Last Hero Inuyashiki Vol.2 - Actualité manga
Last Hero Inuyashiki Vol.2 - Manga

Last Hero Inuyashiki Vol.2 : Critiques

Inu Yashiki

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 18 Décembre 2015

Critique 1


La vie d’Ichiro Inuyashiki n’était que désespoir avant que sa renaissance en tant que cyborg lui permette de se découvrir un objectif : venir en aide à son prochain. Celui qui était sur le point de mettre fin à ses jours caresse enfin le bonheur, il a choisi d’utiliser ses talents pour faire le bien. Mais en parallèle, Hiro, le jeune homme qui a aussi subi l’impact de la météorite, a décidé d’utiliser ses nouveaux pouvoirs de manière bien différente et surtout plus cruelle…

Le premier opus avait largement insisté sur le personnage d’Ichiro Inuyashiki avant de nous laisser en compagnie de Hiro qui se dévoile sur la grande partie de ce deuxième volet. Le sentiment d’avoir affaire à un personnage déphasé et enfermé dans son propre univers n’était pas qu’une illusion puisque c’est cette voie-là que Hiroya Oku a choisie pour développer le second personnage phare de l’œuvre, aux antipodes du si attachant Inuyashiki. Ainsi, le volume développe des scènes violentes et profondément cruelles qui sont même assez éprouvantes pour tout lecteur étant donné le climat lié à l’actualité.
De cette manière, Hiro n’apparaît pas comme un personnage que l’on peut apprécier. L’auteur en fait volontairement un être abject et capable de tuer de sang-froid, pour son simple plaisir. En découle alors une séquence violente visuellement et psychologiquement, un moment dur qui a pour objectif de présenter le personnage et sa mentalité qui va totalement à l’encontre de celle d’Inuyashiki. Le talent graphique de l’auteur aide alors à dépeindre un moment qui dévoile la nature humaine sous sa pire facette : il n’insiste pas forcément sur les effusions de sang, mais présente le massacre tel qu’il doit l’être, à savoir crédible et donc d’autant plus dur pour le lecteur. Le fait qu’il y ait un travail sur le réalisme des facies accentue la violence et la haine que chacun aura pour le personnage de Hiro. Mais Hiroya Oku va même plus loin vers la dernière partie du volume et cherche à nous faire cautionner certaines actions du personnage avant de provoquer chez nous une forte culpabilité en rappelant ce qu’est son antagoniste, une personne cruelle, enfermée dans son propre monde et incapable de se prendre d’empathie pour son prochain ou ce qui l’entoure. On pourrait presque y voir une certaine critique de la culture nippone qui pousse certains jeunes gens à s’enfermer dans des univers fictifs et ignorer la notion de réalité, l’hypothèse pourrait alors s’appliquer à Hiro qui ne jure que par « One Piece » au point que l’œuvre reste sa préoccupation première alors qu’il est en plein massacre. Reste à voir de quelle manière la série développera l’individu sachant que pour le moment, elle ne cherche pas à faire naître chez le lecteur la moindre parcelle de sympathie pour lui.

Evidemment, face à un tel personnage, il était évident qu’Hiroya Oku allait insister une nouvelle fois sur le personnage d’Inuyashiki, ce qui est le cas puisque plus que jamais, l’homme apprend à maîtriser ses pouvoirs et les utilise pour la justice, mais surtout pour sauver des vies. Mais surtout, le mangaka instaure plus directement l’opposition entre les deux personnages, de manière manichéenne certes, mais avant tout impactante. Inuyashiki se dresse alors face à Hiro et même s’il est trop tôt pour parler d’une véritable dualité entre les deux personnages qui ignorent chacun la nature de l’autre, la mise en scène d’un combat entre le bien et le mal est plus qu’évidente. De ce point de vue, on espère que l’auteur ira plus loin qu’une vision purement comics en poussant notamment la critique de la société qui, dans ce tome, est présentée sous ses pires aspects entre une jeunesse déphasée, le phénomène de l’ijime ou l’intimidation d’une manière plus générale. Rappelons que l’histoire autour du SDF dans le volume précédent était aussi un point de critique de la société nippone, mais est-ce que la série ira encore plus loin ? Etant donné que les deux premiers volets peuvent être considérés comme une plantation du décor, une présentation des deux figures principales du récit, de leur psychologie, et de leur rapport vis-à-vis du monde qui les entoure, on est en droit de le penser.

Le voyage du pessimisme vers l’optimisme du premier volume n’a pas de nouveau lieu dans cette suite qui présente le personnage de Hiro et sa cruauté sans limites. Plus que s’intéresser au personnage, cet opus insiste sur l’inhumanité de l’antagoniste et le fossé qui le sépare d’Ichiro Inuyashiki. La mise en place du récit est réellement bien construite sans compter que le mangaka sait mettre en scène sa violence de manière à chambouler le lecteur, mais surtout afin de servir un objectif dans sa série. Hiroya Oku maîtrise donc son propos, le met en scène à travers une mise en scène souvent ingénieuse et toujours réfléchie, tout en gérant habilement la mise en place de sin intrigue avant de traiter plus en profondeur son sujet.


Critique 2


Transformé en cyborg, Ichiro Inuyashiki découvre peu à peu les nombreuses spécificités de son nouveau corps, et dans sa tête le pauvre homme malheureux, effacé et impuissant laisse peu à peu place à un autre sentiment : il pourrait bien utiliser ses pouvoirs pour venir en aide aux autres, à ceux que la société maltraite par exemple, et il en fait déjà l'expérience en sauvant un SDF menacé de mort par une bande de jeunes. Est-ce l'heure pour lui d'une sorte de renaissance ? C'est fort possible. Mais en parallèle, le garçon qui a été victime du crash en même temps que lui ne semble pas apte à prendre la même voie...

Ce garçon, Hiro Shishigami, s'affiche à juste titre sur la couverture de ce deuxième tome, et c'est à lui qu'une grande partie du volume est consacrée. Nous commencions à peine à faire sa connaissance à la fin du premier volume, et l'heure est venue de mieux cerner ce garçon prenant définitivement une voie opposée à celle d'Inuyashiki.

Le tout début inquiète déjà quant au personnage, à travers la facette qu'il présente à son ami d'enfance l'hikikomori Chokko. Entre les "tours de magie" qu'il effectue dans la rue ou chez lui, la révélation de son nouveau corps, ou sa proposition d'éliminer ceux qui l'humiliaient au lycée, Chokko ne peut que s'interroger face à ce qu'est devenu Hiro... Est-il sérieux dans ce qu'il fait et dit ? Non, Chokko connaît Hiro depuis toujours, il a la certitude qu'il ne ferait pas de mal à une mouche... Vraiment ? Tandis que les convictions de Chokko sont déjà mises à mal par ses souvenirs d'enfance, le lecteur voit la vérité éclater de la plus horrible des manières, au fil de quelques dizaines de pages sanglantes et malsaines nous plongeant de façon choquante aux côtés du plus froid des meurtriers. Evitons d'en dire trop pour ne pas gâcher l'horreur de la scène, disons juste que si Hiroya Oku nous a toujours habitués à faire passer les choses par le visuel c'est ici plus que jamais le cas, et soulignons que ce passage assez insoutenable a le mérite de ne pas s'éterniser plus que de raison et suffit pour souligner avec un fort impact tout l'effroi que peut susciter le personnage de Hiro.
Cela, on le doit à un sens de la mise en scène très fort de Hiroya Oku : le découpage façon spectacle de l'accident de voiture en début de tome était déjà un signe que le jeune garçon prend tout ceci presque comme un simple loisir, cela ne fait que se confirmer dans cette maison familiale où l'on suit ses pas quasiment comme dans un jeu vidéo, puis dans cette conversation en forme de monologue avec la jeune fille sur des sujets comme One Piece.
Et puis, surtout, il y a tout le travail visuel de la scène. L'extrême froideur des dessins d'Oku faisait déjà des merveilles dans Gantz la plupart du temps, c'est plus que jamais le cas ici tant elle fait ressortir toute l'impassibilité de Hiro, tout son manque de sentiments et d'émotions. Le jeune garçon ne semble même pas tuer pour un quelconque plaisir, mais simplement parce qu'il n'a jamais accordé la moindre valeur à l'existence des inconnus et à la vie en société. C'est en ça qu'il est peut-être encore plus effrayant et difficile à cerner. Difficile à cerner, car, malgré tout ce qu'il peut commettre, on se demande forcément si une raison précise a fait de lui ce qu'il est, et on constate qu'il montre une protection presque malsaine envers son ami Chokko, l'une des seules personnes qui semblent avoir de la valeur à ses yeux...

Et côté mise en scène, la fin de ce passage s'avère tout aussi puissante, Oku nous invitant à suivre le dernier meurtre de loin, à travers un Inuyashiki qui, dans sa voiture et grâce à une nouvelle facette de son pouvoir, entend tout ce qui se déroule sans pouvoir rien y faire. On entend avec le même effroi que lui la terrible issue, et on ressent alors pleinement le sentiment d'impuissance et de désespoir qui s'empare du vieil homme, ce désespoir que l'auteur parvenait déjà si bien à retranscrire dans Gantz. On peut alors profiter, dans un sommet de tension, de la première confrontation entre ces deux êtres prenant une voie totalement opposée, avant que la suite du tome ne continue de nous les faire suivre chacun de leur côté, ce qui est notamment l'occasion de découvrir de nouvelles spécificités de ces corps de cyborg, et d'apprécier la qualité du travail visuel de l'auteur, par exemple dans cette scène vertigineuse où Inuyashiki découvre sa capacité de vol et se meut au-dessus de la gigantesque et froide mégalopole plongée dans la nuit.

On ressort de la lecture plutôt estomaqué par un auteur qui profite très bien de ses moments-choc ainsi que de ses talents de dessinateur et de metteur en scène pour dépeindre avec force deux personnages diamétralement opposés dans l'utilisation de leurs capacités. L'un est froid comme la glace, sans expression, sans sentiment, semble n'accorder aucune importance à la vie d'autrui, et paraît aussi déshumanisé que de nombreuses facettes de la société, de la réalité dans laquelle il évolue. L'autre, qui était si faible, si effacé, dévoile enfin tout son bon fond dans sa volonté de sauver des vies, dans son désir de pleurer sans en être capable face au malheur, et dans sa capacité de verser des larmes face aux moments d'espoir. Quelque part, ces larmes prouvent qu'il est toujours humain malgré son corps de machine.
Dans le fond, difficile de faire plus manichéen que ça, mais le fait est que Hiroya Oku exploite de très bonne façon cela pour proposer un récit qui ne perd rien en qualité par rapport au premier volume.


Critique 3


Ichiro Inuyashiki prend peu à peu conscience de ses nouveaux pouvoirs et des nouvelles perspectives qui s'offrent à lui...sa vie va changer désormais et il va pouvoir changer celles des autres également. Malheureusement, il n'est pas le seul à avoir obtenu de telles capacités, mais son homologue ne semble pas partager sa vision des choses, en effet ce dernier prend plaisir à tuer…

Le premier tome s'était montré intrigant et laissait entrevoir de belles choses, on était donc curieux de découvrir ce second opus, on se demandait sur quel terrain allait nous entraîner l'auteur...on s'attendait à pas mal de choses, mais certainement pas à ça !
Inuyashiki est en fait assez peu présent dans ce tome, du moins pas autant que nous l'escomptions, ce dernier laissant sa place au jeune garçon ayant vécu le même événement que lui, ce même jeune garçon avec qui s'était conclu le précédent tome : Hiro ! Jamais prénom n'a été aussi mal porté (Hiro correspond à la prononciation anglaise de « hero », apparaissant dans le titre...pied de nez de l'auteur?) Alors que ce dernier démontre ses pouvoirs à un camarade, on devine le comportement déviant qu'il pourrait adopter, on ressent chez lui un certain vice…pour lui ce n'est qu'un jeu, modifier les images diffusées sur une télé ou provoquer un terrible accident de la route, il fait tout cela avec un détachement effarant… Un malaise commence alors à s'installer…

A ce stade on devine sans mal une future opposition entre les deux individus dotés de ces nouveaux pouvoirs… nous avons un représentant du bien et un représentant du mal...un manichéisme affiché et revendiqué. Mais l'auteur, comme souvent chez lui, va trop loin ! Beaucoup trop loin !

Pour nous montrer à quel point ce jeune garçon est malfaisant, l'auteur nous le fait suivre dans ses massacres qui lui servent également à prendre la mesure de ses toutes nouvelles capacités.
Tout tranquillement ce dernier va pénétrer chez une famille innocente, aucun choix, aucune raison, seul le hasard le guide, puis il va massacrer la mère de famille gratuitement dans sa cuisine avant d'aller massacrer le père et leur jeune fils en train de prendre un bain, et tout ça en jouant avec ses victimes. S'ensuit une séance de torture psychologique avec la fille de la famille qui a découvert les corps...alors que la pauvre jeune fille apeurée est en état de choc, Hiro lui parle tranquillement de One Piece… Nous avons là un désaxé totalement asocial, un véritable psychopathe doublé d'un sociopathe...très bien le message est passé ! Était-il nécessaire d'aller aussi loin pour le faire passer ? Certainement pas ! 
Au-delà des pulsions du personnage, ce sont surtout celles de l'auteur qui s'exposent ici, un auteur qui prend plaisir à nous présenter des massacres (voir le tome 11 de Gantz) et qui récidive ici avec ce second tome de cette série, réussissant à provoquer un certain dégoût dès le départ de la série !
Le massacre absolument gratuit de cette famille prend un bon tiers du tome, un tiers pour nous exposer une scène insoutenable avec un détachement effrayant !
Certes, il faut diaboliser le personnage, un ado perdu qui ne possède pas la moindre émotion et se moque du sort d'autrui (encore un reflet de la société Japonaise du point de vue de l'auteur), et lui faire accomplir un acte gratuit était sans doute la meilleure solution, mais nous exposer cela aussi ouvertement est tout aussi gratuit et tout aussi condamnable, il y avait mille  façons narratives de lui faire accomplir ce geste sans nous en montrer autant !
En parallèle de ce massacre, on suit Inayashiki qui grâce à ses nouvelles capacités, entend et ressent ce que fait Hiro, il vit de loin ce massacre, et bien que ce dernier va tenter de l’empêcher, il va se retrouver impuissant… Cette scène est particulièrement forte, on ressent la détresse du personnage qui malgré tous ses pouvoirs ne pourra rien faire, on vit avec  lui la cruauté de cette impuissance ! Cette seule scène aurait suffi pour faire passer tous les messages en une fois, y compris pour diaboliser Hiro. Nous montrer le massacre dans son intégralité n'est rien de moins que de la perversité de la part de l'auteur ! Et c'est absolument condamnable !

Par la suite, le jeune psychopathe tue tranquillement des camarades de classe qui harcelaient son ami…ça pourquoi pas, dans les faits c'est moins violent, et surtout moins gratuit, ce qui dérange ici, c'est l'image que l'auteur a de sa propre société (qu'on trouvait déjà dans le premier tome, et qu'on retrouve dans un autre passage mettant cette fois Inuyashiki en scène) : cette vision morbide et pessimiste du Japon où les gens se font agresser et violenter, tuer et torturer dans l'indifférence générale...il semble évident que l'auteur a des choses à régler...mais doit-il prendre le lecteur en otage et nous obliger à participer à sa thérapie ?

Et c'est d'autant plus dommage que la mise en scène est remarquable ! On ne peut nier que l'auteur maîtrise son sujet à ce niveau, bien qu'on puisse trouver que son utilisation des arrières plans entièrement réalisés par ordinateur donne un côté aseptisé...entre réalisme et froideur il est parfois difficile de trancher…

Mais après une telle scène, la pilule a du mal à passer et la suite du tome pourrait nous laisser de marbre, et il n'est pas impossible qu'on passe à côté de certains points intéressants (la suite s'attardant davantage sur Inuyashiki) ...les deux « héros » se confrontent, ensuite pendant que l'un apprend à faire le mal l'autre découvre comment faire le bien…une nouvelle vie s'offre alors aux deux personnages, mais aux antipodes l'une de l'autre.
Et là aussi c'est un problème ! Qu'un auteur aussi expérimenté nous propose un manichéisme aussi affiché, sans la moindre nuance, des personnages aussi radicaux, avec un « gentil vraiment très gentil » et un « méchant, vraiment super méchant »...c'est à la limite du foutage de gueule…

Reste à voir ce que la suite nous réserve, si on s'éloignera quelque peu de ce manichéisme pathétique et si l'auteur va approfondir autrement que par la gratuité et des clichés haineux sur la société japonaise...mais nous avons là un second volume qui ne semble pas encourageant pour la suite…


Critique 3 : L'avis du chroniqueur
Erkael

5 20
Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

16 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs