Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 18 Mars 2022
Depuis son altercation avec Guen, le supposé serveur tant recherché, Reiko Kijurai a compris qu'elle n'est pas Reiko Kujirai. Ou, en tout cas, que Reiko B (la Reiko d'origine) et elle seraient deux personnes différentes, et que Reiko B ne serait plus de ce monde. Portée notamment par son amour pour Kudô, la jeune femme a toutefois affirmé vouloir devenir la version absolue d'elle-même, et donc montrer qu'elle est bien elle-même, une personne à part entière, malgré sons statut surprenant.
Mais justement, ce statut, quel est-il exactement ? Au fil de ses discussions avec Yômei entre autres, Reiko s'interroge forcément. Et même si elle veut éviter d'interroger directement Kudô car elle aurait l'impression de "disparaître" en questionnant l'homme qu'elle aime et qui avait une relation avec Kujirai B, son désir d'en apprendre plus sur elle-même se fait bel et bien sentir, forcément. Est-elle une clone ? Si oui, qui l'a créée, et pourquoi ? Quand elle y pense, c'est comme si on l'avait créée de façon à ce que sa vie concorde en tous points avec celle de Reiko B... mais dans quel but ? Reiko n'est toutefois pas la seule à se questionner sur elle-même: de leur côté, Miyuki Hebinuma et Guen s'interrogent aussi sur notre héroïne. Est-elle vraiment un clone ? Si oui, comment peut-elle être une reproduction parfaite jusqu'au grain de beauté, normalement impossible à reproduire ? D'où vient-elle ? A force, les deux hommes finissent même par évoquer bien d'autres éléments intrigants, en premier lieu sur Kudô lui-même, sur la façon dont Kujirai B est décédée, et sur la possible implication de son fiancé dans cette mort...
On évitera d'en dire plus sur tout ça afin de ne pas en dire trop, mais assurément Jun Mayuzuki avance impeccablement dans son énigmatique et tortueuse intrigue, où chaque petite chose que l'on apprend, via les discussions entre les différents personnages de leurs côtés, amène une part de mystère supplémentaire. Le scénario reste ainsi toujours fascinant, d'autant plus que, comme à l'accoutumée, la mangaka est très loin de se limiter à ce scénario énigmatique en lui-même. Bien sûr, on peut encore évoquer ses nombreuses trouvailles en terme de narration visuelle (à l'image de ce passage vu depuis l'aquarium du poisson Succès, ou ses découpages tout en subtilité et en finesse (comment résister à la double-page 74-75 et aux quelques gestes/visions muets qui s'ensuivent ?).
Mais on retiendra peut-être plus encore certains autres éléments, à commencer par l'intelligence d'une écriture ayant toujours des choses à véhiculer. Le début de tome apporte ainsi des informations permettant de mieux situer temporellement le récit, bel et bien ancré dans le futur, même si la Kowloon du manga est une reproduction (encore une histoire de reproduction) basée sur la citadelle ancienne détruite en 1994, ce qui est fait pour évoquer de plus belle ce parfum de nostalgie typique dans la série, via ce "nouveau" Kowloon rappelant en tout points le Kowloon ancien, comme si tout le monde avait ce désir nostalgique de retourner dans cette citadelle qui n'a pourtant peut-être plus sa place dans son époque. Mais au fil des pages, au-delà de cette nostalgie au coeur de l'oeuvre, Mayuzuki interroge aussi sur les notions de "reproduction", de "clone", de "faux", en soulignant notamment qu'il peut y avoir de la beauté et de l'authenticité dans le faux, surtout à partir du moment où le "faux" suit malgré tout sa voie et engrange des souvenirs, car ce sont notamment les souvenirs qui façonnent l'humain. Ainsi, hors de question de qualifier les sentiment de Kujirai pour Kudô de faux: elle les a sans doutes développés par elle-même, n'est-ce pas ?
Kowloon Generic Romance est, décidément, une série qui n'en finit pas de fasciner à chaque fois un peu plus. Tout en apportant un nouveau lot d'informations et de nouveaux mystères dans son scénario, Jun Mayuzuki continue d'explorer des notions comme la nostalgie, l'absolu, le faux, le tout en poursuivant sa mise en lumière du charme à part de Kowloon et en offrant un paquet de merveilles visuelles en termes de découpage et de mise en scène. Une oeuvre infiniment riche, à la fois fascinante, belle, subtile et intelligente.
Mais justement, ce statut, quel est-il exactement ? Au fil de ses discussions avec Yômei entre autres, Reiko s'interroge forcément. Et même si elle veut éviter d'interroger directement Kudô car elle aurait l'impression de "disparaître" en questionnant l'homme qu'elle aime et qui avait une relation avec Kujirai B, son désir d'en apprendre plus sur elle-même se fait bel et bien sentir, forcément. Est-elle une clone ? Si oui, qui l'a créée, et pourquoi ? Quand elle y pense, c'est comme si on l'avait créée de façon à ce que sa vie concorde en tous points avec celle de Reiko B... mais dans quel but ? Reiko n'est toutefois pas la seule à se questionner sur elle-même: de leur côté, Miyuki Hebinuma et Guen s'interrogent aussi sur notre héroïne. Est-elle vraiment un clone ? Si oui, comment peut-elle être une reproduction parfaite jusqu'au grain de beauté, normalement impossible à reproduire ? D'où vient-elle ? A force, les deux hommes finissent même par évoquer bien d'autres éléments intrigants, en premier lieu sur Kudô lui-même, sur la façon dont Kujirai B est décédée, et sur la possible implication de son fiancé dans cette mort...
On évitera d'en dire plus sur tout ça afin de ne pas en dire trop, mais assurément Jun Mayuzuki avance impeccablement dans son énigmatique et tortueuse intrigue, où chaque petite chose que l'on apprend, via les discussions entre les différents personnages de leurs côtés, amène une part de mystère supplémentaire. Le scénario reste ainsi toujours fascinant, d'autant plus que, comme à l'accoutumée, la mangaka est très loin de se limiter à ce scénario énigmatique en lui-même. Bien sûr, on peut encore évoquer ses nombreuses trouvailles en terme de narration visuelle (à l'image de ce passage vu depuis l'aquarium du poisson Succès, ou ses découpages tout en subtilité et en finesse (comment résister à la double-page 74-75 et aux quelques gestes/visions muets qui s'ensuivent ?).
Mais on retiendra peut-être plus encore certains autres éléments, à commencer par l'intelligence d'une écriture ayant toujours des choses à véhiculer. Le début de tome apporte ainsi des informations permettant de mieux situer temporellement le récit, bel et bien ancré dans le futur, même si la Kowloon du manga est une reproduction (encore une histoire de reproduction) basée sur la citadelle ancienne détruite en 1994, ce qui est fait pour évoquer de plus belle ce parfum de nostalgie typique dans la série, via ce "nouveau" Kowloon rappelant en tout points le Kowloon ancien, comme si tout le monde avait ce désir nostalgique de retourner dans cette citadelle qui n'a pourtant peut-être plus sa place dans son époque. Mais au fil des pages, au-delà de cette nostalgie au coeur de l'oeuvre, Mayuzuki interroge aussi sur les notions de "reproduction", de "clone", de "faux", en soulignant notamment qu'il peut y avoir de la beauté et de l'authenticité dans le faux, surtout à partir du moment où le "faux" suit malgré tout sa voie et engrange des souvenirs, car ce sont notamment les souvenirs qui façonnent l'humain. Ainsi, hors de question de qualifier les sentiment de Kujirai pour Kudô de faux: elle les a sans doutes développés par elle-même, n'est-ce pas ?
Kowloon Generic Romance est, décidément, une série qui n'en finit pas de fasciner à chaque fois un peu plus. Tout en apportant un nouveau lot d'informations et de nouveaux mystères dans son scénario, Jun Mayuzuki continue d'explorer des notions comme la nostalgie, l'absolu, le faux, le tout en poursuivant sa mise en lumière du charme à part de Kowloon et en offrant un paquet de merveilles visuelles en termes de découpage et de mise en scène. Une oeuvre infiniment riche, à la fois fascinante, belle, subtile et intelligente.