Livre des sorcières (le) Vol.2 - Actualité manga
Livre des sorcières (le) Vol.2 - Manga

Livre des sorcières (le) Vol.2 : Critiques

Majo wo mamoru

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 09 Mars 2022

Encore et toujours hanté par le drame concernant Erna, cette jeune "nymphe" dont il n'a pu sauver la vie quand elle fut accusée d'être une sorcière, Jean Wier poursuit sa formation afin de devenir un médecin accompli et, l'espère-t-il, pouvoir utiliser ses connaissances pour éviter d'autres drames liés aux terribles croyances sur les sorcières. C'est ainsi qu'il est devenu le disciple du célèbre Henri-Corneille Agrippa de Nettesheim, un médecin en révolte contre les moeurs de son époque, parfois qualifié de magicien de manière péjorative, voire même d'excentrique depuis qu'il a, quelques années auparavant, plaidé en faveur d'une sorcière à qui il a évité le bûcher. Auprès de son maître, le jeune Wier a même activement participé au combat contre la peste noire... mais au lieu d'être remercié, Agrippa fut conspué par l'Eglise, par l'Université, par la famille impériale, et même par ses pairs de l'"ordre des médecins" de l'époque, alors même que ces derniers furent les premiers à fuir pendant l'épidémie. La principale raison de ce dédain : la publication de "De Occulta Philosophia", un livre écrit par ses soins et remettant en cause nombre de fondements d'alors, notamment religieux et médicaux. C'est, alors, dans le rejet que le maître de Jean est voué à s'éteindre, quelques années plus tard, non sans avoir inculqué à son disciple des valeurs primordiales en ces temps de trouble: avoir pleinement conscience des méthodes injustes de l'Inquisition ne laissant aucune chance aux personnes présumées coupables (vouées à être torturées jusqu'aux aveux, même si ces aveux sont faux), ne jamais hésiter à apprendre, accumuler les connaissances pour mieux combattre l'obscurantisme.

"Qu'on ne vienne pas me parler de véritable justice pour des ordures qui déforment la doctrine dans le but de satisfaire leur intérêt personnel !"

S'affichant sur la jaquette de ce deuxième tome, Agrippa, comme dans la réalité historique, aura indéniablement marqué en profondeur la vision de son disciple Jean Wier. Et c'est donc en ayant toujours les idées de son défunt maître en tête que notre héros s'installe enfin à son compte en tant que médecin dans une petite ville. Le jeune homme, désormais jeune marié et dont l'épouse Judith attend un enfant, s'évertue à mieux faire connaître sa médecine, à expliquer l'utilité des médicaments plus efficaces que la simple "foi" pour guérir... mais bientôt, dès lors que des morts suspectes ont lieu en ville, voici que tous les soupçons se portent sur Nora, vieille dame qui se retrouve accusée de sorcellerie de toutes parts alors que Wier est rapidement convaincu qu'elle n'y est pour rien, qu'elle souffre simplement de "mélancolie", et qu'il pourrait la soigner. Le jeune médecin pourra-t-il, alors, démêler le vrai du faux ? Sauver son amie du bûcher face à la folie obtuse s'emparant des habitants à l'idée qu'un "suppôt du diable" vive parmi eux ? Découvrir qui est la personne réellement coupable des meurtres ? Une fois passées les 60 premières pages consacrées à la "chute" d'Agrippa, tout le reste de cet épais volume de plus de 250 pages se consacre à cette fameuse affaire. Et si l'issue concernant l'identité de la vraie coupable n'offre absolument aucune surprise tant elle se devine largement, le fait est que cette issue n'est pas ce qu'il y a de plus important, et que c'est bien le déroulement qui intéresse Ebishi Maki. Un déroulement où Wier doit, en permanence, composer avec les croyances de son temps, avec cette "chasse aux sorcières" ne laissant aucune chance aux personnes accusées, avec cette justice qui n'a précisément rien de juste. Face à ce système qui, finalement, crée des "sorcières" de toutes pièces, le jeune médecin pourra-t-il faire valoir ses connaissances ? Faire comprendre qu'une personne comme Nora n'est pas possédée par le démon mais souffre simplement d'une chose encore mal connue à l'époque, à savoir la maladie mentale ? Le chemin pour y parvenir risque d'être encore délicat...

Après un premier volume très intrigant et immersif, Le Livre des Sorcières confirme alors pleinement ses qualités. En se basant sur une documentation qu'elle veut la plus pointue possible (en tête, les propres livres d'Agrippa et de Jean Wier), Ebishi Maki livre un récit assez rigoureux historiquement (jusque dans l'intervention du célèbre Docteur Faust), et profite de sa part plus fictive pour offrir sa vision du contexte de l'époque, de la lutte de la connaissance et de la médecine face aux chasses aux sorcières et autres obscurantisme, pour un manga ne ressemblant finalement à aucun autre.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction