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Liquor & Cigarette : Critiques

Liquor & Cigarette

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 11 Décembre 2019

Après Void et A sleeping man and a loving man, la mangaka Ranmaru Zariya est revenue pour la troisième fois aux éditions Taifu Comics fin novembre avec Liquor & Cigarette, un récit en 5 chapitres (plus un bonus) qui a été prépublié au Japon entre 2016 et début 2018 dans le Comic Magazine Lynx des éditions Gentôsha, avant de paraître dans son pays en un volume broché d'environ 200 pages. Signe particulier de cette oeuvre: elle a remporté le prix Chil Chil 2019 du meilleur manga boys’ love, ce qui suscite d'autant plus la curiosité avant d'entamer la lecture.

L'oeuvre nous plonge dans une petite ville qu'au vu des nombreux petits indices disséminés on peut sans problème situer en Espagne. C'est en bas d'une rue en pente dominée par de longs escaliers de pierre que vivent, l'un en face de l'autre, deux amis d'enfance qui ont tout deux repris respectivement la petite affaire familiale. Camilo, peau blanche, longs cheveux noirs, carrure de rêve, tient un tabac où abondent les clients... enfin, surtout les clientes, charmes par le gérant. Teo, quant à lui, est un garçon à la peau bronzée et et aux courts cheveux blonds qui, à cause de son incapacité à tenir l'alcool, a bien du mal à faire bonne figure pour gérer sa boutique de breuvages alcoolisés. Hétéro, Teo sait très bien que son ami d'enfance Camilo est bi, chose qu'il ne cache pas. En revanche, il reste un peu décontenancé quand celui-ci lui affirme l'avoir toujours aimé le plus sincèrement et profondément du monde. Alors que Teo ne sait pas trop comment réagir, voici qu'arrive l'annuelle fête des vendanges et, avec elle, l'habituel concours d'alcool où le jeune vendeur a toujours pris soin de se désister. Mais cette année, les choses sont différentes: Camilo promet de l'"entraîner" à mieux tenir l'alcool, en buvant avec lui soir après soir, quitte à ensuite l'aider à se coucher, et en demandant pour seule récompense de pouvoir l'embrasser. Teo pourrait bien enfin apprendre à mieux gérer son corps et sa résistance face à l'alcool, tout en s'interrogeant plus sérieusement sur la façon dont il considère réellement son ami d'enfance...

Ranmaru Zariya nous offre ici une histoire d'amour somme toute classique dans son évolution, avec un Camilo sincère et sérieux dans son amour pour Teo derrière ses allures parfois un peu frivoles, et un Teo qui, peu à peu, est amené à être plus sincère avec lui-même dans ce qu'il ressent, afin d'assumer ses vrais sentiments, lui qui se considérait simplement comme un hétéro. Néanmoins, tout le talent de la mangaka réside sur deux choses.

Tout d'abord, le soin qu'elle accorde à ses deux héros, dont on ressent très bien l'amitié solide et les sentiments plus profonds. A travers des moments comme le feuilletage de l'album photos, on voit bien qu'un lien solide unit les deux jeunes hommes depuis toujours, et qu'ils ont traversé ensemble bien des choses. Et nombre de petits moments démontrent bien tout l'attachement qu'ils ont l'un pour l'autre. mais à présent, cette attachement se doit de basculer vers autre chose, si tant est que Teo parvienne à l'assumer face à un Camilo qui ne manque pas d'attachement et de sincérité. Cette relation, l'autrice l'entretien aussi via quelques notes d'humour jouant un peu sur le running gag (le coup des caleçons, la tendance de Teo à tenir de mieux en mieux l'alcool mais à le tenir toujours aussi peu par rapport à Camilo...) et montrant surtout que ces deux-là se connaissent très bien, mais aussi à travers quelques personnages secondaires plutôt bien campés me^me si leur rôle reste précisément secondaire.

Ensuite, la patte visuelle, irrésistible. Il y a bien sûr les looks très soignés des deux héros, entre un Camilo charismatique avec sa tignasse brune et son air mature, et un Teo craquant avec son regard un peu plus enfantin et sa peau bronzée toujours superbement croquée par la mangaka via des trames très nuancées. Mais il y a aussi des corps nus à l'érotisme prononcé et très bien représentés lors des moments chauds, et surtout tout un travail d'ambiance qui découle des détails comme les intérieurs, les bouteilles d'alcool en tous genres (y compris des bières belges), les paquets de cigarettes, les préparatifs de la fête, le long et sinueux escalier, les bâtisses à l'architecture occidentale assez recherchée... Tout ceci est très présent, la dessinatrice ne laisse jamais ses cases vides sans pour autant les surcharger, c'est très beau et immersif... un vrai plaisir visuel, comme la mangaka nous y a souvent habitué avec ses précédentes oeuvres publiées en France.

Ranmaru Zariya fait donc de vraies merveilles de narration, de dessins et d'ambiance pour nous plonger comme il se doit dans une histoire assez classique, mais soignée et portée par deux héros facilement attachants et séduisants. Un très bon one-shot, servi dans une édition tout aussi plaisante avec son papier de bonne qualité, son impression très bonne, ses six premières pages en couleur, et sa traduction fluide assurée par Margot Maillac.
    

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.25 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs