Kiss X Death Vol.1 - Manga

Kiss X Death Vol.1 : Critiques

Kiss Death

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 06 Juillet 2017

Yasuhiro Kanô est un auteur important pour les éditions Tonkam. Depuis Pretty Face en 2002, l’éditeur aime proposer les titres phares du mangaka, par exemple MxZero puis Harisugawa au pays des miroirs. Alors, même si toute la bibliographie de Yasuhiro Kanô n’est pas disponible en France, force est de constater qu’il est un incontournable des éditions Tonkam. Il n’était donc pas étonnant de voir Kiss X Death, le dernier titre en date de l’auteur, pointer le bout de son nez dans l’hexagone. Prépubliée depuis 2014 dans le magazine numérique Shônen Jump+, l’œuvre dénombre actuellement 5 tomes au Japon et associe la comédie scolaire au fantastique, avec une pointe de science-fiction. Ce premier tome est à l’image du mangaka : celui-ci ne renouvelle pas les genres qu’il exploite, mais parvient à fournir des lectures sans prétention et divertissantes.


En mission pour escorter cinq criminelles sur Terre, un extra-terrestre rate son atterrissage, provoquant la libération des fugitives qui volent les corps d’humaines se trouvant dans les parages, et assassinant celui qui devait les escorter. Mais l’extra-terrestre n’a pas dit son dernier pu : ayant pu survivre in extremis en s’enracinant dans le sol, il patiente plusieurs années avant de prendre, à son tour le corps d’un humain. Le voilà alors à prendre l’identité de Shingo Tozu, un otaku marginal, et retrouve la trace des cinq fugitives qui ont faire des humains qu’elles contrôlent de véritables vedettes dans leurs établissements scolaires respectifs. Afin de se venger et accomplir sa mission, le nouveau Shingo va devoir se montrer habile, tout en découvrant que le corps qu’il a emprunté n’est pas forcément le plus pratique à utiliser…


Avec ce premier tome de Kiss X Death, Yasuhiro Kanô tente de proposer une comédie scolaire comme il en existe beaucoup, tout en jouant avec les genres. En effet, d’entrée de jeu, c’est une intrigue de traque sur fond de SF que le mangaka nous propose, prétexte pour propulser les différentes entités extra-terrestres dans un cadre lycéen. L’auteur ne cache pas ses ambitions d’ailleurs et ce climat est l’occasion pour lui de jouer avec les clichés du genre et d’assumer un fan-service qui trouve sa place dans une série aussi décalée. Alors, le marginal socialement déphasé qu’est censé être Shingo Tozu devient un individu doté d’une force extrême, particulièrement bourru et maladroit dans sa manière de mettre au point ses plans de capture, sans compter qu’il se trouvera rapidement face aux limites de son hôte : sa crainte de la gente féminine. Ainsi, toute l’intrigue plantée dans la première partie du récit est un prétexte pour apporter pas mal d’éléments classiques aux récits de ce genre, mais de manière détournée. Car au-delà de la comédie scolaire et du fan-service, l’auteur enrichit la dimension fantastique de l’œuvre sans perdre de temps, justifiant d’ores et déjà l’ascension des cinq aliens fugitive de manière plutôt convaincante, rendant presque légitime leur évolution en idoles sexy de la ville ! Evidemment, il faudra apprécier ce registre léger, frivole et comique pour adhérer à la formule, mais en soi, le tout reste efficace et se renouvelle suffisamment pour accrocher le lecteur jusqu’au bout.


Et si la dimension scolaire est partiellement prétexte au surnaturel par l’invasion des cinq fugitives, le contraire est aussi valable. En effet, les concepts entourant les races extra-terrestres, comme les germes situés sur la langue des hôtes qui canalisent les esprits des aliens, sont aussi des moyens pour amener des situations ambiguës et forcément amusantes. Car si du côté des évadées le moyen de communiquer par la langue apporte de la température au récit, ce même procédé du côté de Shingo prendre une autre ampleur et se révèle amusant, bien que la mécanique du baiser soit un procédé habituel dans les récits comiques sur fond lycéen.


La classicisme du récit provient aussi de son schéma. Petit à petit, durant ce tome, Kiss X Death ne s’éloigne pas des sentiers battus : présentation d’un comité qui régit l’établissement du héros, loser qui devient une vedette de son lycée, arrivée d’un premier allié sur la fin du pavé… Yasuhiro Kanô n’a vraiment pas la prétention de renouveler son genre, ce qui ne l’empêche pas de bien l’exploiter et d’apporter sa patte. A ce titre, le trait de l’auteur, fin et glamour sur les personnages féminins, réussit au titre. Car quand il s’agit de dépeindre les héroïnes en tenue d’Eve, le mangaka se montre habile et sans concession, ne masquant que l’organe génital féminin chez ces personnages, laissant les poitrines entièrement apparentes.


En définitive, Kiss X Death s’annonce comme une série tout à fait prenante dans son genre. Les ambitions de Yasuhiro Kanô sont modérées, et c’est ce qui lui permet de créer un divertissement drôle, sexy et efficace. Reste maintenant à voir si le récit saura se renouveler sur le long terme, l’étape la plus difficile dans ce genre de titres.


Du côté de l’édition, Delcourt / Tonkam livre une bonne copie, à base d’un papier de qualité et d’une traduction d’Anne-Sophie Thevenon convaincante.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs