Life - Actualité manga

Life : Critiques

Life Senjô no Bokura

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 29 Mars 2019

Âgés de 17 ans, Nishi et Itô sont deux lycéens qui, sans le savoir, ont un même hobby: marcher sur les lignes blanches au bord des routes sans jamais s'en écarter, et en s'imaginant toujours être dans des situations périlleuses, en grand danger, comme si'l étaient par exemple entourés d'une mer de requins ou de pics. Un jeune plein d'imagination purement enfantine, et qui va pourtant leur permettre de voir leurs routes se croiser. A force de se croiser sur la même ligne, ils apprennent à se connaître, et une agréable routine s'installe entre eux. Mais la routine devient bientôt de l'amour, d'abord pour Itô qui a de plus en plus de mal à réfréner ses sentiments, puis plus tard pour Nachi qui a d'abord un peu de mal à se l'avouer. Mais c'est un fait: tous deux s'attendent toujours, s'aiment de plus en plus. Et cet amour perdurera, au gré des problèmes et des lignes, au fil des décennies...

De son nom original Life Senjou no Bokura, Life est le deuxième manga et la première série de Miya Tokokura. Cette oeuvre compilée en un tome de plus de 170 pages fut initialement prépubliée en 2016-2017 dans le magazine Hanaoto des éditions Hôbunsha, et arrive en France aux éditions Taifu Comics en étant déjà auréolé d'une réputation très flatteuse, en ayant été élu meilleur manga yaoi aux Chil Chil BL Awards 2018. Et à la lecture, on comprend aisément ce qui en a fait le succès.

En effet, Life propose un concept aussi simple que joli, en nous proposant de suivre les grandes étapes sentimentales et professionnelles de nos deux héros à travers le temps, de leurs 17 ans jusqu'à leur vieillesse. L'adolescence où ils se rencontrent en étant portés par la fraîcheur et l'insouciance de leur jeunesse et de leur jeu enfantin, l'âge des 19 ans où ils sont à la fac et où leurs sentiments se sont affirmés même s'ils restent encore incertains et maladroits, leurs 21 ans où ils doivent faire leurs choix d'orientation, les 25 ans où leur relation semble s'épanouir et où il sont désormais dans la vie active. Puis 28 ans, 31, 32, 33, 36, 54, ainsi de suite... avec, à chaque étape où la mangaka s'arrête, de nouvelles évolutions, entre doutes professionnels et sentimentaux, séparations, retrouvailles et on en passe pour ne pas en dire trop... Là où le concept séduit beaucoup, c'est dans la manière que la mangaka a de ne jamais traîner et de garder un fil conducteur clair dans ses étapes, afin de condenser en 170 pages deux vies dont on cerne l'essentiel, à savoir un amour mutuel finissant (ou non ?) par franchir toutes les épreuves que la vie et la société peuvent imposer. Et des épreuves, il y en aura un paquet, de celles qui peuvent animer n'importe quelle vie: les choix d'orientation initiaux, l'éloignement de l'insouciante jeunesse face aux réalités du travail et de la routine, les doutes quant à l'avenir ensemble (avec la difficulté de parler de leur couple à leur famille, Itô qui a peur qu'ils aient des regrets plus tard en ne pouvant pas fonder une vraie famille, etc), des difficultés à se conformer totalement au moule du travail et de la société, les problèmes typiques de la prise d'âge... Vite et bien, l'autrice brasse de nombreuses choses qui rendent sont récit crédible. Face à tout ça, Itô et Nachi prendront parfois des voies différentes, s'éloigneront mais ne s'oublieront jamais, se retrouveront, pour un résultat où l'on ressent parfaitement la sincérité, la pureté et la tendresse de leur amour, malgré des moments difficiles et douloureux.

Ce récit de deux vies indissociables, Miya Tokokura a l'excellente idée de le rendre encore plus fort en faisant régulièrement appel à la métaphore des lignes, qui sont l'élément ayant permis la rencontre entre les deux garçons, et qui ne les quitteront jamais vraiment en représentant souvent les grandes étapes de leur vie. Une ligne souvent droite et continue qu'ils suivront ensemble jusqu'au bout, même si parfois elle se brisera avant des réapparaître. Voilà qui apporte encore un peu plus de poésie et d'imagination à cette oeuvre qui n'en manquait déjà pas.

Enfin, la dessinatrice dévoile des talents visuels impressionnants pour un début de carrière, dès les premières pages où ses deux héros alors adolescents se croisent de façon virevoltante, témoignant du charme de leur jeunesse. Les découpages et les choix d'angles sont souvent très bien vus en cristallisant quelques très beaux moments et quelques très belles expressions. Et puisque l'on parle des expressions, soulignons aussi des visages maîtrisés et pouvant véhiculer de nombreuses émotions assez nuancés, ainsi que des silhouettes soignées, des trames assez fines et enrichissant beaucoup le trait, et certains décors captivants.

Servi dans une édition à la hauteur (papier souple et épais, très bonne impression, première page en couleur, traduction très fluide de Margot Maillac), Life est un récit à la fois, simple, beau, sensible, poétique et vrai, mené de main de maître en seulement 170 pages, et qui touche très souvent juste jusqu'à peut-être réussir à faire décrocher une larme à la fin. Life figurera sûrement parmi les meilleures parutions boy's love de 2019.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs