Liens du sang (les) Vol.13 - Manga

Liens du sang (les) Vol.13 : Critiques

Chi no Wadachi

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 11 Avril 2024

Le procès de Seiichi a trouvé son point d'orgue dans la dernière partie du volume précédent, dès lors que Seiko a fait sa première apparition depuis l'inculpation de son enfant. Et ce qu'elle a à dire finit d'anéantir l'esprit du jeune garçon: elle déclare n'avoir jamais aimé ce fils qu'elle voyait comme une contrainte, et affirme de plus belle qu'elle veut simplement retrouver sa solitude, loin de tout.

"Je ne ressusciterai pas, ma vie est finie. Mais moi, j'ai survécu."

Au bout d'un 12e volume une nouvelle fois très fort, on sentait bien que Shuzo Oshimi achevait là toute une grande partie de son oeuvre, et cela se confirme dès les toutes premières pages ou une longue ellipse a eu lieu, nous permettant de retrouver Seiichi en 2017, alors qu'il est désormais âgé de 36 ans. Quand il ne vivote pas dans un petit studio jonché d'ordures, il travaille sans passion dans une boulangerie industrielles, mais a le regard constamment éteint, comme si plus rien ne pouvait le toucher. Aux décors très réalistes de son quotidien, répondent des visions graphiques biscornues dès lors qu'on pénètre dans sa psyché, Oshimi nous faisant alors toujours aussi bien ressentir à quel point Seiichi n'a plus aucun goût pour la vie et n'accorde aucun intérêt à ce qui l'entoure. Simplement, comme il le dit lui-même, voici bien longtemps qu'attend de mourir, pour rejoindre Shigeru qui le hante encore. Quant à Seiko, il n'a jamais envisagé une seule seconde de la revoir, pendant toutes ces années, alors même que dans le fond il semble poursuivre le même désir de solitude et de disparition qu'elle... Les liens du sang vont-ils jusque-là ?

Les années qui passent n'arrangent donc en rien l'état de Seiichi, toujours hanté par ce qu'il a pu traverser et lui-même commettre plusieurs années auparavant. Mais sa solitude et son désir de disparaître ne sont pas encore tout à fait satisfaits car, malgré toutes ces années qui ont défilé, malgré son lourd passé, il y a toujours quelqu'un qui, sans être envahissant, est là pour lui et s'inquiète pour lui: son père. L'heure est effectivement venue pour Ichirô, père un peu effacé et dépassé à l'époque des drames, de prendre plus d'importance que jamais, tout d'abord en rendant visite à son enfant, ce qui est l'occasion pour Oshimi de glisser vite et bien quelques détails sur le parcours de Seiichi pendant l'ellipse et sur le soutien discret que son père a essayé d'être au fil du temps, certes maladroitement et sans que ce soit très concluant. Alors, peut-être qu'un certainement événement dramatique changera la donne ? C'est toute la question que l'on se pose en observant Seiichi au fil de ce nouveau bouleversement: ses bégaiements d'autrefois qui reviennent un peu, ses regards qui semblent moins éteints par moments (le mangaka excellant décidément toujours dans ses jeux visuels sur les yeux)... sans oublier, de l'autre côté, la mise en avant de ce que ce que lui laisse son père, de sa volonté de permettre à son enfant de vivre sa vie, de ce qu'il a fait en secret pour lui... Il y a là un lien du sang moins torturé, un amour d'un père pour son fils qui semble plus vrai. mais cela suffira-t-il à sortir Seiichi de son état ? Sur cette question, Oshimi parvient encore à nous laisser sur une part de flou pour sonder de plus belle l'état psychologique de son personnage principal.

"Seul... Me voila enfin seul..."

Cette nouvelle étape du récit reste, alors, menée avec force par Oshimi, tandis que, par la force des choses, le passé de Seiichi semble malgré tout devoir le rattraper. Et même si, certes, l'image de sa mère lui revient parfois à l'esprit de façon presque cauchemardesque (deux très soudaines doubles-pages dominées par un noir presque total, quand le reste des planche est plutôt dominé par le blanc), c'est encore une autre figure importante qui se rappelle à lui dans des toutes dernières pages aussi insondables qu'intrigantes...


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs