Là où la mer murmure - Actualité manga

Là où la mer murmure : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 12 Mars 2010

Keiko Ichiguchi n'en est plus à son coup d'essai. Déjà auteur, entre autres, de 1945, America et Pourquoi les japonais ont les yeux bridés, tous parus en français chez Kana, l'auteur connaît plutôt bien la culture occidentale puisqu'elle est installée depuis plusieurs années à Bologne, en Italie. Et c'est d'ailleurs en Italie que débute son nouveau récit, Là où la mer murmure, et plus précisément dans un petit village situé au bord de la mer.
Marina, notre héroïne, fait régulièrement le même rêve: en train de se noyer dans la mer, elle est sauvée par sa mère. Et pour cause, cette dernière est décédée en tentant de la sauver de la noyade lorsqu'elle avait trois ans. Ou du moins, c'est ce que lui a toujours raconté son père. Mais est-ce réellement ce qu'il s'est passé ?
Les certitudes de Marina vont être remises en doute quand elle fait la connaissance de José, un jeune étudiant français qui, après avoir vu une photo de la mère de Marina, est persuadé qu'il s'agit là d'une ancienne idole française de la chanson et qu'elle n'est pas morte. Face à ses dires, le père de Marina reste on ne peut plus mystérieux. C'en est trop pour Marina: aidée par José, la jeune femme part mener l'enquête en France et, de fil en aiguille, parvient à retrouver sa mère. Mais hélas pour elle, cette dernière a perdu la raison...

Récit poignant que ce Là où la mer murmure, qui se peut se diviser en deux parties. La première moitié du récit est construite comme une sorte d'enquête pendant laquelle Marina cherche à retrouver sa mère. Et petit à petit, tandis qu'elle se rapproche de son but, les différentes personnes qu'elle croise lui en apprennent plus sur qui était réellement cette femme, ancienne idole obligée de sacrifier sa famille pour sa courte carrière ayant connu une fin brutale.
La suite du récit se fait plus subtile encore, en abordant la relation mère-fille sous un angle peu abordé et avec beaucoup de sensibilité. La mère de Marina a perdu la raison... mais dans quelles circonstances ? C'est ce que va découvrir Marina en écoutant ses proches, mais aussi en observant sa mère.

L'objectif de Keiko Ichiguchi est clair: la découverte d'une mère qu'elle n'a jamais vraiment connue permettra à Marina d'évoluer, de se débarrasser de ses cauchemars en se remémorant certains évènements passés, mais également de s'émanciper et de gagner en maturité, notamment au contact de José. Car l'histoire passe aussi par là: au fil de l'histoire, des découvertes, des réactions inattendues et parfois très cruelles de sa mère, Marina sera plus d'une fois sur le point de craquer, mais le soutien du jeune étudiant français l'aidera à tenir le coup.
Quant à la conclusion du récit, elle prouve à elle seule la volonté de la mangaka de ne pas trahir son souci de réalisme: aucun miracle n'aura lieu. La mère de Marina ne retrouvera pas la raison en voyant sa fille, qu'elle ne reconnaîtra même jamais, mais l'évolution de notre héroïne au fil de cette enquête sur les traces de celle qui l'a mise au monde lui permettra indéniablement d'évoluer.

Le style d'Ichiguchi ne tombe jamais dans la surenchère. Ici, que ce soit dans le fond ou dans la forme, pas d'esbrouffe. La narration coule tranquillement, et le trait de l'auteur fait passer des émotions jamais exagérées, souvent retenues. Le ton général n'en est que plus juste, d'autant qu'à tout ceci viennent s'ajouter des scènes d'un onirisme discret qui collent parfaitement à l'ensemble.

Là où la mer murmure est une belle histoire bourrée de sensibilité et d'humanité sur la relation mère-fille, sur le souvenir, mais aussi sur l'amitié, dans laquelle Ichiguchi trouve le ton juste. Peut-être la meilleure oeuvre de l'auteur à ce jour.

Pour découvrir cet ouvrage, il vous faudra néanmoins mettre le prix fort: 15€ pour même pas une centaine de pages de lecture. Néanmoins, l'édition est soignée: le grand format (17cm x 24cm) est appréciable car il permet de profiter au mieux du trait de la mangaka. L'impression est correcte, le rendu graphique très convaincant, et aucune grosse coquille n'est à signaler. Il est seulement dommage que le papier soit un peu trop fin, certains effets de transparence étant présents.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs