmoins dans l'ensemble et ce côté innocent et un peu kitsch a aussi son charme et saura certainement conquérir le coeur des lecteurs nostalgiques de séries telles que Cat's Eye ou Lupin III, ainsi que les fans de Détective Conan qui apprendront à redécouvrir le personnage de Kid l'Insaisissable sous un autre angle, plus humain et plus vulnérable, ainsi qu'à faire connaissance avec son identité civile.


A côté de ces histoires divertissantes, on trouve toute une galerie de personnages sympathiques (dont certains déjà familiers aux lecteurs de Détective Conan) qui contribuent à faire vivre cette série, allant de l'espiègle Kid l'Insaisissable à l'incompétent inspecteur Ginzo Nakamori, en passant par Aoko, la jolie amie d'enfance aux airs de tsundere, ou encore la sorcière Akako Koizumi qui cache un coeur sensible derrière son apparente cruauté. Sans ces personnages très attachants et charismatiques, la série ne serait certainement pas celle qu'elle est et ils constituent assurément l'une des plus belles réussites de ce premier volume, même s'il faudra en revanche que l'auteur développe davantage les motivations de Kid qui demeurent pour l'heure un peu bancales, plus un gros prétexte qu'autre chose. En revanche, les fans de l'auteur Gosho Aoyama seront certainement surpris par son style de dessin qui est loin d'être aussi abouti et détaillé que celui qu'on lui connaît aujourd'hui, trahissant là aussi le côté "oeuvre de jeunesse" de l'auteur. Les dessins n'en sont pas mauvais pour autant et ont même un certain charme rétro, mais c'est plutôt du côté de la mise en scène qu'on se rend compte du long chemin qui a été parcouru depuis. Si aujourd'hui, Gosho Aoyama travaille sa mise en scène et pense chaque plan de manière cinématographique dans Détective Conan, il n'avait pas encore ce talent à l'époque, Magic Kaito s'avérant bien moins inspiré que ce dernier, mais le résultat n'en est pas désagréable pour autant et il est même assez sympathique, juste moins maîtrisé.


Au final, le degré d'adhésion des lecteurs à cette série dépendra certainement de leurs attentes. Les fans de Détective Conan qui se lancent dans ce manga en pensant y trouver un complément avec une série centrée autour du personnage de Kid l'Insaisissable seront certainement déçus: il s'agit bien d'une série différente, possédant sa propre ambiance et un esprit différent, et qui a été crée à une autre période de la carrière de Gosho Aoyama, alors que celui-ci débutait tout juste dans le métier, d'où un résultat beaucoup moins maîtrisé que dans sa série fétiche. Cela étant dit, la série apporte bel et bien son lot de réponses concernant le personnage de Kid et la série saura même certainement plaire à tous ceux qui arriveront à se faire à l'idée que Magic Kaito n'est pas un simple spin-off de Détective Conan, mais bien une série à part entière et différente de sa cadette. Maintenant, il est évident que Gosho Aoyama ne maîtrisait alors pas vraiment les tenants et aboutissants de son histoire et qu'il construisait son univers au petit bonheur la chance. Il faudra patienter encore quelques volumes avant de découvrir toute la vérité concernant les enjeux réels de cette série et ses liens avec Détective Conan. Et concernant les lecteurs qui ne connaîtraient pas encore l'univers de Gosho Aoyama, Magic Kaito pourrait surtout parler et plaire à ceux qui gardent une véritable nostalgie des séries des années 80, en particulier de titres comme Cat's Eye ou Lupin III, avec leurs ambiances rétro. Quoi qu'il en soit, Magic Kaito est assurément un titre qui mérite le coup d'oeil de par son statut d'oeuvre de jeunesse d'un auteur aujourd'hui devenu incontournable et c'est une véritable aubaine de voir enfin ce manga sortir en France, 27 ans plus tard, alors que l'on n'y croyait guère plus. C'est un formidable cadeau que Kana fait là aux fans de Détective Conan qui ont longtemps espéré la parution de cette série culte sur notre territoire.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
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14 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs