Lika aux cheveux longs - Actualité manga

Lika aux cheveux longs : Critiques

Kaminaga no Lika

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 26 Février 2013

Lika aux cheveux longs est un album né en 2009 de la rencontre entre deux jeunes auteurs, le scénariste Yuji Kannô et l'illustratrice Matayoshi, qui ont depuis conçu d'autres ouvrages jeunesse ensemble. Ici, les deux artistes nous plongent dans une histoire que ne renieraient pas les frères Grimm, notamment avec le conte de Raiponce.

Dans un hameau assez pauvre perdu entre deux montagnes, sur la route menant à la grand ville, vit la petite Lika, seule avec sa grand-mère depuis la disparition de ses parents. Mais jamais la fillette n'a ressenti de tristesse, la bienveillance de sa grand-mère lui suffisant amplement, et lui donnant du courage pour aller vendre dans le village les pots-pourris qu'elle confectionnent et qui leur permettent à toutes les deux de survivre. Courageuse et attirant sans mal la bienveillance des villageois, la fillette est toutefois très timide et réservée, et ne parle quasiment pas.
Parmi tous les villageois, il y en a pourtant un qu'elle n'aime pas trop : le coiffeur, qui aimerait tant lui acheter sa belle et longue chevelure en échange d'une grosse somme d'argent.
Ainsi la vie de Lika suit-elle son cours. Mais depuis quelques temps, quand elle rentre du travail, elle trouve sa grand-mère en compagnie d'un petit garçon tout rond et mystérieux, très enjoué, et qui provoque parfois une petite jalousie chez la fillette tant il s'entend bien avec la vieille femme. Mais la jalousie ne dure jamais longtemps, la joie du petit garçon finissant par toucher Lika qui lui sourit timidement en retour.

Mais bientôt, voilà l'hiver, et il devient de plus en plus difficile pour Lika de vendre ses pots-pourris. Il ne lui reste bientôt plus qu'un seul client : le coiffeur, qui continue d'acheter les fleurs séchées, et propose inlassablement à la fillette de lui acheter sa magnifique chevelure. La pauvreté guette, et Lika, courageuse, prend une décision douloureuse. Elle n'en parle à personne, et personne ne lui fait de remarque. Personne, sauf le petit garçon venu plusieurs fois manger des biscuits chez elle...

Lika, c'est l'histoire de personnages que l'on pourrait très bien connaître : une petite fille réservée, un petit garçon enjoué, une grand-mère sereine et bienveillante, un coiffeur qui rêve de fortune... Ce sont des personnages qui nous parlent facilement, d'autant que le duo d'auteurs prend le temps de bien les mettre en place, de montrer leur quotidien, le cadre dans lequel ils vivent... Un vrai petit monde est mis en place, un peu à la manière de ce que font des auteurs de contes comme les frères Grimm. Et c'est donc tout naturellement que l'on s'attache vite à la petite Lika, d'autant que les illustrations de Matayoshi font tout pour la rendre adorable.

En effet, si les personnages sont plutôt ordinaires et attachants, il fallait au moins le talent d'illustratrice de Matayoshi pour les sublimer.
Dans des couleurs et des tons sobres, des effets un peu flous ou délavés, et une ambiance assez nostalgique, le rendu colle parfaitement à l'ambiance des contes anciens.
Tout cela, l'illustratrice le fait passer avant tout à travers ses personnages. Les décors se limitant aux éléments-clés (les biscuits, les pots-pourris) et les fonds étant quasiment absents (le blanc uni domine), c'est bien le travail sur les protagonistes qui attire toute l'attention, et de ce côté là, Matayoshi fait des merveilles, offrant à la petite Lika une jolie palette de différentes expressions très nuancées et qui lui offrent des bouilles réellement touchantes, et donnant aux personnages secondaires des figures très marquées : le visage tout rond du petit garçon fait bien ressortir sa bonhommie et sa joie, le visage marqué par les années de la grand-mère dégage beaucoup de bonté, le profil maigre et soigné (petite moustache bien taillée, long nez fin, long sourire...) du coiffeur le rend assez inquiétant. Et pour entretenir le petit côté fantastique, on peut compter sur les oreilles en pointe de Lika et de sa grand-mère, ou sur la chevelure somptueuse de la fillette.

Tout ceci rend donc la lecture particulièrement immersive et touchante. L'histoire se déroule tel un conte ancien, en reprend de nombreuses caractéristiques (absence de modernité, hameaux perdus en pleine nature, personnages vivant dans la simplicité ou étant au bord de la pauvreté, situation familiale peu évidente, aventures parfois dures, touches de magie et de fantastique...), et est portée par les illustrations magnifiques de Matayoshi, et il ne manque finalement qu'un développement un peu plus présent du message souhaité sur la difficulté qu'on peut avoir parfois à se confier et à communiquer avec les autres, car si ce message est bien là et reste abordé avec sensibilité, il n'est réellement évoqué qu'au tout début et à la toute fin.

Sous la forme d'un conte ancien, Yuji Kannô et Matayoshi nous offrent une histoire simple, douce et touchante, portée par des illustrations nuancées et sensibles. Une nouvelle réussite pour nobi nobi!, qui nous offre en prime une édition particulièrement réussie. La couverture, son effet tissé et son titre gravé en lettres d'or offrent à l'album un cachet "conte ancien" très réussi.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs