Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 10 Avril 2012
Avant même d'ouvrir le volume, c'est la couverture de ce sixième tome qui frappe : pour la première fois, Ki-itchi rit. Il rit de bon coeur, à gorge déployée, et pourtant ne vous y trompez pas : rien d'heureux dans ce tome, le rire de Ki-itchi étant son seul exutoire face aux horreurs de ce volume, des horreurs plus forte que jamais, et qui semblent ne posséder aucune alternative.
Dans sa nouvelle classe, Ki-itchi, soutenu par Kai, a fini par imposer son caractère dans le but d'effacer les injustices se présentant face à lui, à commencer par les brimades sur la personne de Misato. Pourtant, alors qu'il pensait que le plus dur était passé, une vérité bien plus terrible va lui exploser à la figure en même temps qu'à celle du lecteur, lorsque la jeune fille, qui lui accorde maintenant toute sa confiance, lui confesse le plus horrible des secrets...
Avec ce volume, Hideki Arai centre la totalité de son récit sur un sujet aussi choquant que révoltant. Et si la narration devient ici moins éclatée, plus linéaire, peut-être un peu moins surprenante, elle permet à l'auteur d'aborder de parfaite manière l'horreur de la prostitution d'enfants, via des répliques bien huilées sur fond de dessins sans concession, choquants, mais évitant tout mauvais goût (à ce titre, la fin du chapitre 49, celui qui ouvre ce tome, est sans doute l'un des passages les plus terribles et puissants que l'on ait pu croiser, tous mangas confondus). Arai nous envoie à la figure une nouvelle facette des horreurs de la société, que Ki-itchi va à nouveau tenter de contrer, en compagnie de Kai et de ses conseils.
Une chose frappe : Ki-Itchi a évolué. Pas du côté de son sens inné de la justice, toujours présent envers et contre tout, mais plutôt dans sa façon d'appréhender les autres. Ainsi, celui qui ne voulait pas se mêler aux autres laisse désormais Kai l'approcher. Quant aux malheurs de Misato, il essaie volontiers de les éliminer, mais sans s'enfoncer dans son habituel caractère extrême : tentatives de dialogue avec le père, discussion avec la police pour tenter de régler les choses sans que Misato n'ait à en souffrir encore plus... la façon qu'a Ki-itchi d'aborder les problèmes est plus nuancée qu'avant. Même si son caractère, lui, reste intact. Ki-itchi n'aime pas les faiblesses de Misato, s'énerve toujours en les voyant - ce qui ne manquera pas de créer quelques scènes émotionnellement fortes, qui ont également le mérite d'afficher chez le lecteurs un profond malaise face à l'amour que la fille porte malgré tout à son paternel - mais ne perd jamais de vue son sens inné de la justice.
Dans ce monde de tarés, Ki-itchi suit sa route, évolue, et tente désormais de faire évoluer les autres. Le gamin qui a vu s'abattre devant lui tant de malheurs est devenu quelqu'un de juste, toujours caractériel mais juste, et sur lequel les victimes peuvent désormais s'appuyer. Du haut de ses dix ans, le gamin paraît fiable, capable de faire bouger les choses, mais rien n'est gagné, les mensonges du monde des adultes - aussi bien les bourreaux que ceux n'ayant pas la force de se dresser contre les injustices - continuant de pleuvoir comme autant d'images nauséabondes de notre société.
Difficile de ressortir indemne de ce volume, où Hideki Arai nous envoie plus que jamais à la figure les horreurs de ce monde, et nos faiblesses qui en découlent.