Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 28 Septembre 2023
"C'est fou, je suis complètement moi-même !"
Un nouveau songe du passé se laisse découvrir au début de ce volume, à une époque où la deuxième citadelle de Kowloon, celle où se trouvent nos héros, va bientôt être démolie. On y retrouve une Reiko B qui, contrairement à la Reiko d'aujourd'hui, n'avait pas envie de lire le tome 2 de "L'affaire de la salle de bal", le fameux livre en partie indéchiffrable du tome précédent, nouvel élément nous montrant que les deux Reiko ont leurs différences et que la Reiko actuelle est peut-être plus curieuse vis-à-vis du monde qui l'entoure. On découvre également enfin la façon dont Kudô s'était décidé à demander en mariage Reiko B, dans un parfum de confidence avec Guen où quelques mots auront forcément leur importance par la suite: Guen pourra compter sur l'aide de Kudô si lui aussi tombe amoureux un jour...
Ce moment est-il arrivée ? En effet, dans le présent du récit, nous étions restés sur l'image d'un Guen qui, après avoir été forcé de rompre avec Miyuki, a décidé de sauver son bien-aimée en retournant à Kowloon, le tome précédent nous ayant laissé sur des dernières pages on ne peut plus troublantes où se superposaient l'image d'une citadelle encore intacte et celle d'une Kowloon détruite. Autant dire que le retour de Guen sur place va, rapidement amener de nouvelles choses. En rencontrant Yômei, il a l'occasion de voir que la nouvelle Reiko a là une amie chère. Quand il croise la route de Reiko elle-même, on est à nouveau intrigués par les circonstances de la mort de Reiko B: est-ce vraiment Kudô qui l'a tuée, comme ce dernier l'a lui-même affirmé ? Et quand, enfin, ses pas les mènent devant Kudô, on a droit à une discussion à la fois passionnante et prometteuse, que ce soit vis-à-vis de la promesse faite autrefois par Kudô (pourra-t-il aider son ami à sauver Miyuki, précisément un homme que notre héros ne porte pas dans son coeur ?), ou concernant Reiko B sur qui Guen semble avoir un avis assez tranché en confrontant Kudô au fait qu'elle n'est pas la Reiko qu'il a connue et qu'il a aimée. Cependant, cette Reiko B et cette Kowloon différentes des précédentes ont-elles moins de valeur, juste parce que ce ne sont pas celles d'origine ?
Une chose est sûre: Reiko B, de son côté, continue soigneusement d'évoluer, en se mettant petit à petit à s'intéresser au monde hors de Kowloon, émettant même des désirs de voyage. Elle a chaque jour des petites preuves qu'elle existe bel et bien en tant qu'elle-même et pas en tant que "double" de Reiko B. Mais qu'en pense Kudô, lui qui a perdu sa fiancée en la personne de Reiko B, qui se complaît dans la nostalgie et qui déteste le changement ? Sur ce dernier point, certains moments sont vraiment forts, y compris dans leur sublime découpage, à commencer par celui qui débute à la page 135.
"Pour Kudô, le seul mensonge, c'est moi."
Mais si tout ceci est déjà captivant à suivre sous les habituels talents narratifs et visuels de l'autrice, ce n'est peut-être rien à côté de tout un autre passage qui, enfin, accentue les attentes autour de Miyuki, du projet Generic Terra et de ce qu'est la Kowloon actuelle. Tandis que l'on apprend enfin le véritable but vengeur de Miyuki et sa nature exacte, une interrogation se pose plus que jamais, plus encore depuis les dernières pages du volume précédent: quelle est donc le secret de la deuxième citadelle de Kowloon, que certains peuvent voir restaurée et d'autre pas ? De nombreuses hypothèses sont méticuleusement décortiquées par les personnages, sous une écriture toujours habile, limpide et intrigante, et on a alors plus qu'envie de comprendre les nombreux points mystérieux de cette intrigue toujours aussi fascinante.
Entre les révélations, les énigmes et les hypothèses, Kowloon Generic Romance n'en finit plus de captiver dans ce volume qui, une nouvelle fois, est impeccablement mené sur ses différents plans personnels et à plus grande échelle. Alors que des événements bizarres continuent de se produire dans la citadelle (une explosion et un effondrement d'immeuble en tête), l'oeuvre de Jun Mayuzuki est plus stimulante que jamais, et elle le confirme encore dans sa toute dernière page !