Les lamentations de l'agneau Vol.1 - Actualité manga

Les lamentations de l'agneau Vol.1 : Critiques

Hitsuji no Uta

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 10 Août 2012

Kazuna, recueilli par son oncle et sa tante à la mort de sa mère et sans nouvelle de son père depuis plus de dix ans, mène une vie relativement banale. Un jour, alors qu'il est en compagnie de Yaegashi, une amie membre de son club d'arts plastiques dont il est amoureux, il fait un malaise à la vue du sang tout en se remémorant des bribes de son enfance. Il décide alors de repasser devant la maison dans laquelle il habitait autrefois, persuadé qu'elle est désormais démolie. En réalité, elle est encore bien là et il ne tarde pas à découvrir que sa locataire n'est autre que sa soeur Chizuna, qu'il n'a pour ainsi dire jamais connu. Outre la mort de leur père, celle-ci lui révèle également le secret de leur famille : une maladie héréditaire qui pousse les malades à boire du sang humain.

Kei Toume, auteur que l'on connait bien et reconnaissable entre mille de part son trait et l'ambiance unique qui habite ses oeuvres, nous invite à découvrir une histoire de "vampires" différente de ce à quoi on a habituellement droit. Ici, il n'est pas question de créatures à moitié animales, craignant l'ail et la lumière ou de personnages aux pouvoirs surhumains évoluant dans le monde de la nuit. Dans le cas présent, le besoin de sang est, dès le départ, traité comme une maladie à la fois physique et mentale et ne sert, dans ce premier tome, que de catalyseur aux relations complexes entre personnes déjà atteintes en leur fort intérieur. Il ne faut, en effet, pas s'attendre à trouver un quelconque semblant de légèreté dans ce début d'intrigue. Dès le départ, le ton se veut grisâtre à souhait. Et cette atmosphère pesante sera de mise jusqu'à la dernière page, sans interruption. Si cela risque forcément d'en dérouter voir d'en dégouter plus d'un, ce n'est pas fait gratuitement pour autant, que du contraire. Chaque personnage principal, Chizuna en tête, se veut travaillé tout en gardant une part de mystère suffisante que pour venir nous surprendre par la suite. Leur caractère est affirmé et l'on ne tardera pas à apprécier, notamment tout le contraste entre la condition de la soeur de Kazuna et sa façon de se comporter. L'attitude morne, désabusée par moment, des différents protagonistes se justifie entièrement de part la situation dans laquelle ils se trouvent et de part le passé auquel ils ont déjà dû faire face. Certaines figures plus secondaires, l'oncle et la tante par exemple, pourraient bien, quant à elles, gagner en intérêt au fil du temps.

Pour en revenir à l'intrigue en elle-même, il est jusqu'ici difficile de se faire une idée précise de ce vers quoi on se dirige. Il apparait malgré tout évident que la série, au propos mature et grave malgré son enrobage "lycéen", restera ancrée dans le quotidien de Kazuna et de son passage à l'age adulte tandis qu'il doit faire face à son passé retrouvé et gérer un futur profilé à l'horizon. En nous offrant quelques courts flash-backs rudement bien mis en scène, l'auteur nous indique toutefois d'ores et déjà que certaines révélations risquent bien de pointer le bout de leur nez dans un avenir plus ou moins proche et que cela pourrait probablement avoir de grandes conséquences sur la situation dans laquelle se trouve Kazuna et les rapports qu'il entretient avec ses proches. Ce premier opus présente, en tout cas, les éléments de la série efficacement en n'emballant pas les choses mais en n'oubliant pas pour autant de venir nous piquer à vif lors de certains passages déjà très forts, entre Kazuna et Yaegashi notamment, et en proposant un final plutôt bien senti.

Côté dessins, on découvre une Kei Toume qui, si elle n'est pas encore au sommet de son art, a malgré tout déjà trouvé le trait qu'on lui connait aujourd'hui et certaines pages sont particulièrement réussies. Il n'empêche cependant qu'on retrouve régulièrement quelques problèmes de proportions ou que l'on en vient à trouver certains personnages un peu trop statiques dans leur pose. Cela n’enlève ceci dit rien à la qualité graphique générale de l'oeuvre à qui l'austérité du coup de crayon de Toume profite à merveille. Et pour ce qui est de l'édition, Delcourt rend une copie correcte en nous gratifiant, notamment, de clés de compréhension en fin de volume toujours bienvenues.

Les lamentations de l'agneau s'inscrit donc immédiatement comme une série intrigante et méritant le coup d'oeil, ne serait-ce que pour le traitement atypique du thème du vampire qu'elle propose. Mais ses qualités ne s'arrêtent bien entendu pas là et Kei Toume propose ici une entame d'histoire solide en plus d'être prometteuse et bourrée de personnages déjà marquants.


 


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Shaedhen
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs