MADK Vol.1 - Actualité manga
MADK Vol.1 - Manga

MADK Vol.1 : Critiques

MADK

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 07 Août 2019

En France on connaît déjà la mangaka Ryô Sumiyoshi depuis l'année dernière grâce aux éditions Glénat avec son excellent titre Centaures, série où elle bluffe autant pour l'anatomie de ses créatures que pour son récit en lui-même. Mais parallèlement à sa carrière sous le nom de Sumiyoshi, cette ancienne employée d'une entreprise de jeux vidéo débarquée dans le monde professionnel du manga en 2017 entretient également, sous le nom de Ryo Suzuri, une jeune carrière dans le boy's love, et c'est son titre le plus connu dans le domaine que les éditions Taifu Comics nous proposent désormais de découvrir en France. Lancé en 2017 dans le magazine Canna des éditions Printemps Shuppan, MADK trouve son origine dans un fanzine de 16 pages (le tout premier fanzine qu'elle a fait) que l'artiste a sorti il y a un petit moment, avant de devenir une série à part entière. Ayant marqué les début professionnels de Ryo Suzuri, ce boy's love nous plonge dans un univers on ne peut plus atypique, et qui n'est pas forcément à mettre entre toutes les mains des lecteurices BL...

Jugez vous-même: ici, on fait très vite la connaissance de Makoto, un jeune homme ayant des centres d'intérêt plutôt morbide, centrés sur les démons et le cannibalisme. Bien qu'ayant au fond de lui le désir de goûter de la chair humaine, sa gentillesse fait qu'il n'est jamais passé à l'acte et qu'il prend toutes ses précautions pour ça. Malgré tout, il est vu comme un garçon déviant et inquiétant par ses pairs, y compris sa mère, qui l'ostracisent. Rejeté de tous, il a choisi de se lancer dans la sorcellerie et, en seulement un an, est parvenu à la maîtriser suffisamment pour réussir à invoquer un démon, et pas n'importe lequel: J, un archiduc des Enfers ! Complètement séduit par la beauté de cet être apparaissant nu devant lui, et n'attendant rien de sa vie humaine, Makoto accepte de lui offrir son âme en échange d'un voeu... particulier: dévorer le corps du démon, ses entrailles, sa chair, qui peut se régénérer. Et alors que le jeune homme peut enfin assouvir son plus profond désir, il ne sait pas encore quels projets J a pour lui, une fois tous deux revenus dans le monde des démons...

Ryo Suzuri nous plonge dès les premières pages dans un univers où la déviance est l'un des maîtres mots, choses qu'elle nous fait ensuite facilement comprendre tout au long du volume, via des planches pouvant parfois aller assez loin dans les "délires" sortant largement de l'ordinaire: tripes dévorées crues, masturbation dans la chair, coït d'un démon avec un être décapité... L'autrice a l'immense mérite d'assumer à fond son concept, et elle le fait avec talent dans la mesure où malgré la bizarrerie et le glauque des situations, elle ne tombe jamais dans le gore voyeuriste, équilibre bien les choses, et y a ajoute très, très souvent de bonnes notes d'absurdité et d'humour noir. On a envie de dire qu'avec tout ça, la mangaka flirte avec l'ero-guro, mêlant érotisme, horreur et grotesque avec talent. Et au-delà de ça, sur le plan visuel elle nous offre ci, après les Centaures de son autre oeuvre, des démons aux designs bien travaillés et originaux. Ainsi, par exemple, comme elle l'explique elle-même dans sa postface, elle a voulu mélanger des éléments démoniaques et angéliques pour J, et le résultat ne manque pas de saveur. mais bien d'autres créatures bénéficient d'une belle inventivité visuelle, comme Fjord ou D.

L'inventivité, elle se retrouve aussi au niveau de l'histoire. Loin de se reposer uniquement sur ses dessins et son ambiance, Suzuri parvient à distiller au fil des pages un petit scénario intrigant où Makoto, comme annoncé dès le premier chapitre, est voué à trouver une place de choix dans le monde des démons, où sa nouvelle existence en tant qu'assistant de J ne fait que commencer. Devant se faire à son nouveau quotidien, à son nouveau rôle et surtout à sa nouvelle nature, Makoto, au gré des demandes d'un J facétieux qui ne lui explique quasiment rien, doit découvrir peu à peu l'univers des démons, et Suzuri parvient à y distiller quelques règles très intéressantes, notamment autour du pouvoir des mots. De quoi titiller comme il se doit la curiosité concernant l'évolution de cette histoire.

En définitive, avec ce premier volume la mangaka frappe un joli coup en nous offrant un boy's love sortant complètement des sentiers battus, et qui, avec son mélange d'horreur et d'humour ainsi que ses visuels bourrés de qualités, ne manque pas d'intérêt. Qui plus est, on ne pourra qu'apprécier aussi la postface assez riche, faite de petites explications, d'anecdotes et de croquis.

Concernant l'édition, c'est une belle copie que nous sert Taifu, avec une traduction claire de Margot Maillac, un papier et une impression très honnêtes, et une première page en couleurs offrant une très belle illustration.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs