Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 16 Août 2012
Youka Nitta. Un nom qui est loin d’être anodin dans la communauté yaoi. Disons que les scans de « Haru wo Daiteita » ont fait un carnage chez les fans. Cette série, bien que non commercialisée en France, est souvent connue des fans de la première heure, qui auront toutes entendu ce nom, si ce n’est plus. C’est donc une autre série de l’auteur qui nous parvient, une série qui n’a rien à voir avec sa licence phare dont on a pu avoir un aperçu par Black Box qui nous en a sorti les OAVs. Sous une couverture assez immonde et peu représentative du travail de l’auteur, on découvre une histoire de mafia assez particulière. A la sauce yaoi, donc. Tôru est le fils du cinquième chef du clan Suki, et il est exposé plus que quiconque à la guerre qui menace d’éclater d’une minute à l’autre entre les différents clans de yakuza de la région. En voulant le protéger, ce père envoie Tôru sur une île déserte, en compagnie de Mutsumi Kiria, le fils d’un des proches du père de Tôru. Les deux pères se connaissent donc bien et sont confiants en la sécurité de leurs enfants, sur ce coin désert. Mais les deux jeunes gens ne voient pas vraiment les choses de cette manière. Kiria a fui la voie des yakuzas pour les études, et Tôru ne l’acceptent pas. Ils ne sont donc pas réellement fait pour s’entendre, jusqu’à ce qu’ils se rendent certains services, loin de toute femme. Mais Kiria, un jour, dérape.
Ce premier tome nous apprend que les apparences sont souvent trompeuses, et ce à tous points de vue. On pensait que Kiria était quelqu’un de sérieux, plutôt introverti et soumis, discret. Mais il se révèle être bien plus conquérant et manipulateur qu’on le pensait. De la même manière, le tome en lui-même nous surprend. On a découvert la série sur un début basé sur le sexe, l’envie charnelle et le n’importe quoi. Mais cela est plutôt justifié par la proximité des protagonistes, et leur situation d’enfermement. Et la suite nous surprend, parce qu’une fois revenus sur la terre ferme les deux anciens amants ne se comportent plus du tout de la même manière. Il y a réellement des enjeux, des alliances, des manipulations. Tôru impose à nouveau la hiérarchie qui le place bien au-dessus de son compagnon de quelques semaines, et il n’est pas question d’amour entre eux. Rien de précipité, tout est basé sur le sexe, le pouvoir. Deux notions qui s’encastrent parfaitement dans le monde présenté par l’auteur. On s’attendait à quelque chose de plus terre à terre et beaucoup moins réussi, et la surprise nous prend tout le long du tome. Finalement, la lecture est un réel bon moment, et malgré quelques facilités, Youta Nikka décide réellement de développer une histoire complexe, absolument pas niaise, et profondément évoluée. En somme, une bonne surprise quand on ne s’attendait à rien, ou à quelque chose qui ressemble au début du tome : léger. Même s’il y a beaucoup de scènes sexuelles, l’auteur prouve qu’elle sait en tirer profit et les justifier, et qu’il n’est pas question de simplement nous livrer un recueil de sexe.
Au niveau des graphismes, on avait un peu peur au vu de la couverture, mais finalement les choses ne sont pas si pires. A la manière d’un « Fake » ou d’un « Kizuna », le graphisme de la mangaka est assez marqué et spécifique. Les traits sont parfois un peu trop allongés, mais on peut difficilement faire de réelle critique sur ce dessin. Parce qu’il a un caractère propre, en faisant merveilleusement bien ressortir les expressions des personnages. Les émotions ont flagrantes, et dans les moments les plus intimes, chacun d’eux exprime parfaitement le plaisir ou la douleur. Les décors sont riches, la mise en page dynamique et on a pas grand-chose à redire sur la qualité de ces dessins, à part put être des yeux parfois un peu trop grands et des lèvres trop larges. L’édition de Taifu est tout à fait satisfaisante, malgré la non adaptation de certaines onomatopées. A la fin du tome, on a le plaisir de redécouvrir pour certains une petite nouvelle déjà parue dans le Be x Boy, une situation plutôt sympathique entre un vrai geek et un beau gosse qui se trouvent malgré leurs différences. Bref, une lecture prometteuse malgré quelques défauts, et on a hate de lire la suite …